jeudi 25 septembre 2014

Toute la vérité sur les sorcières

Tout le monde sait ce qu'est une sorcière... C'est une vieille femme moche avec un gros nez plein de verrues, un chapeau noir en pointe (biscornu aussi) sur la tête et une robe noire déchirée, qui vole sur un balai en paille pour faire peur aux petits enfants.
Pour ceux qui n'auraient pas cette définition en tête, nous avons aussi Miss Tick, l'éternelle ennemie de l'Oncle Picsou, car elle veut lui voler son sou fétiche pour en faire une amulette de puissance. Elle est déjà plus sexy avec petite robe courte (noire bien entendue et déchirée en bas) et talons aiguilles, sauf que c'est un canard...
Nous avons la gentille sorcière de "Ma sorcière bien aimée", en bonne mère de famille....
Et puis on apprécie les sorcières modèle Morticia Addams (Carolyn Jones dans la série ou Anjelica Houston dans le film) dans "La famille Addams".
Plus près de nous, nous avons Hermione Granger dans la série "Harry Potter". Une adolescente normale, sauf qu'elle est sorcière...

Nos amis musulmans eux aussi ont des problèmes avec les sorciers et / ou sorcières qui invoquent les Djinns. le traitement se fait suivant les règles de leur religion, par la récitation de versets du Coran adaptés au type de Djinn qui provoque le mal. La personne qui lutte contre les Djinns (une sorte d'exorciste) pratique la "Rouqiya".
Dans leur pratique, de nos jours encore, les sorciers existent et ont des pouvoirs réels. Cherchez sur la Toile (google est votre ami) et vous verrez que de très nombreux posts parlent d'envoutement et demandent de l'aide pour s'en sortir.
Pour eux, les Djinns ont pour principal but de provoquer des séparations entre époux et désunir les familles.
Je ne suis malheureusement pas un spécialiste de l'Islam, et donc, je laisserai ce sujet de coté, plutôt que de dire des aneries sans fondement...

Dans l'inconscient collectif, on fantasme plus sur les sorcières que sur les sorciers, celles ci étant plus nombreuses (Claude Seignolle, chroniqueur des légendes du terroir au XX eme siècle, a lancé le chiffre sans fondement de mille sorcières pour un sorcier, en précisant tout de même que ce chiffre devait être très exagéré), mais surtout plus "sexy"...
Mais plus globalement... c'est quoi une sorcière ???

Comme toujours, un peu d'histoire

Les sorcières ont de tous temps existé...
Techniquement, un sorcier (ou une sorcière) est un "diseur de sorts". Un augure, un devin, bref, une personne en "communication" avec un "autre monde" (l'au-dela pour faire simple).
Il peut techniquement influencer les forces de la Nature, mais là, on se trouve à la limite entre sorcellerie et chamanisme...
On en trouve dans toute l'Antiquité, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, on en trouve en bonne place dans la Bible.

Les sorcières dans la Bible

Le futur roi Saul, sur les recommandations de son serviteur va consulter un devin qui n'est autre que le prophète Samuel qui lui conférera la royauté. Visiblement, consulter des devins ne lui pose aucun problème.
Mieux, avant la bataille contre les Philistins au cours de laquelle il mourra, il consulte la sorcière d'Endor, pour invoquer l'esprit de Samuel, défunt.
Ce qui est amusant c'est que la Loi proclamée par Saul punit de mort la sorcellerie et tous ceux qui s'y adonnent. Saul a lui-même fait exécuter des sorciers et des devins. il y a recours lui-même. Un symbole ?

Finalement, après moultes supplications, la sorcière finit par invoquer l'esprit de Samuel qui ne fera d'autre prédiction que la mort de Saul au cours de la future bataille.
Cet épisode, bien que très court et peu marquant dans la Bible soulève un nombre incroyable de questions théologiques.

Les sorcière Antiques

Il y a cependant une pratique courante de la sorcellerie dans l'Antiquité. On le sait, en examinant les textes de Loi, qui stipulent que "les devins, les enchanteurs et ceux qui font usage de la sorcellerie à de mauvaises fins, ceux qui évoquent les démons, qui bouleversent les éléments, qui, pour nuire, emploient des images de cire, seront punis de mort.".
Cela remonte à environ 450 ans avant JC. Difficile d'être plus clair, et il suffit de lire ce qui est interdit, pour savoir... ce qui est pratiqué...
Et là, on est pas dans l'échelle confidentielle, il semble bien que le phénomène soit courant.
Horace évoque la sorcière Canidia qui vit avec ses consoeurs sur une des collines entourant Rome (l'Esquilin) et "parle avec les morts".
Il s'agit donc de "médiums" qui pactisent avec des "forces" inconnues.

Les premiers interdits

Par contre, en 1326, après Clovis (Roi de France, initiateur de la Loi Salique) et Charlemagne (dans son code), le pape Jean XXII par bulle pontificale déclare que les sorciers pactisent avec le diable.
Auparavant, la chose était encore nébuleuse, mais à partir de cette date, la chose est entendue... La "Chasse aux Sorcières", dans son sens premier commence.
Il est à noter lors de ces persécutions, on considérait que comme les hommes pouvaient devenir prêtres, mais que les femmes ne le pouvaient pas, elles avaient de plus grandes chances de devenir des prêtresses de satan.
De nombreuses pauvres femmes furent exécutées pour ce motif.
Seulement voila, comment savoir reconnaitre une sorcière ?

