vendredi 17 avril 2015

Mentalisme : La caractérologie

Issue des travaux de Carl Jung (voir l'article sur les biais de confirmation), la caractérologie est l'étude de la personnalité.
C'est une branche de la psychologie qui s'appuie sur des analyses statistiques d'observations des réactions d'individus face à une situation "hors normes".
Face à une situation donnée, tous les individus auront des réactions différentes. Mais ne pourrait on pas distinguer sous cette apparente anarchie de réactions des fils conducteurs communs pour analyser les individus et les "classer" en fonction de leur type de personnalité ?
Vous vous doutez bien que la réponse est "oui", sinon, je n'aurais pas pris la peine de commencer à écrire cet article.
On peut isoler des archétypes de comportement. Ce sont des français, des philosophes, René Le Senne et Gaston Berger qui ont créé pour l'un et développé pour l'autre ces concepts d'analyse des caractères qui forment la personnalité de l'individu.

On plonge dans le vif du sujet

Dès le départ, 3 axes ont été retenus pour caractériser l'individu. Il faut savoir que le caractère de la personne reste stable durant toute sa vie, même si certains épisodes de la vie donnent des réactions hors cadre par rapport au caractère déterminé pour un individu.
Chacun de ces axes, fait apparaitre 2 directions : soit une caractéristique (qui caractérise cet axe) est présente, soit elle est absente. Monsieur de La Palice n'aurait pas dit mieux.

Ensuite, en fonction de la présence ou de l'absence de ces caractéristiques, on établit un arbre des possibles qui aboutit à la caractérisation de chaque personnalité.
C'est compliqué ? oui, sans doute, mais je vais expliquer concrêtement cette notion.
Les 3 axes d'analyse sont : l'émotivité, l'activité et le retentissement.
Ne partez pas en courant, vous verrez que c'est très simple.

Par exemple, pour la première caractéristique (l'émotivité), vous avez deux valeurs. Soit la personne est émotive, soit elle est non émotive. Revoila Mr de La Palice.

Pareil pour l'activité, qui donne Actif ou non-Actif. Pas besoin d'explication supplémentaire, les mots parlent d'eux-mêmes.

Pour le retentissement, par contre, vous avez Primaire et Secondaire. Là il y a besoin d'explications.
Le retentissement est la vitesse de réaction et son intensité.
Un Primaire (aucune notion péjorative là dedans) réagira violemment et immédiatement. Par contre, il oubliera très vite sa réaction.
Un Secondaire récupérera l'information, l'analysera et la digérera. Il n'y aura que très peu de manifestation de l'impact que les circonstances lui ont donné. Vous ne verrez quasiment rien, car il ne réagit pas, il digère... Par contre, il a la mémoire très longue : "Souviens toi du vase de Soissons".

Chaque individu est donc classé par la présence ou l'absence de ces 3 caractéristiques de base (il existe des tests d'une centaine de questions pour déterminer votre caractère, les commerciaux le savent bien, car ils sont obligés de connaitre leurs types de réactions pour mieux contôler les situations de vente).

Un rapide calcul mathématique, vous indique donc qu'il existe 8 possibilités et donc 8 types de personnalités différentes.

Les 8 types de personnalités

Quand vous lisez un roman, l'auteur bien souvent, lorsqu'il décrit un personnage, écrira, "il était colérique" ou bien "c'était un flegmatique".
Vous lisez et vous imaginez bien le personnage, mieux qu'une description précise de ses réactions. Eh bien, vous êtes au coeur de la caractérologie.
Les caractères sont notés de la façon suivante Emotif (E) et non Emotif (nE). Pareil pour l'activité Actif (A) et non-Actif (nA).
Il y aura ensuite P pour Primaire et S pour Secondaire.

Voici, de façon mathématique les 8 types de personnalités auxquels vous aurez affaire et chaque individu sur terre, peut être répertorié dans un de ces types :
  • E - A - P : émotif - actif - primaire = "colérique" (ou "actif exubérant") ;
  • E - A - S : émotif - actif - secondaire = "passionné" ;
  • E - nA - P : émotif - non actif - primaire = "nerveux" ;
  • E - nA - S : émotif - non actif - secondaire = "sentimental" ;
  • nE - A - P : non émotif - actif - primaire = "sanguin" (ou "réaliste") ;
  • nE - A - S : non émotif - actif - secondaire = "flegmatique" ;
  • nE - nA - P : non émotif - non actif - primaire = "amorphe" ;
  • nE - nA - S : non émotif - non actif - secondaire = "apathique".

Des successeurs de ces deux hommes ont introduit 2 nouvelles notions : le premier est une attitude (Agressif / Séducteur), et le second est la "Largesse d'Esprit" mais pris dans le sens de l'examen des situations de façon Analytique ou Synthétique.
Le philosophe Alain avait qualifié l'attitude de "logique militaire" pour une attitude agressive et de "logique du commerce" pour une attitude séductrice.
Pour ce qui est de la "largesse d'esprit", effectivement tout le monde a un mode de fonctionnement du raisonnement logique, et donc une appréhension du monde plutôt synthétique (la forêt lui cache l'arbre) ou analytique (l'arbre lui cache la forêt).
Ce deux notions peuvent servir dans le cadre du développement personnel pour corriger vos attitudes (oui, il faut un cerveau à la fois capable d'analyser ET de synthétiser), du moins en apparence, mais pour une utilisation en mentalisme, la première typologie suffit à prendre ses repères.

Utilisation pratique

Comme toujours à quoi sert la théorie, sans pratique ? A rien. Voyons donc la pratique...
Vous avez un entretien avec un personne. Elle se classe forcément dans un des 8 types ci-dessus. Vous avez 3 caractéristiques à régler et à répertorier chez votre interlocuteur.

L'émotivité est facile : soit ses pensées se lisent sur son visage et vous avez affaire à un Emotif (il rougit facilement, il bégaie d'émotion pour les cas extrêmes) et s'il a un visage de marbre, c'est un non Emotif.
Pour ce qui est de l'activité, là encore, c'est assez facile : l'action suit la décision sans temps mort.... vous avez affaire à un Actif. S'il tergiverse, et retarde le moment de passer eux actes, etc.... c'est un non Actif.

Mais la frontière est plus délicate, car le fait que la personne soit Primaire ou Secondaire peut troubler ce caractère. comment savoir si l'action est dictée par l'activité ou par la "primarité" ?
Enfin, pour déterminer un caractère Primaire ou un Secondaire, il faut voir son temps de réaction. Le Secondaire analyse la situation et sélectionne une réponse appropriée mais logique.
Il y a donc un léger temps mort, le temps que le cerveau choisisse la réponse adaptée, un peu comme dans le film "Terminator", où le robot sélectionne sur l'écran la réponse adéquate avant de la faire "en direct".

