mercredi 10 juin 2015

Les légendes urbaines

Tout le monde a entendu parler de "légendes urbaines". Dames blanches (non, on ne parle pas de la crème glacée), apparition provoquées par 3 mention d'un nom à voix haute devant un miroir, distributeur automatique qui se renverse sur la personne qui tente de rentrer son bras dans l'appareil pour récupérer sa bouteille, etc...

Le choix est vaste.
Depuis quelques années, c'est un véritable phénomène sociologique, qui se répand en utilisant le plus ancien des réseaux sociaux, et le plus efficace : "le bouche à oreilles".


C'est quoi une légende urbaine ?

Tout simplement une histoire extra-ordinaire, inventée de A à Z, avec une luxe de détails, qui se propage de façon quasiment virale, et qui est racontée comme étant stupéfiante, mais vraie.

C'est une sorte de version moderne des contes et légendes d'antan.
En règle générale, la fin de l'histoire est un twist dramatique.

En fait, c'est la variante institutionnalisée de l'histoire d'horreur le soir, à la veillée au coin du feu quelle que décrite dans l'introduction du film "Fog" de John Carpenter, qui se raconte de jour, sans le décorum qui accroit l'intensité dramatique, mais qui la rend plus dangereuse, car plus plausible.


Vous voulez des exemples ?

Pour commencer une histoire tout simple, et qui a été utilisée par les scénaristes de NCIS au cours d'un épisode de la saison 1, avec un parachutiste nommé "lapin".

Un jeune garçon et une jeune fille sont dans une voiture, et flirtent sous les arbres d'une aire de stationnement qui domine la ville. Les lumières de la ville sont allumées et ils s'embrassent.
D'un coup, la jeune fille tressaille : elle entend un bruit, comme un raclement d'origine indéterminée. Ils regardent tous deux par les vitres du véhicule, devant, derrière, sur les coté...
Rien.
Ils reprennent leurs activités linguistiques et agréables, mais le bruit recommence. Bis repetitat. Rien. Et ainsi de suite pendant une heure.
Au bout d'une heure, folle de terreur, la jeune fille exige que son petit copain l'emmène ailleurs.
Les fins de l'histoire diffèrent, mais grosso modo, le lendemain, en plein jour, les deux jeunes gens retournent à l'endroit où ils étaient la veille, et ils trouvent, sur le parking, un cordon de police.
Un agent les renseigne : un amoureux rejeté s'est pendu de désespoir la veille au soir à une arbre.
L'histoire s'arrête là, mais tout le monde aura interprété que le fameux bruit qui indisposa la jeune fille était provoqué par le raclement des pieds du corps qui oscillait au bout de sa corde sur le toit du véhicule.

Jusque là, on a un bon scénario de film d'horreur. Le fait de prétendre que cette histoire est vraie et même de citer des noms ou des dates, etc... de façon à renforcer la crédibilité de l'histoire, en font ce qui est un légende urbaine.

La véracité des faits devient relative, et tout le monde pense à l'horreur de la situation...


Un autre exemple ?

Les doigts humains découverts dans une boite de sardine. Alors qu'en fait, de nos jours, tout le monde sait bien que si les consommateurs avaient ramené la boite à leur commerçant, on leur aurait donné une autre boite avec de vraies sardines dedans...

Blague à part, ce sont d'excellents scenarii de films d'horreur, ou fantastiques, mais qui peuvent masquer une réalité bien sordide.

Les jeunes gens sur leur parking auraient, dans la vraie vie (comme s'il en existait une fausse !!!), pu être de vraies victimes du tueur du Zodiaque.

Ou être une véritable horreur comme l'exorcisme de Anneliese Michel (Wikipedia est votre ami), une jeune allemande, qui se croyant possédée a fini par périr à cause des exorcismes à répétition pratiqués sur elle. Deux films se sont inspirés de cette bien triste histoire....

Encore un exemple typique de légende urbaine, celui de la jeune femme qui vit seule chez elle. On signale l'évasion d'un dangereux fou psychopathe d'un asile voisin. Elle fait donc coucher son berger allemand devant son lit.
Dans la nuit, un bruit la réveille. Dans l'obscurité, elle tend la main pour vérifier que son chien soit bien là, à monter la garde. Son chien lui lèche la main, ce qui la rassure, et elle se rendort...
Le lendemain, au réveil, elle se rend dans sa salle de bains et constate terrorisée que son chien est égorgé sur le carrelage.... Su le miroir une feuille jaune fluo adhésive, sur laquelle est griffoné un mot donne l'explication : " Les hommes aussi savent lécher....." 
Ta Tzamm (musique dramatique qui conclut la chute de l'histoire....).


Encore d'autres exemples ?