Le Malleus Maleficarum

Très simple : deux inquisiteurs dominicains (Heinrich Kramer et Jacob Sprenger) écrivent le "Malleus Maleficarum" (Marteau des sorcières), un véritable "Traité de sorcellerie". Sorte de synthèse des croyances et de ce qui était entendu au cours des différents procès, c'est aussi un support théologique pour l'accusation.
Ce traité est un outil pratique pour appliquer la Bulle apostolique "Summis desiderantes affectibus" en 1484, qui établit dès lors l'existence de la sorcellerie.
On passe d'un médium qui communique avec les morts dans l'antiquité à un invocateur qui pactise et qui se concilie des puissances occultes et démoniaques, dans l'espoir d'en retirer un bénéfice matériel.  
Le véritable problème est que les aveux de sorcellerie sont recueillis sous la torture ou par le tromperie. Mieux, pour être sûr d'être exécuté rapidement au lieu de mourir de mort lente au fond d'un cul de basse-fosse ou sous la torture, des "sorcières" avouent les crimes les plus horribles et en rajoutent pour mettre fin à ce cauchemar...
Ce qui fait qu'un véritable vent de folie s'empare des tribunaux chargés de juger les coupables (car ils trouvent peu d'inncocentes) : on est de part et d'autre dans la surenchère la plus totale.
Une pauvre femme est brûlée vive car elle est accusée d'avoir "regardé d'un mauvais oeil" un homme qui a ensuite trébuché et s'est cassé la jambe...
Pour la plupart c'étaient des herboristes / guérisseuses, quelques fois des cas psychiatriques, ou même parfois simplement des femmes honnêtes qui avaient refusé des avances déplacées...et dont on se vengeait
Le diagnostic était simple. Rappelez vous vous souvenirs d'école : on jetait la pauvre femme à l'eau, pieds et poings liés et si elle se noyait (ce qui arrivait à chaque fois) elle était innocente. Morte, certes, mais innocente du crime de sorcellerie, ce qui change tout...
Il existait d'autres méthodes tout aussi débiles les unes que les autres, pour prouver de façon "scientifique" la chose...
Par exemple, l'insensibilité à la douleur : on piquait la personne avec une aiguille retractable dans un manche pour voir si elle saignait ou éprouvait une douleur... Ou mieux, si elle était marquée par le diable : cicatrice, verrue, grain de beauté, etc....
Dans l'esprit populaire, le diable "marque" son pacte en scarifiant le coté gauche de la sorcière avec ses griffes... Le tout est de trouver une marque...

Le décorum

C'est à cette date que se forge collectivement l'idée du "sabbat des sorcières" et l'idée qu'il existe une sorte de société secrète et organisée des sorcières, d'obédience sataniste. Ce qui n'a jamais été le cas, du moins à cette époque...
Les premières "communautés" faisant référence au satanisme sont toutes contemporaines.

Bien entendu, des esprits "normaux" (je le préfère au terme de "rationnels") s'émeuvent de la chose et on arrête de chasser les sorcières.... en 1800
Pour ceux qui veulent comprendre le mécanisme avec une bonne dose d'humour, je conseille le film "Sacré Graal" des Monty Python. Vous y verrez un procès de sorcière qui serait marrant s'il n'était la parodie de ce qui s'est passé dans la réalité...
Cette persécution misogyne contre les femmes fera que les sorcières deviendront l'emblème des féministes des années 70.

Ce qui nous amène à parler du plus retentissant procès de sorcières : "les sorcières de Salem".


Les Sorcières de Salem

La chose se passe dans le Massachussets, en 1692. Les juges sont des Puritains (une branche des Protestants), et les faits se passent aux futurs Etats Unis, cela donne une idée de l'ampleur du phénomène.
Il s'agit d'un procès bidonné d'un bout à l'autre qui a quand même fait vingt-cinq victimes, toutes innocentes... sans compter les répercussions sur toutes les familles de la région.
Ce procès mené dans la ville de Salem (d'où le nom des Sorcières de Salem) a marqué les esprits et a eu des conséquences incroyablement importantes sur de nombreux plans. C'est à ce titre qu'il nous faut le décortiquer.
Comme toujours, reprenons les faits.

Une histoire d'orthodoxie religieuse

Tout commençe par l’arrivée du révérend Samuel Parris, accompagné de sa femme, de sa nièce, Abigaïl Williams, et de sa fille Elizabeth (surnommée Betty) dans un village proche de la ville de Salem (Danvers).
Le pasteur emploie deux domestiques (ou plutôt esclaves ?), John Indian et sa femme Tituba.
Tituba était d'origine amérindienne. Cette précision est importante pour la suite (et la compréhension) du récit. Tituba pratiquait la sorcellerie. Elle était adepte du culte Vaudou et racontait des histoires impressionnantes aux deux jeunes filles agées alors de 9 ans pour Betty et 12 ans pour Abigail.
De nos jours, le culte vaudou est toléré par l'église catholique (depuis 1950), mais à l'époque il était considéré comme satanique.
Un jour, Betty (rapidement suivie par sa cousine) se mit à adopter un comportement étrange. Elle fut régulièrement prise de convulsions, se mit à parler (et à insulter son entourage) dans des langues inconnues (le "parler en langues" de la Bible), bref, à avoir un comportement incohérent, dément (Google est votre ami).
Pire : d'autres jeunes filles se mettent à suivre le même comportement. Les médecins appelés au chevet des malades y perdent leur latin (c'est le cas de le dire ;-) ) et concluent à un cas de possession démoniaque.

Les faits sont extra-ordinaires

Dans ce contexte, le révérend Parris apprend que Tituba a préparé un "Wishcake" pour un chien en espérant que celui-ci lui montrera qui a "ensorcelé" les deux filles, ce qui le rend fou de rage.
Les filles finissent par avouer qu'elles organisent des réunions avec Tituba, au cours desquelles elles font des rituels magiques et Tituba leur prédit l'avenir. Mais elles denoncent aussi deux pauvres malheureuses de mauvaise réputation.
L'affaire des "Sorcières de Salem" vient de commencer...
Dès que les filles dénoncent Tituba (et les autres malheureuses), le révérend la rosse jusqu'à ce qu'elle avoue ses pratiques déviantes.
Entendue par les juges, Tituba avoua avoir pactisé avec le diable.
Pour éviter la corde, elle dénonça d'autres personnes et fut jetée en prison. Mais lorsque le procès fut enfin fini, elle revint sur ses aveux et se rétracta.
De délation en dénonciation, on retrouve rapidement 80 personnes inculpées de sorcellerie. Certaines meurent en prison. Un femme accouche mais sa fille ne survit pas aux conditions de détention, bref, c'est l'horreur pour ces femmes.
La folie devient contagieuse : on voit des sorcières partout et dans tous les villages autour de Salem. Des hommes sont eux aussi dénoncés comme sorciers.
Bref, c'est une hystérie collective qui s'empare de la région et provoque la mort de 19 personnes par pendaison : 6 hommes et 13 femmes.
Absurdité : un des hommes pendus est un ancien policier qui refuse d'arrêter de nouvelles prétendues sorcières sans preuve, et un autre est prêtre.
Pire, un homme, pensant que tout est joué d'avance, refuse d'être jugé et de devoir se défendre contre les accusations de sorcellerie : il sera condamné à une torture horrible : la "peine forte et dure". Cela consiste à l'allonger sur le sol et à placer une porte sur lui.
Puis on empile des pierres jusqu'à ce qu'il avoue ou meure. Le pauvre homme mettra 3 jour à succomber, en refusant obstinément de présenter sa défense (Google est votre ami).