Le Primaire réagit violemment et en instantané. A part gérer sa crise sur le moment, il est inoffensif. Le Secondaire, lui a une mémoire plus longue et "digère" les informations. Vous n'aurez pas de réaction instantanée, mais sachez qu'il a bonne mémoire si vous lui faites une crasse. Il saura s'en souvenir.

Imaginez une conversation ou une négociation avec un flegmatique.
Il est non Emotif. Il ne vous indiquera rien de ce qu'il ressent, en bien ou en mal. Vous n'aurez pas de repères pour vous caler.
Il est Secondaire, il va donc prendre le temps de vous écouter afin de bien digérer les informations et sélectionner la réponse appropriée.
Il est Actif, ce qui veut dire qu'une fois la solution sélectionnée, il passera sans attendre à l'action.
Evitez de vous en faire un ennemi, car il a la mémoire longue et vous ne saurez jamais ce qu'il pense... sachant que passer à l'acte ne lui fait pas peur...

Inversement, imaginez la même chose avec un Nerveux (Emotif, Non Actif, Primaire).
Il est Emotif : en permanence, vous lirez ses émotions sur son visage. Nous reparlerons des émotions une prochaine fois.
Il est Primaire, autrement dit, il va vous livrer sa pensée de façon brute, mais sincère. Vous saurez en permanence ce qu'il pense.
Enfin, étant non Actif, avant qu'il passe aux actes, vous avez le temps de vous retourner avant que les choses se mettent en place.

Il est évident que j'ai pris deux cas diamétralement opposés pour bien vous faire toucher du doigt la réalité de ces typologies.
Vous comprendrez aussi que vous devrez jouer sur les mêmes registres qu'eux pour arriver à communiquer efficacement et à gérer la situation au mieux des intérêts de tous.
Quand vous avez affaire à un Emotif, tenez compte des émotions affichées pour votre comportement et votre discours. Si votre interlocuteur est indisposé, ce qui se verra immédiatement, changez d'attitude ou de discours.
Pareil pour les autres caractéristiques, adaptez vous à la situation. Oui, c'est le commercial qui parle....lol
A vous de faire vos propres expériences, mais sachez que le Flegmatique est de loin, le plus difficile à gérer....

Ce qui est remarquable

Amusez vous à "radiographier" votre entourage, et vous verrez les types ci-dessus émerger puisque maintenant vous savez les voir.
Vous les verrez évoluer devant vous et avec un peu d'expérience, non seulement, vous apprendrez à les distinguer très rapidement, mais vous allez pouvoir devenir prédictif quant à leur comportement.
C'est du mentalisme ou pas loin...

Mais ce paragraphe s'intitule "ce qui est remarquable".... Qu'est ce qui est donc si remarquable que cela ?
Tout simplement qu'au fur et à mesure que vous acquerrez de l'expérience, vous verrez le gouffre qui sépare 2 comportement de la liste ci dessus alors qu'une seule caractéristique les sépare.
Comparez un Flegmatique avec un Sanguin. Relisez un roman d'Agatha Christie qui utilise souvent ces deux termes pour caractériser psychologiquement ses personnages ;-) .
Vous verrez un gouffre entre ces deux comportements alors même que seule une des 3 caractéristiques diffère.
C'est impressionnant. Une seule caractéristique est modifiée et pourtant les 2 caractères (qui sont similaires par ailleurs) sont radicalement différents.

Personnellement, je n'utilise pas les caractéristiques qui ont été rajoutées par la suite. Je pense qu'elles sont plus utiles pour la personne elle-même et donc à réserver pour des trainings de développement personnel.
A vous de voir, si vous souhaitez inclure ces caractéristiques pour votre analyse, qui comportera alors 16 types (8 multiplié par la largesse ou non largesse, soit 2 possibilités).
Je ne pense pas qu'elle ait son utilité sur le terrain. Par contre, les termes utilisés pour nommer la typologie du caractère vous aideront à mieux comprendre la personnalité des 3 premiers.
Ainsi le Flegmatique (n'allez surtout pas croire que je leur en veux... ils ont la mémoire longue ... ;-) ), sera soit un "intuitif", soit un "analyste".
Autrement dit, il va connaitre ses réponses et adapter son comportement, soit de façon "intuitive" car il a un esprit de synthèse, soit de façon "analytique", car il privilégie l'analyse rationnelle du problème....



Maintenant, c'est à vous de jouer. Vous avez l'outil, ou plutôt l'instrument. A vous de faire vos gammes.
N'hésitez pas à commenter ou à vous exprimer sur ce sujet.






jeudi 16 avril 2015

Ne soyez pas manipulables : Les biais de confirmation

Que l'on prenne l'Atlantide, ou le Saint Suaire de Turin, depuis des dizaines d'années, les participants aux débats se classent en "pros" ou en "antis".

Chacun campe sur ses positions et développe des trésors d'ingéniosité pour faire accepter sa version par le clan opposé.
Cherchez sur Internet : vous avez les défenseurs et les prosélytes du sirop d'agave et de ses effets bénéfiques sur la santé.

Imaginez alors ce que les querelles peuvent donner sur des sujets beaucoup plus sensibles tels que le Saint Suaire (nous en reparlerons dans un futur billet), avec toutes les implications que cela comporte...

Si vous voulez rire de ces prises de positions tranchées, allez voir sur le site "le Gorafi" l'histoire de la demi-crêpe et la tempête médiatique indignée que cette "blague" a soulevée.
Pour rire, car le Gorafi est un site parodique, très pince sans rire, et ils ont publié un texte intitulé "Obésité, la commission européenne souhaite diviser par 2 le diamètre des crêpes bretonnes". 

Google est votre ami.
Lisez l'article pour le fun, puis allez lire les commentaires. Beaucoup ont compris que le texte était parodique, mais certains sont malheureusement très sérieux. Et on ne parle que de crêpes, si j'ose dire et j'espère que mes amis Bretons (et Normands, je ne veux me mettre personne à dos) me le pardonneront... lol

De fait, les Humains ont tendance à prendre fait et cause pour certains sujets qui leur tiennent à cœur, et par là même ils perdent leur objectivité. Déjà que nous ne sommes pas très objectifs en règle générale...
Mais d'où nous vient cette tendance à ne pas être si objectifs que cela, tout en se réclamant en même temps, très rationnels ?

Les biais de confirmation


C'est tout simple. Lorsque vous croyez fermement en quelque chose, vous "truquez" involontairement le résultat des expériences afin de prouver que vous avez raison...
On voit la réalité à travers le prisme de sa croyance. Ce n'est pas forcément un prisme déformant. C'est un filtre qui "corrige" l'objectivité afin de "voir" rationnellement ce que nos croyances nous suggèrent.
Nous en reparlerons en détail avec l'affaire du suaire de Turin, dit le "Saint Suaire".

