vendredi 14 août 2015

Mentalisme : La combustion Humaine Spontanée et ses répercussions

Tout le monde a entendu parler d'un phénomène bizarre autant qu'étrange : la combustion humaine spontanée.
Des individus que rien ne distingue et qui, subitement, du jour au lendemain, se sont consumés de l'intérieur, au point qu'on ne retrouve d'eux que des tibias et des cendres.
Je dois avouer que, vu comme ça, il y a de quoi avoir peur. Mais encore une fois, qu'en est il réellement ?

La véracité des faits

Une fois n'est pas coutume, pour une fois, les faits sont avérés.
Mais, avant tout, explicitons bien les termes utilisés de façon à bien circonscrire notre propos.
La combustion est un feu sans flammes. Le corps (j'utilise le mot corps de façon générique) brûle, mais sans émettre de flamme.
La combustion humaine indique que ce phénomène s'applique aux corps humains, et spontanée précise que la combustion se déclenche immédiatement (dans le sens premier du terme, sans média), sans cause apparente.
De fait, pour une fois, il existe quelques cas recensés de Combustion Humaine Spontanée (CHS), et l'on a retrouvé des personnes, intégralement consumées, ou consumées partiellement, avec les tibias intacts, alors même que la totalité de leur environnement est préservé du feu : le fauteuil sur lequel elles sont assises, par exemple.
Je place à part, les cas évidents dans lesquels une personne s'est assoupie avec une cigarette non éteinte à la main, la combustion étant une conséquence logique, mais s'effectuant avec flammes et en détruisant l'environnement du corps.

Une fois cela posé, trions le bon grain

De l'ivraie.... Nous nous trouvons, enfin ?, devant un mystère mystérieux.
Là encore, il faut faire preuve de prudence. A coté de ces faits avérés, certains individus ont déclaré avoir été témoins de réelles combustions humaines spontanées, avec flammes.
Pour le moment, ce ne sont que des légendes urbaines (voir le billet sur les légendes urbaines ici....), car aucun cas de genre n'a pu être scientifiquement démontré.
Un seul et unique témoin, pas de victime nommément connue, etc.... Donc ces points là sont sujets à caution.
Il nous faut donc nous concentrer sur ce qui est avéré.

Comment faire du feu

A priori, il faut un silex, une pierre, de l'étoupe...  Non, plus sérieusement, il faut du combustible, du comburant et une température élevée.
Pour qu'un objet s'enflamme, la température doit atteindre au minimum, celle du "point d'étincelle". Il faut donc un point chaud, à une température suffisante. Une cigarette, une lampe puissante, un radiateur rayonnant, une bougie....
Le comburant est l'air.
Reste à trouver le combustible.
Le combustible le plus simple à trouver sur un corps humain, c'est... tout simplement sa graisse.
Le départ du feu doit se situer sur le corps, là où la masse graisseuse est la plus importante. Ce qui pourrait expliquer que les extrémités soient épargnées. Les tibias et les bras contiennent moins de graisse.
De plus se sont des points bas et la combustion a tendance à monter. Si vous tenez une allumette allumée tête en haut, elle va finir par s'éteindre seule.
Faites pareil avec l'allumette dirigée tête en bas, la totalité du bois va s'enflammer. Le feu monte.
Pour que le feu prenne, on utilise souvent un accélérateur. Un alcool ou un produit voisin, le plus volatil possible.
L'exemple de la bougie est excellent : on "voit" comment le processus se passe.
la stéarine est fondue par la chaleur, monte par capillarité dans la mèche et est brûlée par la flamme. Nous avons le même schéma que celui que nous venons de décrire, avec de la graisse à la place de la stéarine.
Reste un éventuel accélérateur à découvrir pour expliquer la totalité de la CHS.

Quelques chiffres macabres

Un corps humain est principalement composé d'eau (70%). Donc, difficile à enflammer.
Mais la graisse, elle, n'est pas uniformément répartie sur tout le corps. Il y a des zones précises où elle a tendance à s'accumuler. Imaginons qu'une partie de cette graisse soit "allumée", et le processus est déclenché.
Pour enflammer de la graisse humaine, la température doit atteindre les 240°C, mais ensuite, un température d'à peine 24°C suffit à entretenir la combustion.
La combustion de notre graisse est exothermique, c'est à dire qu'elle peut entretenir elle-même sa propre combustion, tel que l'a démontré, en 1965, un spécialiste de médecine légale, le Docteur Gee.
Par contre, une température de 1 650°C est indispensable pour la crémation des os.... sinon, il en reste des fragments, alors que dans les cas de CHS, tout est réduit en cendres.
Comment obtenir une chaleur aussi intense ?