Le retour du bon sens

Le procès a un tel impact sur la vie de la région que tout part en déshérence au point que la survie économique de la communauté est menacée.
C'est finalement le Gouverneur Royal du Massassuchets (Sir William Phips) qui mettra un terme à cette folie meurtrière (à son retour de guerre contre les indiens, son intérim ayant été assuré par William Stoughton, un homme dur et impitoyable) et qui justifiera cet arrêt en écrivant qu'il vaut mieux "que dix sorcières suspectées puissent échapper, plutôt qu'une personne innocente soit condamnée".
Enfin un homme de bon sens... d'autant que sa propre femme a été dénoncée et accusée d'être une sorcière...
Finalement tout sera arrêté, car la folie a été poussée à l'extrème : des "sorcières" ont dénoncé leurs propres parents, d'autres ont dénoncé leurs juges (ce qui pose problème, car ils sont sensés être protégés par Dieu, pour rendre un verdict équitable) qu'elles voyaient aux cours de sabbats, etc...
A la fin de l'année, les jurés reconnaitront (enfin ?) publiquement avoir tué des innocents et demanderont pardon de leurs actes.

L'horreur pure (la vraie)

Le plus horrible de cette histoire ? Il est encore à venir.
En 1693, la Cour Suprême acquitte tous les accusés. On libère 150 personnes encore sous les verrous.
Voici le fin mot de l'histoire : une des deux fillettes avouera quelques temps après avoir fait tout ça "pour se divertir" et qu'elle s'était "bien amusée".
D'ailleurs, elles simuleront des crises d'épilepsie devant le tribunal pour "démontrer" que telle ou telle prévenue est une sorcière. Les gens ne sont pas forcément dupes, mais veulent tellement y croire... qu'ils prennent celà pour argent comptant...
Une accusée le fait d'ailleurs remarquer au jury, on se moquant de la fille qui simule devant eux... mais rien n'y fait, les jurés sont tellement obsédés par leur Mission, qu'ils passent...
Sacré bilan, pour un simple amusement... On en finit par se demander si ce n'est pas là, la vraie sorcellerie de l'affaire...
De ce fait, Samuel Parris est considéré comme le principal responsable de toute cette affaire, au point qu'il devra quitter la prêtrise.

La communauté puritaine subira d'ailleurs le contre-coup de ces évènements de plein fouet et son influence sera énormément amoindrie, et les leçons qui seront tirées de cette affaire conduiront plus tard aux principes fondateurs des Etats Unis d'Amérique.


Peut-on tenter d'expliquer toute cette horreur ?

On peut toujours essayer, mais seule l'idiotie humaine peut donner une idée de l'infini...
Il faut comprendre le climat dans lequel se passent ces évènements. Nous sommes en présence d'une petite communauté, ayant une spiritualité très contraignante (il y a énormément d'interdits sur tout).
Autour de Salem, il y a un choix à faire : se rallier à Salem et bénéficier de retombées économiques importantes, ou choisir l'autonomie et se priver d'une certaine aisance.
Dès son arrivée, Parris prône l'idépendance car la recherche de richesse est un pêché pour les Puritains, mais compte sur la communauté pour l'entretenir, lui et sa famille. Il se pose en leader de la communauté de son village d'affectation.
Les familles sont divisées entre les deux options.

Un climat favorable

Il faut aussi savoir que les Amérindiens de cette époque, font une guerilla incessante à ces colonies, et après une guerre meurtière entre les colons et les amérindiens, les premiers sont traumatisés par ce que pourraient leur faire les améridiens de la région.
Cette "guerre" a été particulièrement violente et de part et d'autre, des exactions et des tortures atroces ont été commises.
Le Gouverneur est d'ailleurs parti se battre contre les indiens pendant ces évènements. Il règne donc un climat de peur endémique, cultivé et exacerbé par les racontars des survivants le soir, au coin des cheminées.
Or, Tituba n'est elle pas justement Amérindienne ? Voila de quoi cristalliser toutes leurs peurs, avec le terreau fertile des extrèmistes qui militent pour une exemplarité excessive...
Les démons amérindiens essayant de détruire une communauté de Saints se battant au nom de Dieu... Le berceau de l'hystérie collective était prêt et très fertile.

Le drapeau noir flotte sur la marmite

Et nous devons également tenir compte des vengeances personnelles et du climat de terreur diffuse qui règne, exacerbé par les pulsions diverses (et notamment sexuelles car ces pulsions sont exacerbées dans un contexte dangereux) retenues par l'abstinence.
La cocotte-minute bout, et il faut une soupape de sécurité pour éviter l'explosion.
Ne jugeons pas trop vite : la catastrophe du procès d'Outreau est encore dans toutes les mémoires et on peut être stupéfait de la correspondance des thèmes et des erreurs commises.
A ce sujet, vous pouvez lire la théorie de Mary Beth Norton, développée dans "In The Devil's Snare" (Dans le piège du Diable) qui semble la plus complète et la mieux adaptée à l'explication de cette folie collective auto-destructrice.

Et en complément

D'autres hypothèses peuvent être avancées. Par exemple que des réunions "secrètes" pouvaient avoir lieu la nuit dans les bois, avec consommation de certaines substances (notamment la moisissure d'ergot de seigle : le mal ardent) qui donne des hallucinations très "réelles". Nous y reviendrons plus loin.
On peut aussi parler d'un phénomène de catharsis après les violences d'une guerre atroce contre les amérindiens et d'un exutoire à toute une violence accumulée...
Peu importe l'explication (nous reviendrons sur ce chapitre des explications plus bas), les faits réels sont là : 20 morts d'innocents pour un canular, dans un contexte de tensions exacerbées.