Mais le fait est que l'on ne voit que ce que l'on veut bien voir. Un commercial vous dira toujours : "Si vous croyez avoir fait un bon achat, alors, vous avez fait un bon achat. Si vous croyez avoir fait un mauvais achat, alors, vous avez fait un mauvais achat".
Votre perception de la réalité est biaisée. 
Intéressez vous aux casquettes ou aux femmes enceintes, et vous ne verrez plus que cela dans les rues de votre ville.

Les sondeurs aussi connaissent bien ce type de "déviance" lorsqu'ils réalisent des sondages.
Un exemple typique de questionnaire prenant pour cadre l'entrée en guerre des USA lors du second conflit mondial voyait ses résultats varier de façon très importante et donc décisive, selon l'ordre dans lequel étaient posées les questions. Google est toujours votre ami...
On peut donc "orienter" le résultat d'un sondage, tout en donnant l'impression que tout se déroule dans la plus parfaite objectivité. Que l'on va d'ailleurs "mesurer" par le résultat du sondage qui va livrer un résultat biaisé mais apparemment objectif puisque l'on peut donner tous les chiffres factuels de la réalisation du dit sondage : nombre de participants, représentativité de l'échantillon, etc...

Vous pouvez donc donner des résultats bruts, parfaitement valides, les personnes ayant été interrogées selon les "règles de l'art", mais le résultat n'est pas objectif, et bel et bien biaisé pour correspondre à l'attente du commanditaire du sondage.
Toute la difficulté d'éliminer les biais de confirmation repose dans ce phénomène.
Le but du cerveau humain est de réduire le phénomène de dissonance cognitive. Nous y reviendrons dans un prochain billet.

Les conditions de l'expérimentation sont aussi importantes que l'expérience elle-même, ce qui est l'objet d'un champ universitaire précis : la zététique (oui, le nom est bizarre).
Le postulat repose sur le fait que les conditions dans lesquelles se déroulent l'expérience est aussi important que les résultats de l'expérience elle même afin de vérifier qu'aucun biais n'a été introduit dans l'expérimentation pour favoriser tel ou tel résultat, en adéquation avec les croyances personnelles du chercheur.

Prenons un autre exemple désormais connu avec J.B Rhine et le résultat de ses expériences sur la parapsychologie.
Joseph Banks Rhine est un scientifique convaincu de l'existence de la parapsychologie c'est à dire, le paranormal (c'est lui qui a inventé le terme de Perceptions Extra Sensorielles (PES)).

De par sa formation scientifique, il utilise des méthodes d'analyses statistiques pour démontrer "l'existence" de ces fameux phénomènes para-normaux.
Le seul ennui, c'est que ses résultats à lui qui est partisan convaincu de l'existence du paranormal semble indiquer qu'il existe "quelque chose", alors que la même expérience menée par des sceptiques montre qu'en réalité, il n'y a absolument rien.
Pour arriver à "justifier" ses résultats positifs, démontrant la réalité des phénomènes "paranormaux" il a concocté la théorie de "l'effet observateur" : une expérience menée sous l’œil attentif d'un sceptique fait bien entendu échouer l'expérience. Ben tiens...

Le principe scientifique est basé sur le déterminisme : dans des conditions identiques, les mêmes causes, produisent toujours les mêmes effets.... C'est un pré-requis indispensable : l'expérience doit être reproductible pour être valide.

Comme je l'avais déjà cité pour Uri Geller (voir l'article sur la psychokinese ici....), des magiciens de haut niveau comme Gérard Majax (qui est un des membres de l'association de zététique du Professeur Henri Broch) peuvent reproduire les mêmes tours, mais en annonçant qu'il y a un trucage.

Donc on n'observe QUE ce qu'on veut bien observer.

L'utilisation des biais


Le fait est que les biais de confirmation peuvent être utilisés pour justifier à peu près n'importe quoi.
On analyse des faits (par essence objectifs) à travers le biais de nos croyances qui sont des opinions personnelles.

Déjà dans la "Divine Comédie" de Dante Alighieri, Saint Thomas d'Aquin, au Paradis, dit à Dante : "il arrive souvent que l’opinion hâtive ploie d’un côté faux, et ensuite l’affection lie l’entendement", ce qui veut tout dire et cette maxime date de 1321.
Les biais sont donc connus depuis longtemps, et je suis persuadé que si l'on fait des recherches plus loin dans le temps, nous trouverons des évocations de ces biais.

Mais de fait, toutes nos analyses sont déformées par nos croyances. Ainsi JB Rhine qui était un scientifique correspondit longtemps avec Carl Jung, médecin Suisse, le père de l'"inconscient collectif" et lui aussi captivé par le "paranormal".
Nous reparlerons dans un prochain billet de la fameuse synchronicité.

Quoi qu'il en soit, Jung s’intéresse au phénomène des OVNIs et dans un livre de 1958 (Un mythe moderne) et il y mentionne l'importance vitale qu'il y a à analyser autant le témoin que les faits rapportés.

Pour Jung, les OVNIs sont un phénomène à étudier du point de vue psychologique (les OVNIs pullulent pendant la guerre froide, notamment) et donne un véritable sens à notre crédo cité dans l'en-tête : les neurosciences peuvent nous aider à y voir plus clair dans l'étude de l'inexpliqué.
La symbolique des phénomènes inexpliqués a une origine psychologique commune qui repose dans le fameux "inconscient collectif".
Lisez régulièrement ce blog, et nous verrons d'autres aspects des neurosciences et d'autres explications sur des phénomènes dits "inexpliqués".

Vous êtes libres de commenter cet article, n'hésitez pas....




mardi 7 avril 2015

Pourquoi n'y a t il pas de photos sur ce blog ?

Amis de la manipulation, bonjour....

Vous lisez des dizaines de blogs et partout, vous trouvez des photos, des images, des dessins et des couleurs.

Vous suivez des cours de blogging (ou de Webdesign) et on vous y explique comment rendre vos pages attractives, et on vous conseille d'y mettre des photos, des dessins, des images.

Or, sur ce blog qui parle de manipulation, de mentalisme, et autres joyeusetés, il n'y a ... aucune photo.

Le Webmaster serait-il tombé sur la tête ?


Les Copyrights

Les droits de copie. Ben oui, on ne peut pas faire tout et n'importe quoi sur Internet. Les auteurs des textes, images dessins, bref de tous les contenus sont "propriétaires" de leur œuvres. Et on ne peut pas en disposer comme bon nous semble.

Soit vous êtes l'auteur du contenu (en évitant le plagiat, bien sûr), soit vous payez pour disposer des droits idoines pour reprendre les créations des autres.