L'effet de mèche

Comme les victimes sont assez souvent des femmes alcooliques, pendant longtemps, les théories fumeuses (c'est le cas de le dire) et sexistes se sont taillé la part du lion.
Mais n'importe quel alcoolique ne prend pas spontanément feu. Il faut savoir qu'à 5g d'alcool dans le sang, c'est la mort assurée (quoi que certains cas exceptionnels aient pu survivre avec une telle concentration d'alcool dans la sang).
Autrement dit, il faudrait essayer d'enflammer un liquide contenant 5% d'alcool pour voir dans quelle conditions un feu pourrait partir, sachant qu'un vin de table banal titre dans les 11 ou 12 degrés, soit 11 ou 12% d'alcool.
Avez vous déjà essayé de mettre le feu à du vin de table ? Ce n'est pas gagné....
Même pour flamber des bananes, on est obligé de chauffer l'assiette pour vaporiser un peu d'alcool, et le titre du spiritueux utilisé est bien supérieur....
Donc la cause est ailleurs, et c'est là qu'intervient l'effet de mèche...

Tout commence avec un fait divers morbide : en Provence, des malfaiteurs assassinent une femme lors d'un cambriolage. Pour effacer à coup sûr, leurs traces, ils décident de mettre le feu, et pour ce faire, ils versent du parfum sur les vêtements de la victime, puis y mettent le feu.
Or, les choses ne se passent pas du tout comme prévu, mais par contre, donnent une bonne explication pour la CHS.
L'accélérateur en brûlant, enflamme la graisse et les vêtements, qui se comportent comme une mèche de bougie alimentée par la graisse du corps. Mais il n'y a pas assez d'alcool et les grandes flammes cessent. La température a été suffisante, la graisse du corps s'enflamme, et donc le phénomène est auto-entretenu, toujours en combustion.
La personne brûle donc, exactement comme une chandelle. Mais rien de magique, la dedans, rien que du tragique.

Et les ossements sont consumés. Comment cela est il possible ? Les spécialistes de la crémation considèrent qu'une température de 900°C est suffisante dans ces condition pour tout brûler à condition que le temps de combustion soit supérieur à 1h30mn.
Et bien entendu, cette température peut être abaissée à condition que la crémation dure plus longtemps. Voilà toute l'explication.
Deux documentaires ont été faits sur ce sujet, le premier reprenant les expériences menées (suite au meurtre cité plus haut) sur des carcasses de porc, et le second sur une personne âgée qui revenait d'un feu d'artifice.
ATTENTION : ces documentaires, quoi que fort bien faits, sont assez déconseillés aux personnes sensibles.

Voilà donc toute l'explication, et l'alcool intervient bien dans la CHS, mais de façon détournée : il augmente notablement les réserves de graisse de ses consommateurs, ou bien, la victime est saoule, voire dans un coma éthylique.
Si on reprend tous les cas de CHS, on retrouve toujours ces constantes, à savoir, une personne replète, seule, une flamme vive avec un accélérateur, et des vêtements ou autres qui vont servir de mèche.
De plus dans tous les cas, il y a eu une suie abondante et les locaux étaient fermés. Une fois une grande partie de l'oxygène brulé, la combustion se fait, intense, mais lente, comme avec des braises.
Là, tout s'explique : les petites flammes qui ne mettent pas le feu partout, la zone brûlée, circonscrite à la zone où a été répandue la graisse liquide, en train de brûler, la crémation des os, l'odeur, etc....
La seule chose positive, c'est que le décès est généralement ante mortem. Le corps qui brûle est donc un cadavre (combustion post mortem) et à ma connaissance, il existe un seul cas de combustion ante mortem : celui d'une femme, institutrice, qui est morte dans ces conditions devant sa propre soeur qui n'a rien pu faire que la voir se consumer.