Le sabbat des Sorcières

De quels maux n'a t on pas accusé ces pauvres femmes...
Mais au fait... que font les sorcières ???

Elles guérissent

Initialement, ce sont des guérisseuses, herboristes qui connaissent les vertus des plantes.
Les plantes guérissent, certes... mais certaines tuent... Nous évoquerons plus bas l'affaire des poisons et vous verrez que des "sorcières" peuvent exister...

Elles passent des pactes avec le diable

Cette invention est récente et coincide avec la définition de l'église chrétienne que nous avons évoquée plus haut.
Avant le XV eme siècle, il n'existe pas de "communauté" de sorcier(e)s. Ce n'est qu'au moment où on s'y penche que l'on suppose l'existence de groupes de sorcier(e)s complotant contre la chrétienté.
Les secrets de la méthode pour passer un pacte sont contenus dans un grimoire intitulé le "Dragon rouge".
Grosso-modo, la sorcière échange son âme contre des biens matériels et un pouvoir de nuisance certain et obligatoire. C'est une sorte de pretresse du mal.

Elles se transforment en animaux

Chats noirs, crapauds et autres animaleries leur permettent de commettre des méfaits sans être reconnues.
Elles ont souvent un "familier", un animal de compagnie qui leur permet de rester en liaison avec leur démon personnel, mieux que le smartphone...
La forme animale favorite des sorcières, qui leur permettait de tenir leurs sabbats sans être inquiétée, était... le lièvre...
Les oreilles dudit lapin permettent d'écouter les intrus pendant le sabbat et les longues jambes de s'enfuir à toute vitesse au cas où un intrus perturbe le sabbat.
C'est d'ailleurs une technique tellement efficace, que personne n'a jamais pu surprendre des sorcières au cours d'un sabbat.
A noter que jamais un marin superstitieux n'embarquera sur un bateau à voile sur lequel il y a un "longues-oreilles" (il ne prononcent même pas le mot, toujours par superstition).
Et c'est de là que viennent les pattes de lapin porte bonheur : si on a la patte du lapin, c'est logiquement que le lapin ne l'a plus et que donc la sorcière qui se cachait dans le lapin est privée de ses pouvoirs.

Elle font peur aux enfants

Elles commettent les pires crimes et donc l'infanticide. De ce fait, elles mangent des enfants ou les font cuire pour faire des potions magiques.
Il est d'ailleurs conseillé de manger sa soupe sans faire d'histoire, pour éviter de les mettre en colère...

Elles organisent des sabbats

Ah... Voila le grand fantasme de la chose. Nous avons besoin de bien développer le sujet ;-)...


Le Sabbat des Sorcières

Comme nous l'avons déjà dit à plusieurs reprises, il n'existe pas de "corps constitué" de sorcières, jusqu'à ce que, suivant la croyance qu'on avait forgée de toutes pièces, certains s'y adonnent... Mais grosso-modo, on peut situer cela aux alentours du XV eme siècle.
Ce sont ceux qui les chassent qui établissent le "Codex" de la "profession" de Sorcière.

En synthèse, il y a le "petit sabbat", assemblée des sorcières d'un seul village, et le "grand sabbat" (ou sabbat "oecuménique"), qui réunit les sorcières d'une région ou même d'un pays. De nos jours, on appellerait cela une "convention".
Le mot sabbat viendrait d'une confusion avec le mot "Shabbat" que les Catholiques auraient utilisé pour définir une fête qui leur paraissait "bizarre", et aussi, il faut bien se l'avouer, par anti-judaisme primaire.

Alors qu'es aco ?

Ils se tiennent la nuit (le plus souvent un vendredi ou à la veille de fêtes chrétiennes, qui étant superposées aux fêtes païennes pour une conversion plus facile des foules, sont donc aussi des dates rituelles païennes), dans un lieu "néfaste" : cimetière, pied de potence ou croisée de chemins (lieu réputé pour son potentiel négatif : c'est là qu'on enterrait les suicidés, les condamnés et les acteurs, bref, ceux qui n'étaient pas dignes de reposer dans la terre consacrée des cimetières). Mais certains sont organisés dans les clairières, près de sources, de fontaines, de domens, un sommet de colline, un 'cairn" de pierres, un arbre "remarquable", bref, tout lieu chargé de signification.
Vous constaterez la notion "naturelle" de ces lieux choisis pour une forte "communion" avec la Nature. Et quoi de plus sympa pour communier encore plus avec la Nature et les forces élémentaires que de faire du naturisme ?

Pour les "grands sabbats", on choissait une montagne (en règle générale, là où se tenaient les cultes paîens, bien sûr) ou tout autre lieu "magique" (sources, grottes, etc...).

Mieux que la citrouille à transformer en carosse

Le meilleur moyen de transport pour aller à un sabbat est particulièrement économique : les sorcières s'enduisent le corps d'un onguent "magique" qui leur permet de "voler" dans les airs, le plus souvent sur un balai. C'est d'ailleurs pour cela qu'elles choisissaient de préférence les nuits de pleine lune : comme on y voit mieux ces soirs là, les accidents de balais sont plus rares...

Le trajet peut aussi s'effectuer sur le dos d'un bouc (mais dans ce cas, prévoir un déodorant efficace).
Bien entendu, pendant tout ce temps où elle se rend au sabbat, le mari de la sorcière dort tranquillement dans son lit, d'un sommeil "magique" qui permet à la sorcière de tout faire à l'insu de son homme.
Mais quand elles sont arrivées sur le lieu du sabbat, que font elles ?