J'ai lu tout et n'importe quoi à ce sujet sur Internet. Arrêtons les théories fumeuses : soit vous êtes propriétaire de l’œuvre, soit vous payez un droit lié aux copyright. C'est aussi simple que ça.
Par contre, il y a des dizaines de copyright. Voire même des copyleft.

Le but du jeu est donc de se procurer des médias libres de droits. Mais cela je sais faire.
Il y a des années que je travaille dans le domaine de l'informatique et donc, je sais trouver des images, des musiques, des sons ou des vidéos libres de droits.

Alors si je sais trouver comment illustrer mes articles, pourquoi sont ils d'une présentation spartiate, voire minimaliste, sans illustrations ni rien, alors que je vous explique comment communiquer avec vos proches ?


Communiquer ?

Je ne vous explique pas comment communiquer (si, un peu quand même) mais je vous décortique des techniques de manipulation pour mieux vous apprendre à vous en défendre.

Je vous explique de quelle façon la liberté de penser ou d'agir que vous pensez avoir est conditionnée par des éléments extérieurs dont vous n'avez absolument pas conscience, et qui sont des leviers très puissants.

Derrière les choses les plus anodines, il y a des symboles. Et l'homme moderne a perdu la valeur des symboles.

Il est vrai que ce blog pourrait augmenter son audience en ayant recours à des artifices tels que les polices de caractères, des illustrations des propos tenus (en respectant la législation), des jeux de couleurs adéquats, bref, sur la charte graphique du blog.

Je ne le fais pas. Du moins, je ne le fais pas pour l'instant. On vous conseille de faire l'inverse, de privilégier la vidéo, les photos, les dessins et les couleurs, de mettre en valeur votre site, et je reste sur du Feng Shui.

Pourquoi ? Parce que je dois encore vous expliquer beaucoup de choses et notamment l'arc narratif.


L'arc narratif

C'est un des systèmes les plus simples de manipulation. On va susciter chez vous le besoin de "connaitre la suite". Ce n'est pas le vendeur qui est est demandeur, mais c'est bel et bien le prospect qui est demandeur d'une suite qui va servir à le convaincre lui même du bien fondé du discours du vendeur.
Houlà, quelle phrase compliquée....
Je vais simplifier.

Le but du jeu d'un vendeur est de vous attirer dans un arc narratif. Regardez les publicités actuelles qui vous proposent "poursuivez l'expérience chez vous en suivant" tel ou tel site d'hébergement vidéo sur votre smartphone, votre ordinateur ou votre tablette....

Pourquoi croyez vous que les vendeurs agissent ainsi ? pour vous immerger dans leur produit et vous faire découvrir par vous même et ainsi vous persuader tout seul des vertus de leur produit.

J'ai vu dernièrement une publicité où des explorateurs (extra terrestres ou revenus du futur) découvrent un squelette avec une superbe chevelure gominée alors qu'eux mêmes sont chauves.
La publicité vante les mérite d'un gel fixant pour cheveux.

Voici les ressorts mis en jeu : vous n'avez pas d'autre indication, mais vous allez supposer que les visiteurs viennent de notre futur (interprétation, car rien ne dit qu'ils ne sont pas extra-terrestres). Ce sont des archéologues qui déterrent un squelette (sans tombe ni cercueil) dont la toison est brune (personne encore assez jeune) et parfaitement fixée (le gel est donc de bonne tenue puisqu'il défie le temps et les travaux d'excavation pour mettre à jour le corps : durable et souple).

Sans dire un seul mot, l'agence publicitaire a agi de sorte que vous venez d'intégrer tout seul, toutes ces valeurs attribuées à ce produit.

Mais on va encore renforcer votre conditionnement grâce à un arc narratif.... L'arc narratif inclut votre participation consentante. Et c'est ce dernier mot qui faut toute la différence.


Le conditionnement

On vous propose de suivre la suite des aventures sur le net. Premier avantage pour le fabricant : le coût. Sur le net, l'hébergement de plusieurs vidéos et durant un temps très long coutera une misère en rapport du prix de diffusion d'un spot de 30s à une heure de grande écoute. Mais nonobstant, nous ne parlerons pas ici d'économie.

On va vous immerger dans un univers "de vente" dédié à un produit et votre résistance à l'achat sera amoindrie puisque vous êtes venu volontairement sur le site proposé. C'est vous qui agissez, c'est vous qui voulez connaitre la suite. Une sorte de variante moderne (mais plus vicieuse) du "Yes Set" ou de la méthode Socratique.

En même temps, on peut collecter sur vos, et à l'insu de votre plein gré, tout un tas de renseignements (voir l'article sur la lecture à chaud...) que vous allez donner en toute confiance à une "personne" qui veut tout savoir de vos habitudes de consommation et se faire un plaisir de croiser les données pour analyser la demande qui "suit" son produit. Le marketing sera encore plus (et mieux) ciblé après ça.

En effet, on peut mesurer à partir de quel appareil vous êtes connectés (tablette, smartphone, PC, Mac), dans quelle localité (ou zone géographique encore plus petite) vous êtes, quelles sont les heures auxquelles vous regardez la télé (votre âge), et selon l'heure, la chaine regardée car ils prennent la précaution de passer à des heures différentes selon les chaines en fonction des habitudes supposées de leur cible. 
En sachant à quelle heure passe le spot et sur quelle chaine, le nombre de connexions enregistrés à ce moment là indique qui est devant la télé et sur quelle chaine. CQFD.

Le nombre de connections donne la mesure de l'impact de la publicité. Et elle donnera lieu à des publicités dérivées.

Regardez par exemple le fameux "Wazzzaaaaaa !!!  " d'une célèbre marque de bières américaines et toutes les déclinaisons qui en ont été faites, les parodies, jusqu'à l'inclure dans un film parodique de "Scream" des frères Wyann....


On veut vous attirer

Vous inclure dans un arc narratif vous rend captif d'un nouvel univers. La méthode est ancienne, mais regardez simplement Harry Potter : vous y apprenez un nouveau langage (Moldus, Cracmols, Stupéfix, etc...) qui crée une communauté initiée en marge de la communauté "standard" car les enfants peuvent partager une connivence qui ne se retrouverait pas dans un roman normal : on cherche à obtenir une sorte de communion. Le terme est fort, mais précis.

Vous venez d'entrer dans un arc narratif. Vous êtes pris au piège. On va y stimuler tous vos sens, mais surtout votre imagination, car c'est vous qui faites tout le boulot de conditionnement.

L'arc narratif est repris partout et tôt ou tard, vous allez retomber dessus.

Pour Harry Potter, ce sont les buzz autour des noms de ceux qui vont mourir dans le prochain numéro, les infos au journal télévisé qui parlent du "phénomène" Potter, etc.... et qui contribuent à maintenir un arc narratif fort et à conforter les initiés dans leur endoctrinement et à rameuter de nouvelles recrues qui participeront, toujours de leur plein gré à cet arc narratif. 
Les fameux "goodies" qui ont rapporté une fortune à Georges Lucas, bien plus que les retombées du film en lui-même.