Bloody Mary (une suite de plusieurs films d'horreur) raconte comment une victime de meurtre horrible revient se venger des humains qui appellent son nom 3 fois à minuit devant un miroir de la salle de bains...

Il en existe une version japonaise appelée Hanako San (Wikipedia est votre ami).

Tant que l'histoire demeure un scénario, aucun problème, mais pour en accroitre l'horreur ou la portée, on la transforme en vérité.
Regardez le nombre de personnes qui ont hésité à se baigner en France, après la sortie des "Dents de la mer"....

Sans compter les escroqueries, comme Amityville.... Ou les squelettes de géants d'Arabie Saoudite, qui étaient en fait des trucages photos hyper réalistes pour un travail universitaire de fin d'études.
Nous reviendrons d'ailleurs dans de futurs articles sur quelques-uns de ces sujets....


Une histoire adaptable

Incontournable dans les légendes urbaines (Quel humour !!!), la Dame Blanche....
Je vous fais la version courte.

A l'origine, quiconque voyait la Dame Blanche mourrait immédiatement après sur la route, dans un accident fatal. La Dame Blanche faisait du stop, ou agitait les bras, sans doute pour prévenir les conducteurs d'un danger, mais... pas de chance, le simple fait de la voir était fatal...

Le seul problème dans ce cas, c'était que puisque tout le monde mourrait dans l'accident... comment pouvait-on savoir ce qui s'était passé ?

Aucun témoin, pas de traces, hormis un accident banal.... Comment l'histoire peut elle être connue du public ? Hé bien la légende s'est tout bonnement modifiée...

La Dame Blanche prévient d'un danger. Certains y échappent et d'autres pas... Donc la légende redevient plausible.

Et il en est de même pour toutes les autres légendes : elles sont protéiformes de façon à toujours pouvoir coller à une réalité fantastique....

Un peu comme le virus HIV qui mute pour résister aux anti-rétrovirus.... Une forme de défense directement inspirée de la nature, donc... Très efficace.


L'imagination humaine

Il va de soi qu'au bord de la route, on voit des choses plus ou moins fantastiques selon l'éclairage des phares, les conditions climatiques, etc....

Une publicité en a d'ailleurs fait son thème principal des dangers de la route, vaincus par son modèle de voiture, prouvant indirectement ainsi sa fiabilité et sa sécurité.
Il s'agit de la Citroën C4, équipée de projecteurs au Xénon (publicité de 2012), ce qui explique le thème de l'élimination des dangers de la nuit....

Si vous voulez tout savoir, "La Dame Blanche" est un opéra (non, ce n'est pas qu'une glace) composé par François Adrien Boieldieu en 1825. C'est un opéra comique en 3 actes (l'ironie jusqu'au bout) mettant en scène un fantôme (tiens donc) qui serait la fée Mélusine... mais je ne vous en dis pas plus... Wikipedia est votre ami...

Pour ceux qui ont lu Dracula de Bram Stocker, la Dame Blanche n'est autre que Lucy Westenra, chose qui est confirmée par les enfants qu'elle souhaite vampiriser.
Le thème n'est donc pas nouveau, mais si on la voit beaucoup, la nuit, au bord des routes, il y a peut être un explication toute simple...

Comme le montre la pub, notre imagination "voit" des formes dues à des perspectives.
L'esprit humain est ainsi fait qu'il cherche systématiquement quelque chose de connu dans la chaos qui l'entoure, sans doute par besoin de protection, pour se rassurer.
Mais le fait est qu'il n'y a strictement rien...

Comme dans toutes les légendes urbaines, tout se base sur de l'affect. Des sensations avec une recherche du morbide ou du merveilleux caractéristiques de l'esprit humain.
Nous sommes des humains, nous avons besoin de merveilleux.


Comment démêler le vrai du faux

Tout simplement, ne soyez pas crédules et vérifiez toutes les informations que l'on vous donne. Ne croyez pas les mails affirmant ceci ou cela qui "tournent" régulièrement.

Dernièrement, un mail conseillait de mettre du blanc d’œuf sur des brûlures. C'est totalement inconscient... Ne mettez rien, à part un filet d'eau froide pour calmer la douleur et prévenez les secours.
Au contraire de ce qui est indiqué, l'albumine risque d'aggraver la brûlure et les secours devront nettoyer la plaie avant de soigner... et nettoyer une plaie de grand brûlé le fait énormément souffrir.
Fiez-vous à votre bon sens, et à la logique....

Bref, comme toujours, soyez sceptique et prenez la précaution d'analyser ce que l'on vous dit, et surtout qui vous le dit et quel est le but recherché.

Rappelez vous toujours que le mot le plus important de la langue française (et des autres langues d'ailleurs) est "Pourquoi" ....

A méditer



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