Le sabbat bien, merci

Non seulement le sabbat est un culte rendu à satan, mais qui plus est, organisé par satan qui y est présent sous sa forme la plus connue, mi-homme mi-bouc (Google est votre ami), qui est dans l'inconscient collectif et les images d'Epinal. 
S'ensuit une parodie de messe catholique, durant laquelle des attouchements sexuels ont lieu entre participants et sur sa personne. Les adeptes qui n'ont pas été assez dépravées sont fouettées pour leur apprendre à devenir plus "mauvaises".
Le blasphème porte sur l'Eucharistie, qui est pervertie en y substituant des symboles abominables et pourris. Suit un repas du même style, puis vient enfin une "danse frénétique, éclairée par une chandelle plantée dans l'anus d'une des sorcières" qui se termine en orgie pendant laquelle toutes les perversions sont permises, voire encouragées.

Un peu de psy

On peut y voir un terreau favorable aux spéculations d'Anton La Vey sur la bible satanique (voir l'article sur la musique satanique) et sur le fait de pouvoir tout faire, même ce qui est impie (et surtout ce qui l'est d'ailleurs) sans se soucier des conséquences de ses actes...
Par contre, il est à noter que dans la philosophie de La Vey, satan est une force de la Nature. De nos jours, les cultes sataniques le considèrent comme un "dieu", avec les anges déchus comme "saints". Toute la différence est là.

Mais on y croit

Le pire, c'est que les membres des tribunaux ne doutaient pas de la réalité de l'organisation (comme une sorte de "secte") des sorcières, ni de ces rituels.
Chose amusante, qui pourrait expliquer certaines analogies, plusieurs cultes, certains remontant à l'antiquité égyptienne, on l'on banquettait "avec les morts" devant leur tombe, ainsi que les cérémonies maçonniques se concluent par un banquet, beaucoup plus sobre, il est vrai...
La première description d'un sabbat "standard" est française (aux environs de Lausanne, cocorico) et porte sur une description précise :
  • la convocation / préparation
  • l'enduction d'onguent
  • le "vol" vers la destination du sabbat
  • la parodie d'Eucharistie avec reniement de la foi chrétienne et blasphèmes (le plus possible)
  • orgie sexuelle
  • repas blasphématoire (avec cannibalisme d'enfants, même si cela n'a jamais pu être attesté et encore moins prouvé)


Quelle est la réalité dans tout cela ?

On sait aujourd'hui qu'il y a bien des phénomènes d'hystérie collective dans certains groupes humains. On déplore régulièrement la mise à mort (ou tout au moins, la tentative) d'arbitres lors de matchs de football "sensibles". Alors on peut bien accréditer la thèse que des sabbats réels se soient produits.
Pour autant, la logique nous impose de vérifier d'autres pistes, comme les champignons hallucinogènes, la moisissure d'ergot de seigle (molécule identique au LSD qui donne la sensation d'être léger au point de croire que l'on vole dans les airs... tiens donc !), ou autres substances dont la Belladone (le nom viendrait de là), en plus du phénomène d'hystérie collective.
Nous avons vu que la composante psychologique est la plus importante de toutes.

Nous avons donc comme première explication, la possibilité de maladie mentale, comme nous l'avons vu à propos de la lycanthropie, et effectivement, dans le grand nombre de victimes, il devait certainement y avoir des personnes instables psychologiquement.
Je laisse toutefois cette explication de côté, car, bien que satisfaisante, elle n'explique qu'une infime partie de la psychose des sorcières et leur "extermination" organisée.

Un peu d'analyse

Imaginons le rôle social de la femme à cette époque. Une veuve, sans son mari, n'a que très peu de moyens pour vivre.
Elle se retire dans les bois pour des questions économiques et vit "à part" de la société du village. Tout ce qui est différent effraie, c'est bien connu.
A cette époque, il y a peu de médecins. Donc, dans les campagnes il y a le rebouteux (moins cher et tout aussi, voire plus efficace que les médecins du style de Diafoirus), mais aussi souvent, une guérisseuse qui connait les "herbes" et aussi les champignons.
On va les voir pour se guérir, mais on peut aussi aller les voir (comme cela se fait encore aujourd'hui) pour des problèmes de couples, de pannes sexuelles. C'est une sorte de psycho thérapeute avant l'heure...

Le mystérieux onguent

Une constante chez les sorcières c'est qu'elles s'enduisent avec un onguent. On trouve mention de cet onguent dès le IIeme siècle, dans "l'Ane d'Or", d'Apulée, où il décrit comment une sorcière nommée "Pamphile" s'envole pour se rendre à un sabbat. Elle s'enduit d'un onguent "magique" de la pointe des pieds aux cheveux, et s'envole.
Selon les spécialistes, cet onguent contiendrait entre autres, de la belladonne (belle femme en italien, les sorcières sont elles jolies ?), de la cigüe et de la mandragore, mélange hautement toxique qui peut expliquer certaines hallucinations.
Pareil pour les sorcières de Salem, qui ont probablement été victimes de la moisissure d'ergot de seigle, (une variante écologique du LSD), qui pourrait expliquer cette notion de "légèreté" ressentie, et cette sensation de "vol".
Il est à noter que les "sorcières" ne faisaient que s'enduire le corps, mais souvent, elles mettaient cet onguent en contact avec des muqueuses, (lèvres, parties génitales, ...) qui peuvent expliquer l'effet renforcé de cette drogue, surtout si l'on enduit un balai de la mixture et qu'on l'enfourche, mettant ainsi l'onguent du balai en contact intime avec les parties génitales, voire légèrement à l'intérieur du vagin (d'aucuns ont évoqué l'utilisation du balai (enduit d'onguent) comme substitut phallique)...
Sur les muqueuses, l'effet est foudroyant et de plus beaucoup plus intense....

Hallucinations

On l'évoque peu, mais il est aussi incriminé, le monde des champignons révèle des trésors insoupçonnés de toxicité...
Par exemple, tout le monde a dans un coin de son inconscient, des contes enfantins illustrés avec des images forestières, révèlant au premier plan, le fameux champignon rouge à points blancs, compagnons de toutes les histoires forestières. Il s'agit de L'amanita muscaria (amanite tue-mouches pour les amateurs), champignon, fortement hallucinogène et mortel selon la quantité ingérée.
Le mycélium fait que ce champignon pousse relativement toujours aux mêmes endroits, selon une disposition appelée "rond de sorcière"... comme quoi tout n'est pas si anodin dans la sagesse populaire... et peut expliquer bien des choses...