Et regardez le nombre de "balais volants" Harry Potter vendus ces années là aux fêtes de Noël, pour en êtres convaincus (et autres Legos, bouquins de sorts ou de potions, etc....) ....


Ce n'est pas nouveau

Dans "la Poétique", Aristote parle déjà de l'arc narratif dans une histoire comme une succession de passages obligés : montée en puissance, crise, résolution dans l'intrigue principale et le développement d'intrigues secondaires qui vont tenir le lecteur en haleine. Vérifiez la date de naissance d'Aristote pour savoir à quand remonte le principe....

De ce fait, le lecteur est demandeur de la suite. C'est lui qui se convainc lui-même du bienfait de la consommation. Rappelez vous toujours que c'est vous qui êtes acteur et donc le travail pour vous convaincre sera fait par vous.... Jolie manipulation, non ?

La plupart des succès actuels travaillent sur l'arc narratif et sur le "cliffhanger" (on termine le chapitre, la saison, le cycle, sur une question ouverte qui va faire que le lecteur / spectateur est demandeur de la suite : il piaffe d'impatience et est prêt à venir camper devant la librairie ou le cinéma pour connaitre la suite). 

Information qui est bien entendue relayée par les médias, ce qui contribue à augmenter l'arc narratif et à amplifier le phénomène....

Regardez les séries à succès (mentalist (évidemment), mais aussi Kaamelott ou d'autres...). Leur arc narratif est impressionnant. Ils ont développé un véritable Univers, comme l'avait fait Star Wars en son temps. D'où leur succès bien mérité. Alexandre Astier reconnaissait lui même dans des interviews avoir beaucoup appris de cours spécifiques à l'écriture (Google est votre ami). Si vous trouvez la bonne interview, vous verrez que l'on y apprend à développer... des arcs narratifs.

Avec les personnages secondaires et les intrigues secondaires, vous pouvez développer des milliers d'histoires, chacune ayant un intérêt précis ciblé et cohérent avec le reste de l'histoire dans laquelle il s'inscrit parfaitement. La cohérence de l'univers décrit est vitale pour l'arc narratif.

Il y a quelques années, toute la France cherchait qui était John le Rouge. Comme en son temps, tout le monde tremblait de savoir si David Vincent pourrait un jour apporter la preuve de l'existence des envahisseurs. A chaque épisode, il était à deux doigts de réussir, mais... ce serait pour le prochain épisode, et tout le monde se retrouvait, semaine après semaine pour voir si enfin, la preuve que cherchait tant David Vincent existait...


On en revient à la question de départ

Il n'y a pas de photos, ni de contenu interactif sur ce blog pour vous laisser libres de toute interprétation.

Au contraire, je souhaite que vous exerciez votre esprit critique et que vous ne cliquiez pas bêtement sur des photos ou des vidéos mais que vous appreniez à chercher par vous mêmes les informations et à exercer votre sens de la logique et de la déduction.

Forgez vous vous-mêmes votre propre opinion. C'est d'ailleurs une des règles de Gibbs de NCIS.
Ne soyez pas un mouton ... ou si vous l'êtes, soyez le en toute connaissance de cause. Suivez un arc narratif en sachant bien quels sont les risques. Vous ne serez pas immunisés, mais du moins, protégés.

Je n'exclus pas de rajouter tôt ou tard des photos ou des arcs narratifs, mais cela est une autre histoire.
Il vous appartient à VOUS de faire preuve de bon sens et de discernement. On cherche à vous manipuler car un esprit docile est plus facile à tenir en laisse qu'un esprit fort.

Rappelez vous de la devise romaine "Panem et Circenses" (Du pain et des jeux (du cirque (celui avec les gladiateurs ou des spectacles))). On n'a pas tellement changé la recette depuis cette époque, mais les instruments actuels sont bien plus performants et rodés et les connaissances en psychologie et en PNL ont fait d'énormes progrès.

On pourrait encore écrire des heures sur l'arc narratif. Ce serait bien inutile si vous avez compris le concept. Faites vous mêmes vos recherches sur le sujet. Restez méfiants et dès maintenant essayez d'identifier les arcs narratifs dans lesquels ont veut vous entrainer. Si déjà vous arrivez à les identifier, cet article aura atteint son but.


Vous pouvez laisser des commentaires et vous exprimer (ce qui est aussi un façon de faire pour vous attirer dans mon arc narratif ;-) ).....









La légende du Trésor de l'Eldorado

Tout le monde connait des expressions avec le mot "Eldorado". Par exemple, la Californie est le nouvel Eldorado des firmes informatiques. Le FOREX, nouvel Eldorado des escrocs...
L'Eldorado serait une cité entièrement réalisée en or.

Ne riez pas, l'oncle Picsou y est allé (si c'est pas une référence, ça ? ;-) ), et les rues sont pavées en or. Les dessins sont du génialissime Carl Barks et c'est désormais devenu un classique.
Oncle Piscou et Donald y retourneront sous la plume de Don Rosa.

Bien que ces histoires soient dessinées pour des enfants, la culture de ces deux hommes est époustouflante et ils mélangent avec brio, réalité et fiction pour produire des œuvres uniques et inoubliables.
Ceci étant, revenons à nos moutons, nous parlions de la contrée de l'Eldorado. Est-ce une contrée, une ville ou un homme ?

De fait, qu'en est il de la réalité ? Faisons le point sur cette légende qui a fait courir des milliers d'aventuriers rêvant de richesses infinies.


Un peu d'histoire

Vous connaissez le principe : avant toute chose, on fait le point et on cherche où se situe la racine de la légende. Ensuite, nous verrons exactement de quoi il retourne.

Au départ, toute l'histoire repose sur une erreur. Marco Polo serait allé en Birmanie et aurait vu des pagodes avec des toits dorés qu'il a naturellement appelées les "pagodes aux toits d'or" dans ses récits.
Lorsque Christophe Colomb trouve le Honduras (et pas exactement les Amériques) il croit être arrivé aux Indes, mais en faisant le tour de l'autre coté de la terre.
Les conquistadores partent donc chercher cette "ville en or", située en Inde (pour eux), abusés par l'erreur de Colomb.

Mais il existe un curieux rite chez les indiens Chibcha (en Colombie) : chaque année (d'autres sources disent une seule fois, au moment de son intronisation), leur chef, revêtu de poudre d'or allait s'immerger dans un lac, dans lequel les habitants jetaient un objet en or ou un bien précieux, en guise d'offrande. Etymologiquement El Dorado = Le Doré....
Un peu comme le doge de Venise fallait alliance avec la lagune en jetant annuellement un anneau d'or dedans...