Les théories vaseuses

Ouvrez bien vos mirettes, c'est la valse du portnawak....
Les premières explications concernaient la foudre en boule. A priori, à part dans les BD de Tintin, et devant le Professeur Tournesol, c'est un cas assez rare...
Ensuite, on a évoqué le "suicide psychique". Théorie qui n'était pas des plus farfelues à priori, puisqu'on avait remarqué que ce phénomène touchait en priorité des femmes âgées, isolées et seules. Mais, bon, c'était aussi choisir la voie de la facilité....
Nous avons aussi les cas d'hyperthermie.... généralement ces phénomènes accompagnent des extases mystiques. Ce n'est pas faux, mais de là à brûler un corps humain....
Dans le même ordre d'idée, comme le phénomène est très ancien, on a parlé, en ces époques obscures de "châtiment divin". Il est vrai que lorsque l'on voit ce qui en est dit sur certains sites à l'époque actuelle, on est enclin à la clémence envers nos ancêtres.
Nous avons aussi l'hypothèse de la "Dissolution physique". Sans commentaire.
Il existait une piste sur la maladie de Stevens-Johnson, qui était une intoxication médicamenteuse provoquant des maladies de la peau, dont les symptômes pouvaient rappeler une CHS....
Une autre théorie que je laisserai de coté, c'est celle du "rayon de la mort". Pour ceux qui sont adeptes de cette théorie, je conseillerai la lecture des livres de Jean Ray racontant les enquêtes de Harry Dickson, et notamment "La mystérieuse lueur verte"....
Certains sont même allés jusqu'à inventer une particule subatomique : le "pyrotron" pour expliquer la CHS. Pourquoi faire simple....
Et enfin, trouvé sur le net, je cite (in extenso, fautes d'orthographe incluses) : " L’hypothèse d’une force inconnue.

Dans certains cas connues de trois combustions spontanées ayant eu lieu la même journée, les enquêteurs ont avancé que ce jours-là, une force inconnue aurait planté sur la terre une sorte de Trident aux pointes de feux.".
Je n'ironise pas sur cette dernière hypothèse, le webmaster de ce site a fait un travail remarquable de collation d'information, et cite même des sources. Mais je m'étonne que sa démarche se soit arrêtée en si bon chemin.


L'argument d'ignorance

On revient maintenant dans le mentalisme. Et du mentalisme utile pour éviter de se faire manipuler.
C'est là que nous allons voir certaines notions dont vous aurez besoin pour plus d'objectivité. L'argument d'ignorance parait quelque chose de compliqué, au premier abord, mais en réalité c'est hyper simple.
En droit, on appelle cela la charge de la preuve. C'est celui qui affirme qui doit prouver l'exactitude de sa théorie.
Or, bien souvent, on inverse, à dessein, bien entendu, cette charge de la preuve, et on suppose que tant qu'on ne peut pas démontrer qu'une chose est fausse... elle est forcément vraie.
Prenez toutes les théories (j'allais dire fumeuses) citées au dessus. Impossible de prouver qu'elles ne sont pas véridiques. Mais elles ne sont pas forcément vraies pour autant...
Je prends le dernier exemple du chapitre précédent.
"Dans certains cas connues de trois combustions spontanées ayant lieu la même journée". Quels sont ces trois cas ? S'ils sont connus qu'on les cite...
A la limite, que prouvent trois CHS ayant lieu le même jour, sinon une coincidence ?
Pareil pour les enquêteurs : qui sont ils ? Quelle est leur légitimité ?
Je continue avec la force inconnue, qui est bien pratique. Quelle que soit la catastrophe, vous pouvez toujours invoquer une force inconnue pour tout expliquer....
Et cette force plante sur la Terre, un trident aux "pointes de feux".
Un sacré Trident, alors, d'autant qu'il aurait fallu calculer si le trident aurait été assez régulier pour toucher trois victimes forcément équidistantes les unes des autres, et alignées (par 3 points, il ne passe qu'un seul plan)...

Gardez toujours votre objectivité et votre esprit d'analyse....
C'est celui qui affirme qui a la charge de la preuve et qui doit prouver ce qu'il avance. C'est la système de base en droit, dans tous les pays du monde, dictatures exclues, bien évidemment....
L'argument d'ignorance est une technique de manipulation qui vise à vous faire accroire que si on ne peut pas prouver que quelque chose est faux, c'est forcément vrai. Ne tombez jamais dans ce panneau.


On vous servira le même discours pour les OVNIs

Tous les gourous, patrons de sectes et autres profiteurs, ou de gentils illuminés appliquent consciemment pour certains et inconsciemment pour d'autres.
Le discours sera toujours du style "prouve moi que les OVNIs n'existent pas".
Ben désolé les gars, mais ça ne marche pas comme ça....
Prouve moi que les OVNIs existent, et après je te ferai des excuses. Ceci étant, le fait que l'on ne puisse pas prouver que les OVNIs n'existe pas n'implique pas forcément qu'ils n'existent pas...
Je ne sais pas s'il y en a encore qui suivent, mais si oui, vous avez bien compris le principe.


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