Le marketing multi-niveaux

La société est donc essentiellement masculine, et les femmes sont cantonnées à des rôles secondaires.
Mais elles gérent la maison pendant que l'homme fait les travaux des champs ou s'ammuse à se foutre sur la gueule avec ses voisins. Elles ont donc, en réalité, un rôle clé.
Quoi de plus logique que de "créer" une société féminine, organisée et structurée avec "initiation" et transmission de génération en génération de "secrets" portant sur la pharmacopée naturelle.
Si l'homme meurt, la femme est rejetée par le village : autant le garder en bonne santé. De même il ne faudrait pas qu'il aille voir d'autres femmes ou que, fatigué par les travaux de la journée il n'ait plus la vigueur nécessaire pour assurer une nombreuse descendance en ces temps de mortalité infantile énorme...

Il faut donc se structurer pour organiser des réunions (TupperWare l'a bien compris) et échanger des "secrets" sur la pharmacopée, bien entendu en y rajoutant diverses incantations et autres enjolivements "magiques".

Le Flower Power avant tout

On peut aussi y voir la survivance de rites antiques, tournés vers la Nature, et avec des états de transes (avec extases et visions) et d'hystérie collective, renforcés par les onguents et autres mixtures hallucinatoires concontées sur place, on aboutit à la description du sabbat standard avec frénésie sexuelle et orgiaque à la fin, à cause des tensions Sociales imposées par tous les interdits moraux.
C'est une sorte de rébellion libératoire à la fois contre une société oppressive au nom de la morale et une organisation solidaire, pour le droit des femmes. Comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas pour rien qu'elles sont devenues symbole des femmes libres dans les 70's.

Par contre, vu le contexte hautement explosif, il est presque certain de des dérives de type bestialité ou satanisme voire même des actions criminelles ou cannibale aient eu lieu... mais cela est une autre histoire sur l'hystérie collective et les phénomènes de foule...

Le sexe (toujours)

Ce qui est amusant, si l'on peut dire, c'est que tout repose sur une infâmie causée par la sexualité : les sorcières organisent des orgies, les cultes païens hérétiques, pareil, et l'argument fait merveille, puisqu'on accuse tout ce qui n'est pas Chrétien de pratiques "déviantes", comme si c'était un signe spécifique d'hérésie. Lisez tout ce qui a été dit sur les Cathares et ce qu'on leur reproche : principalement... des turpitudes sexuelles ou une abstinence totale ... forcément suspecte...
Autre facteur notable, selon les propres registres de l'Inquisition, le diable qui préside à ces rituels, n'est pas très maléfique, et rien ne permet de l'identifier à une créature satanique... Il est plutôt bon enfant.

Le stéréotype

Ce qui porta tort aux "sorcières" et qui créa ces stéréotypes fut aussi l'article écrit par Margaret Murray (tiens donc, le même nom de famille que Mina Murray dans "Dracula"), qui se base sur une théorie de Sir James Frazer qu'il énonce dans "le Rameau d'Or".

Grâce (ou à cause) de sa théorie (qui fut celle qu'elle publia pour définition du mot "sorcellerie" dans l'Encyclopedia Britannica et qui y resta pendant près de 40 ans ), une société de "sorcières" vit le jour, la fameuse WICCA, qui a comme livre de références, le fameux "Livre des Ombres" (Toute ressemblance avec une série américaine sur 3 soeurs sorcières n'est absolument pas fortuite).

Elle postule qu'il existe une religion basée sur le culte de la fertilité qui a traversé les siècles et que les sorcières et leurs sabbats sont des manifestations de ce culte interdit.

Les anciens cultes

Même s'il est vrai que des cultes anciens, notamment celtes, et reprenant peu ou prou le processus des sabbats "classiques" a réellement existé, avec un prêtre, druide, ou autre représentant spirituel, portant un masque à cornes pour présider ces "réunions", il serait stupéfiant qu'un culte païen traverse le temps, sans que pesonne ne l'ait remarqué sur une période de 1000 ans, et en comptant avec l'hégémonie de l'église chrétienne qui avait emprise sur tout...

Outre le fait qu'elle n'ait qu'une base limitée de documents comme source, ce qui l'a décrédibilisée, c'est qu'elle pratiquait la "sollicitation de documents". Autrement dit, elle "arrangeait" les documents en sa possessions pour qu'ils collent à sa théorie, et non l'inverse.

De ce fait, elle fait des minutes des procès des sorcières, un récit cohérent et structuré qui accrédite l'idée d'une organisation, alors que la lecture in-extenso dudit document montre qu'il s'agit d'un délire complet, du moins, d'un document qui ne peut pas être pris au sens premier pour étayer une théorie "scientifique" ou "historique" des faits relatés (Google est votre ami pour trouver les aveux (ceux in extenso, bien sûr) d'Isobel Gowdie en 1662).

De plus, comme je l'ai déjà dit plus haut, ces "aveux" relatés sur les minutes des procès sont plus que sujets à caution.
Pour les affaires de sorcellerie, et afin de les faire avouer, la torture était non seulement acceptée sur les sorcières supposées, mais vivement encouragée. Avec l'exactitude des réponses que l'on imagine et la réalité des aveux obtenus ainsi...

Le biais des "preuves"

Autre biais utilisé dans les procès pour sorcellerie, menacer un proche de la victime : elle se dénoncera et avouera n'importe quoi pour protéger un être cher. Les sorcières, majoritaires dans ces types de procès étant des femmes, imaginez le résultat que l'on peut facilement obtenir si on menace l'un de ses enfants...

La surenchère dans les aveux était aussi un moyen d'éviter une mort lente, en tentant de négocier un rétentum : la sorcière sera brûlée vive pour la galerie, mais le bourreau l'étranglera ou lui brisera la nuque juste avant d'allumer le bûcher.

Le rétentum est aussi un moyen d'extorquer des aveux en promettant une mort rapide et douce, au lieu du supplice des flammes.