D'où l'explication de l'homme en or (Hé oui, il y a des hommes en or, à part moi) et de la contrée en or. Cette légende serait à l'origine du mythe de l'Eldorado homme ou contrée.
En effet, la découverte de l'Amérique date de 1492. Les conquistadores cherchent déjà l'Eldorado mais ne trouvent les Chibchas qu'en 1536.
La légende ne peut pas être antérieure à 1536... et les Conquistadores cherchaient bien des cités aux toits d'or, qu'ils pensaient être en inde, ce qui explique leur pénétration dans le pays, car ils pensaient que tôt ou tard, ils arriveraient à ces fameuses cités, mais ils ne trouvèrent que l'Océan Pacifique.
Ce qui est déjà pas mal, il faut bien l'avouer...

Juste a titre d'information, une homme recouvert de poudre d'or, au point d'en faire une sorte de peinture, meurt en quelques minutes.
La respiration n'est pas seulement pulmonaire, mais aussi cutanée. La poudre d'or isole la peau de l'air (pores bouchées sur la totalité du corps) et la personne s'asphyxie très rapidement.
Leur village devait être près du lac et les villageois devaient donc faire attention (si cette légende est vraie) s'ils voulaient garder leur chef plusieurs années consécutives...
D'ailleurs si vous regardez les premières minutes de "Goldfinger", 3eme opus de la série James Bond avec l'irremplaçable Sean Connery, vous verrez une jeune fille assassinée à la peinture d'or pour avoir cédé aux avances de James Bond.
Morte par asphyxie.

Pour en revenir à notre Eldorado, les chroniques d'un missionnaire dominicain, Gaspard de Carvajal, ont grandement contribué à l'élaboration du Mythe. C'est d'ailleurs à partir de ses chroniques que le scénario de "Aguirre ou la colère de Dieu" fût réalisé.

Il nous faut aussi citer un franciscain, Marcos de Niza, qui prétendit avoir trouvé en 1539 (soit 3 ans après la découverte des Chibchas), 7 mystérieuses cités d'or.
La principale serait Cibola (découverte par l'oncle Picsou) et ce nom est devenu une référence et a cristallisé l'image de l'Eldorado.
C'est à partir de son récit que s'ancre définitivement le mythe, et de nos jours encore, certaines personnes continuent à chercher l'Eldorado

Encore une fois, il s'agit d'une "quête" de l'Eldorado. On peut se demander si, au delà de la richesse, cette quête n'est pas (tout simplement) celle du rêve....
Car historiquement parlant... rien ne permet de conclure à l'existence d'une telle cité.


Pourquoi toujours l'or ?

C'est une bonne question. mais on peut remarquer une prédominance du jaune chez les amérindiens. Ils adorent le soleil, ils cultivent le maïs (mais si, regardez aussi Pocahontas), ils ont de l'or... et des pommes de terre.
L'or fait fantasmer les humains. On peut parler de sa rareté, de ses propriétés physiques (ductilité, malléabilité, étirement, ...), mais c'est un métal mou qui sert très peu, à part pour confectionner des bijoux pour lesquels ses qualités mécaniques le rendent irremplaçable.
On utilise surtout des feuilles d'or en jouant sur ses propriétés physiques pour l'étirer jusqu'à ce qu'il devienne transparent. Il est ainsi utilisé pour recouvrir les visières des cosmonautes et préserver leurs yeux.
Il est tolérable (en petites quantités) par un estomac humain (oui, on peut manger du métal), et sur certains desserts au chocolat, vous avec une touche de feuille d'or appliquée au pinceau. La classe...
Il a une grande valeur due à sa rareté, et constitue les réserves économiques des pays (je ne vais pas vous infliger un cours sur l'étalon or, ni sur sa parité ancienne avec le dollar, rassurez vous).
D'autres métaux sont plus rares, et donc théoriquement plus précieux et d'autres produits de synthèse peuvent remplacer, et pour moins cher, l'or.

Alors d'où vient cette fascination ?

C'est dans la psyché humaine qu'il faut chercher cette racine. L'or ne fascine pas en lui même, mais plutôt par l'image ou les images qu'il renvoie.
Tout d'abord, c'est certes, la richesse, mais avant tout l'aventure, le plaisir de la découverte, le fantasme.
La richesse s'obtient par le travail (ou le vol, mais c'est une autre histoire et c'est pas glop, pas glop). mais elle est moins porteuse de fantasme que la Découverte de l'Eldorado.
Nous avons la même fascination pour le fameux "cimetière des éléphants" regorgeant d'ivoire, avec le même fantasme à la clé.

Je ne vous parle pas des mines du roi Salomon, qui sont elles aussi, toujours inconnues à ce jour, bien qu'un certain Allan Quatermain.....
Si certains d'entre vous le souhaitent, on peut aussi évoquer le Trésor des Templier, ou celui des Cathares, ou celui de Cartouche, le fameux brigand....

La richesse (en imagination) de ces fables est infinie. Mais toutes comportent les mêmes éléments.
Vous voulez un contre exemple ? Relisez les aventures de Ali Baba. Là encore, un Trésor est à la clé, mais c'est une histoire merveilleuse. On part à la recherche de l'Eldorado, mais pas à la recherche du trésor d'Ali Baba....
Dans le cas d'Ali Baba, on sait que c'est un conte pour enfants. Dans les autres cas, on veut tellement y croire, que....

Dans tous ces cas là, nous avons affaire au même schéma qui est aussi celui qui pousse les gens à jouer à la loterie : l'enrichissement immédiat, et la possibilité de vivre une vie de rêve.
De rêve ? On peut se poser la question, mais sans souci financier, c'est déjà plus sûr.

Le fantasme réel est celui du Trésor. L'ivresse de la découverte... trouver soi-même ce que tant d'autres ont cherché sans succès.

Le cinéma nous montre des quêtes : Indiana Jones, benjamin Gates pour ne citer que les plus "mainstream". La vraie motivation part de la soif de l'or, mais il y a tant d'autres façons de gagner de l'argent et souvent à moindre effort et surtout à moindre risque...
De fait, l'Eldorado est plus un fantasme auquel on VEUT croire, qu'une réalité.



On va ressortir ce bon vieux Maslow

Oui, et sa pyramide des besoins. ce dont l'Homme a besoin avant tout, c'est de reconnaissance.