La réthorique des enquêteurs aussi, "piégeait" les suspectes. Si elle n'était pas sorcière pourquoi était elle accusée de tels faits ? Innocente, les juges, inspirés par Dieu, auraient su qu'elle n'était pas sorcière. Donc elle n'aurait pas été dénoncée. Si elle écoutait le juge, puisque divinement mandaté, elle devait confesser son crime pour en demander pardon, en bonne chrétienne. Mais si elle confessait son crime, elle devenait donc coupable et donc devait être chatiée.

Tous coupables

Rappelez vous Bourvil dans le fameux film "Le cercle rouge". Son supérieur, le commissaire, lui rappelle une vérité : "rappelez-vous ... tous coupables". Ou comme dans le film Ripoux contre Ripoux lorsque le génial Noiret arrête un homme au hasard dans Paris (Jean Claude Brialy) et l'emmène au Comissariat pour le cuisiner. Contre toute attente, l'homme passera aux aveux et voudra se confesser aux deux policiers, qui le remettront aussitôt en liberté avant même qu'il n'avoue quoi que ce soit...

Sur ces âmes simples, avec la pression de la foule au dehors, on crée un sentiment de culpabilité qui va tenter de se concilier les bonnes grâces de ses juges, et la personne va finir par croire, de bonne foi, que même si elle pense être innocente, elle est coupable, ayant été mauvaise à l'insu de son plein gré. Et de bonne foi, elle confessera un crime imaginaire, convaincue que la totalité des autres ne peut pas se tromper et qu'elle a commis le mal car elle était sorcière, sans le savoir.

D'autant que promesses mensongères, confesseurs incitant à confesser le "crime" et autres procédés déloyaux étaient parfaitement acceptés du moment que c'était pour la "bonne cause". Pauvre bonne cause : à force d'avoir bon dos, elle va finir bossue.

Bref la machine à "casser" des prétendues sorcières avec des tribunaux d'exception était parfaitement rodée et efficace.


Y a t il de vraies sorcières ?

Comme nous l'avions déjà dit pour les démons, oui il peut exister de vraies sorcières, mais pas au sens premier du terme. Mais on peut se trouver face à des femmes (ou des hommes) pervertis qui n'hésiteraient pas à faire alliance avec le mal pour se procurer des biens matériels.
Là encore et comme toujours réside un véritable danger.

Outre les dégats psychologiques sur la personne qui corrompt son esprit en voulant faire le mal et qui sont réels, il y a de la manipulation, des complots et aussi de l'élimination physique, principalement par le poison...
On retrouve là, tous les attributs que l'on attribue à la sorcière.
La sagesse populaire a toujours mis en stéréotype certains caractères spécifiques et a bâti des légendes, qui sont une sorte de mise en garde sociale et donc collective contre les dangers que peuvent représenter certains êtres humains pour d'autres êtres humains.

Le psychopathe est devenu le Vampire, le schizophrène est devenu le Loup-Garou, le Manipulateur Pervers Narcissique (MPN) est devenu un démon, et l'arriviste asocial ou sociopathe est devenu sorcier ou sorcière...

Les vrai(e)s sorcièr(e)s

Certaines personnes sont prêtes à tout pour obtenir de la puissance, ou un avantage "magique" (mais si cela fonctionnait ... on le saurait) : cela correspond bien avec nos définitions de la sorcière et nous allons voir que l'Histoire, une fois de plus, vient à notre secours pour illustrer notre propos...

L'affaire des poisons

Elle démarre à la cour de France, sous le règne du Roi Louis XIV.
Paris abrite encore la fameuse "Cour des Miracles", refuge des geux, des mendiants et autres hors la loi ou personnes rejetées par la société, avec à sa tête, un chef, qui dispose donc ainsi, d'une véritable organisation criminelle. La Mafia avant la date.

Pour lutter contre cette délinquance, le Roi nomme un lieutenant de police, Gabriel Nicolas de La Reynie qui va saisir le problème à bras le corps et assurer le retour de l'ordre et la disparition de tout contre-pouvoir dans la capitale.
De tout contre-pouvoir ? Non, il reste deux hommes remarquables et de grande influence : Louvois et Colbert.

L'affaire commence...

Pour faire simple, en 1672, tout commence par la mort naturelle d'un officier de cavalerie, plus aventurier et escroc et maitre-chanteur que gentleman, totalement criblé de dettes : Jean Baptiste Godin de Sainte Croix.

Ses créanciers, voulant être remboursés, font l'inventaire de ses biens pour sa succession et tombent sur une cassette "explosive" (en bois la cassette, vu l'époque, ce n'est pas une cassette vidéo).

A l'intérieur, on découvre des lettres de sa maitresse, Marie Madeleine Dreux d'Aubray, Marquise de Brinvilliers, des fioles "suspectes" et une reconnaissance de dettes envers Pierre Louis Reich de Pennautier, grand argentier du clergé Catholique et ami de Colbert.

La Marquise de Brinvilliers (dite "La Brinvilliers") confie dans ses lettres à son amant (outre ses lettres d'amour) avoir empoisonné son père à l'arsenic (la fameuse "poudre de succession"), mais aussi deux de ses frères.

Le contenu des fioles est analysé par un apothicaire (les pharmaciens - chimistes de l'époque) qui conclut à un poison violent laissant peu de traces dans l'organisme.

De Pennautier sera emprisonné pendant plus d'un an à la Conciergerie suite à cetta affaire. L'affaire devient rocambolesque : la Brinvilliers fuit en Angleterre, puis en Flandres, et se réfugie dans un couvent où elle sera arrêté par un policier déguisé en moine (Google est votre ami) ...

La réalité des crimes

La Brinvilliers aurait déclaré aux enquêteurs après son arrestation : "s'il dégoutte sur moi, il pleuvra sur Penautier", mais lorsqu'elle fut soumise à la question, elle mettra continuellement De Pennautier hors de cause, malgré la torture.

De fait, malgré des circonstances atténuantes (elle a été violée par un domestique à l'âge de 7 ans et aurait eu des relations sexuelles avec ses frères, bien qu'aucune preuve sérieuse de cela n'existe), c'est très probablement une tueuse en série qui a commis de nombreux crimes, certains sur des malades (dans les hopitaux, sous couvert de bonnes actions de visites aux malades) pour tester les effets de ses poisons.