Vivre une aventure, ou plutôt, devrais-je dire, une quête, telle que la découverte de l'Eldorado, c'est assumer la part de rêve de l'enfant qui est en chacun de nous, mais c'est surtout et avant toute autre chose satisfaire le besoin de reconnaissance, qui est l'un des derniers niveaux de la fameuse pyramide.
Il peut sans doute permettre aussi de satisfaire le dernier, le besoin d'éternité, en tant que découvreur (oui, je sais, on dit inventeur, ce n'est pas pour rien) d'un Trésor Fabuleux.
Ce n'est pas pour rien, que les alchimistes cherchaient à transmuter le plomb en or. C'est aussi une allégorie qui permet de passer d'un métal vil (courant, commun) à un métal noble (purifié et rare).
C'est une initiation symbolique qui permet à l'individu de devenir une "belle âme".

Que ce soit par l'explication économique ou alchimique ou encore par sa simple humanité et son besoin éperdu de reconnaissance (mis en évidence par Maslow), l'Homme a besoin de ce rêve de l'Eldorado.
Sa quête devient finalement une quête alchimique, où les épreuves subies vont le purifier et où seuls ceux qui en sont dignes trouveront la fabuleuse cité.
Ca ne vous interpelle pas quelque part, ça ? C'est le processus initiatique que l'on retrouve depuis l'antiquité.

Pour les esprits forts qui douteraient de la puissance du besoin de reconnaissance et qui ont un petit sourire en coin, rappelez vous que tout bon manipulateur va jouer sur votre besoin de reconnaissance pour vous faire agir.
C'est une des règles de base de la manipulation des individus. Et c'est un des ressorts les plus puissants de l'action humaine.

Un jour, à l'occasion d'un prochain billet, nous reparlerons des techniques de manipulations, et vous verrez que Maslow et son besoin de reconnaissance arrivent en tête des leviers que l'on actionne pour "manipuler" les individus.
Un exemple ?
Allez acheter une voiture de luxe et demandez le prix du super coupé sport. Il vous le dira, mais il ajoutera toujours une petite phrase assassine (quand on y pense bien) du style " mais personne ne vous regardera de la même façon au volant de ce bijou". Ou diverses variations sur le même thème : "ce n'est pas la voiture de n'importe qui...".
Allez y, faites l'expérience, et vous verrez.

Rappelez vous toujours qu'une personne expérimentée fera appel à votre besoin de reconnaissance, vous vendra du rêve, et que c'est ce même  mécanisme qui vous poussera à croire à l'existence de l'Eldorado.



Donc y'à pas d'or ?

Mais si, il y en a. Des tonnes, même. Mais pas dans l'Eldorado.

Les gisements miniers locaux produisent de l'or et de l'argent en grandes quantités. Ce n'est pas sans raison que l'Espagne envoie des galions (des bateaux ventrus pour ramener en Espagne le plus possible de richesses, mais mal conçus pour la navigation maritime, ce qui explique ne nombre de naufrages et le nombre d'attaques pirates et corsaires) ramener d'immenses richesses de ces terres lointaines.
Encore une fois, l'histoire vient à notre secours (je vous invite à lire la Chasse au Trésor menée par le Commandant Cousteau qui chercha (en vain) l'épave de la "Nuestra Senora de la Concepcion") et nous allons voir que le trésor des Incas n'est pas une légende.

Attention, le terme Inca désigne à la fois le peuple du royaume Inca, mais désigne aussi le souverain. C'est un titre, comme roi ou empereur.

Lorsque l'Inca Huayna Capac meurt, il désigne un de ses fils comme successeur. Or celui meurt d'une maladie contagieuse : la variole.
Deux prétendants (et demi-frères) vont s'affronter pour sa succession et pouvoir monter sur le trône pour régner sur l'empire Inca.

Huascar monte le premier sur le trône, mais sa légitimité est mise en cause par Atahualpa. Leurs partisans s'affrontent et c'est Ataphualpa qui gagne le conflit et monte sur le trône, comme Inca.
Or, les Conquistadores sont là. Ils sont précédés d'une légende (nous en reparlerons) qui décrit des Dieux, barbus (les incas sont glabres), terrifiants (ils ont des chevaux, animal inconnu chez les incas), et brillants (leurs casques et leurs armures les font "briller").
Les Conquistadores décident d'attirer l'Inca dans un piège pour le capturer et mettre un "homme de paille", à leurs ordres sur le trône.

Ils provoquent une réunion pacifique, sans armes, mais rompent la trêve sous un prétexte futile, et capturent l'Inca et massacrent sa suite (20 000 hommes) tous désarmés.
Or Atahualpa commet l'erreur de proposer une rançon en échange de sa liberté.

Dans un premier temps, les espagnols acceptent, et l'Inca leur fait livrer (suivant la légende) 12 tonnes (oui, vous avez bien lu : 12 tonnes... mieux que le Loto, hein ?) d'or et d'argent, en échange de sa liberté.
Mais les espagnols se ravisent : si un homme est capable de faire livrer 12 tonnes d'or sur une simple demande, sa puissance est extraordinaire, et son peuple, totalement dévoué à sa cause et à ses ordres.
Dans ces conditions, si un tel homme décide de reprendre la lutte, ce ne sont pas quelques poignées de Conquistadores qui pourront leur résister...

Ils font donc exécuter l'Inca (qui rappelons-le s'est livré en paix et sans armes) et mettent sur le trône un fantoche qu'ils manipulent.
Le fantoche n'est pas si fantoche que cela puisqu'il se révolte contre ses marionnettistes, mais il n'a aucune légitimité et les divisons internes, les erreurs Inca passées (tous les massacres fratricides et l'exécution de l'élite Inca dans le piège Espagnol) font que la révolte est réprimée, une fois de plus dans le sang....



Que faut il en retenir ?

Tout simplement que le besoin d'appartenance de l'Homme est un des leviers principaux qui le font agir.
C'est ce levier que vont actionner les manipulateurs de tous poils. L'Homme est un animal grégaire : il a besoin de ses semblables pour vivre.
La légende de l'Eldorado fait rêver. En premier lieu par la richesse, mais surtout par la puissance d'évocation qu'elle représente.
Reprenez toute l'histoire de l'Eldorado, vous y verrez que le besoin d'aventure ou de raconter une belle histoire prime sur l'or lui-même.
Car la quête principale de l'Homme n'est pas l'or, ni la richesse. C'est le rêve.
L'or en lui même n'est qu'un instrument (sauf pour l'oncle Picsou) qui permet d'assouvir le rêve.
Et ce type de rêve donne les plus belles légendes.
Celle de l'Eldorado en fait partie.




A vous de vous exprimer et de commenter ce billet.

jeudi 2 avril 2015

Jonathan Creek

Bien, joli titre.... mais qui est Jonhathan Creek ?
C'est le héros d'une série télévisée très peu connue en France, à mon avis à tort.

Jonathan Creek est l'assistant d'un magicien (Adam Klaus), comment dire.... ignoble serait le minimum. Méprisant, vénal, agressif, escroc, bref, le type parfait de l'homme à abattre.

A l'opposé, Jonathan Creek est un introverti, peu sociable, taciturne, qui vit dans un moulin qui tient plus de la caverne d'Ali Baba que du Home Sweet Home si cher aux anglais.
Le moulin a deux étages : au rez de chaussée, l'atelier avec des Vierges de Nuremberg et autres sarcophages Egyptiens. A l'étage, l'appartement de Jonathan.

Par contre, c'est un génie. Il met au point, en coulisse, les "mécanismes" des illusions que va réaliser sur scène Adam Klaus, le célèbre magicien. Il fabrique lui-même les accessoires nécessaires dont il a fait les croquis dans un carnet très précieux (que beaucoup convoitent).
Ses illusions sont parfaitement au point, spectaculaires et assez "gothiques" pour donner un petit cachet macabre à la série. D'ailleurs, le générique n'est autre que la "Danse macabre" de Camille Saint Saëns.

Les titres sont aussi parfaitement évocateurs : The Curse of the Bronze Lamp (La malédiction de la lampe de bronze), The Clue of the Savant's thumb (L'énigme de l'orteil du savant), Danse Macabre (inutile de traduire), etc....

L'ensemble de la série est ironique et désabusé, mais la journaliste fofolle se charge de mettre un grain d'optimiste qui confère un cachet particulier à cette fiction, sans compter l'humour anglais, un tantinet absurde, mais omniprésent.


Pourquoi parler de cette série ?

Tout simplement, parce que Jonathan Creek ne se contente pas d'être un génie bricoleur.
Sa petite amie, journaliste (elle sera remplacée plus tard par une autre petite amie, l'actrice qui tient ce rôle ayant quitté la série pour se consacrer à sa famille), est complétement déjantée, et elle utilise (éhontément ?) ses capacités intellectuelles et créatrices pour l'aider à résoudre ses enquêtes.

Ah ! Donc nous allons parler d'enquêtes ?
Oui, bien sûr, car comme de juste, chaque épisode de la série raconte un meurtre, mais un meurtre impossible à réaliser. La mort de la victime est "magique" et c'est en cela que les capacités de Jonathan Creek sont inestimables.
Il est capable de "voir" et de reconstituer l'enchainement des faits qui éclaircissent ces meurtres inexplicables.

Au passage, c'est aussi une satire de certains types de magiciens qui oublient que leur profession est sensée créer, du rêve, du merveilleux ... bref, de l'illusion et de la magie.
On voit d'ailleurs dans certains épisodes des "tours" dévoilés... ce ne sont pas les meilleurs, je vous rassure...

Et donc ?

Pour illustrer mon propos, je vais vous donner le contexte d'une enquête de la délicieuse journaliste, sans spoiler la fin, mais comme vous vous en doutez, Jonathan Creek trouvera le coupable et l'explication.

L'épisode 2 de la Saison 1 (Jack in the Box) décrit une énigme comme on les aime.
Un vieil acteur Jack Holiday est trouvé mort, une balle dans la tête et un pistolet dans la main dans un abri nucléaire, fermé de l’intérieur. Tout le monde pense bien entendu à un suicide, mais il y a un léger problème...
Jack est paralysé par l’arthrose et ne peut rien faire seul (même pas "éplucher une banane"). Or, il y a un pistolet dans sa main. Si l'on en déduit qu'il s'agit d'un meurtre maquillé en suicide, comment a fait le meurtrier pour s'échapper.

On retrouve les énigmes de notre enfance, avec le "Mystère de la chambre jaune" de Gaston Leroux, mais on y retrouve aussi le "Double assassinat de la rue Morgue" de Edgar Allan Poe, dont nous parlions dans un article précédent. Le meurtre en chambre close.

En fait, on se trouve confronté à une impossibilité. C'est du grand art... qui a dit de la magie ?
Pour bien comprendre, il faut savoir que nous vivons dans l'illusion de nos sens et de nos interprétations de la réalité.
De fait, nous sommes suggestionnables et manipulables.

Ce qui veut dire ?

Ce qui veut dire que nous ne sommes pas à l'abri de prendre des vessies pour des lanternes.
Houdini, grand magicien parmi les plus grands, expliquait que "ce que l’œil voit et que l'oreille entend, l'esprit le croit". Ce fut un des plus grands illusionnistes de tous les temps et il dénonça violemment les pratiques des médiums, en mettant au grand jour leurs "trucs" et autres artifices.

A la mort de sa mère, Houdini voulut entrer en contact avec elle, et fit appel à des médiums. Or, on ne trompe pas un homme comme Houdini.
Il est trop expérimenté et trop critique pour ne pas voir les supercheries et autres biais utilisés par les "spirites".

De fait, en son temps, il a dénoncé les tours de ... mentalisme, non pas en tant que tours, mais en tant qu'exploitation de la crédulité des individus à des fins vénales.

De nos jours James Randi ou l'illustre Gérard Majax ont repris ce rôle de pourfendeurs d'escrocs se faisant passer pour médiums, alors qu'ils appliquent de bonnes vielles techniques d'illusionniste mentaliste.

Pour ces trois illustres personnages, Google est votre ami.

Une coïncidence pas si anodine

Remarquez comme les policiers font référence à l'illusion, comme si un vague cousinage se dessinait.
Columbo, dont j'ai déjà plusieurs fois parlé (lisez les autres article du blog ;-) ), mène plusieurs enquêtes dans le monde de l'illusion. La série "Mentalist", également a pour cadre (dans certains épisodes) le show-biz.

Mais à mon sens, celle qui illustre le mieux, l'interpénétration de la magie utilisée à des fins manipulatoires et de la vie réelle, (et encore plus criminelle) est Jonathan Creek.

Il n'en existe que 5 saisons, mais les épisodes sont réellement bien pensés, en jouant sur le contraste entre Adam Klaus qui montre une incompétence technique notoire, mais dont les équipements conçus par Creek font tout le travail pour lui, et un véritable cerveau analytique qui décode ce qu'il voit et l'interprète correctement.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que la vie n'est qu'une immense scène de théâtre, et qu'il convient de bien comprendre les mécanismes de la manipulation pour (autant que faire se peut) y échapper et conserver une certaine liberté.
Pour cela, intéressez vous au monde de l'illusion et affutez vos raisonnements en exerçant votre esprit critique.
En analysant et en décortiquant toutes les informations qui vous parviennent en vous concentrant sur le factuel, essayez de voir la réalité sous l'apparence.

Sachez enfin que certains travestissent la réalité pour influer sur votre comportement et vos choix. Ils veulent vous manipuler.
Réagissez.

Bref, regardez cette série et faites vous plaisir. Vous ne verrez plus les choses de la même façon après cela...




Maintenant à vous de juger, et de laisser un commentaire pour critiquer ce billet.... C'est à vous....