Elle a empoisonné son père et sans doute empoisonné ou fait empoisonner 2 de ses frères.
Reconnue coupable et condamnée à mort, son rang fait qu'elle sera décapitée avant que son corps et sa tête ne soient brûlés sur un bûcher en place de Grève.

Le contexte "explosif" est favorable

Nous sommes dans un climat très spécial, celui de la Contre-Réforme, et tout ce qui est d'ordre spirituel est chatouilleux. De plus, l'affaire de La Brinvilliers a créé un climat de tension extrème : tout le monde se méfie de tout le monde, de peur d'être empoisonné. Le poison terrifie, car on ne le voit pas, on peut donc difficilement s'en défendre.

Un ami, un proche peut vous offrir, et avec un grand sourire (le salopiot), une coupe de bon vin.... qui sera votre dernière. Le poison est sournois et cela excite les imaginations, et se mêle à la peur du diable de la Contre-réforme.

Des escrocs vont donc se lancer sur ce nouveau créneau : les messes noires (et autres joyeusetés du même tonneau)... Le climat social y est des plus favorables. On crait le diable, mais si on pouvait se concilier ses faveurs... en toute impunité, bien sûr...

Et en profiter pour éliminer un concurrent dangereux, obtenir une faveur, un poste... Notre époque moderne n'a rien à envier à cette époque : marabouts, guérisseurs et sorciers pullulent et font le même type de promesses qu'à cette époque là.

J'ai même reçu l'affichette d'un marabout qui "répare les disques durs d'ordinateurs à distance"... Et il y a toujours des gogos pour faire appel à ce type d'escrocs. Soyons donc indulgents envers nos ancêtres...

Les hommes de La Reynie baignent dans ce climat explosif (la paranoia régne) et continuent leur mission de renseignement.

On ferre du poisson

Et la chance leur sourit : en septembre 1677, une lettre anonyme (déposée dans un confessional Jésuite) dénonce un complot visant à empoisonner le Roi avec de l'arsenic (exactement "avec de la poudre blanche").

Il faut donc identifier les empoisonneurs. Vu le statut de la cible à empoisonner, La Reynie se charge personnellement de l'affaire. Il faut trouver un point d'entrée. L'enquête s'oriente alors vers une femme emprisonnée au Châtelet qui est accusée d’avoir empoisonné son mari. 

En prison, elle est visitée par Marie Bosse. Cette dernière est déjà connue des enquêteurs, par la dénonciation d'un avocat miteux qui entend cette dernière, totalement ivre déclarer au cours d'un diner que sa profession d'empoisonneuse lui procure de forts revenus, puisque sa clientèle se compose essentiellement de femmes de l’aristocratie parisienne.

Première prise

Les hommes de La Reynie montent un piège. Elle s'y laisse prendre et est emprisonnée. Torturée, elle dénonce tout un réseau d'empoisonneurs, dont le "cerveau" serait Catherine Deshayes, épouse du sieur Monvoisin, dite "la Voisin", soupçonnée d'être.... un sorcière.

Le 12 mars 1679, elle est arrêtée et une grande partie du réseau est mise à jour. Les enquêteurs comprennent qu'ils se trouvent face à un véritable réseau de tueurs(tueuses) qui, sous le couvert de sorcellerie et autres messes noires, pratique l'empoisonnement contre rémunération (assassinats commandités).

La Voisin n'est venue à la "sorcellerie" qu'après la faillite de son mari boutiquier. Elle dit la "bonne aventure", se prétend divineresse, et concrétement se cache peu : elle "prédit" au grand jour et mêne grand train. C'est une empoisonneuse, certes, mais surtout une avorteuse et elle organise des "messes noires" avec un complice l'Abbé Guibourd.

On dévide l'écheveau

L'affaire ne s'arrête pas là... La Reynie tient un fil et va dévider l'écheveau...
Les aveux (plus ou moins extorqués sous la torture) de "La Voisin" impliquent des noms illustres de la Cour qui sont cités comme "clients" de ce réseau d'élimination.

Sur les conseil de La Reynie, le Roi, constitue une chambre spéciale dite "la Chambre Ardente", pour statuer sur cette affaire.

La "Chambre Ardente" (qui doit son nom au décorum de drapé noir avec éclairage aux flambeaux de son tribunal) est une juridiction d'exception : elle est hors du Droit français. Elle ne traite que cette affaire et sera dissoute après. Les procédures légales habituelles n'ont plus cours et sont un peu malmenées. Les juridictions d'exception n'ont pas bonne connotation (ou réputation, si vous préférez) chez les juristes... Et celle là ne fait pas exception : toutes les audiences y sont secrètes.

Le droit est mis de coté

Le problème des tribunaux d'exceptions c'est que l'on ne peut pas garantir le respects des droits des accusés. Et de fait, les minutes du procès notées scrupuleusement sont un joyeux fourre-tout où l'on retrouve, outre les faits d'empoisonnements et d'avortements illégaux, des messes noires et autres sortilèges, avec en plus, au lieu de faits tangibles, un inventaire "magique" totalement délirant.

Ces "sorciers" et surtout "sorcières" avouent à peu près tout : sorcellerie contre rémunération, mauvais sorts, apparition de démons sur demande, messes noires (avec égorgements de nourissons) avec une absence totale de précision et une exagération manifeste. il faut dire que l'utilsation de la torture aide beaucoup à faire plutôt un inventaire à la Prévert qu'une chronologie précise des faits...

La balance penche d'un seul coté

Comme pour le procès de Salem, on dénonce à tout va et tout le monde dénonce... et des noms des grands de la Cour sont cités. Mais assez bizarrement, ce sont principalement des amis et des relations de Colbert qui sont incriminés.

Le fait que l'ombre de Louvois plane sur des visites faites aux prisonniers interrogés et sur la rédaction de rapports sur cette affaire peut sans doute expliquer cette "orientation" de la Justice.
Heureusement, les preuves réelles manquent pour accuser certaines personnes de haut rang, voire de l'entourage de Louis, mais si les présomptions sont fortes, le Roi demande aux "suspects" de choisir l'éxil volontaire plutôt que la déchéance publique.

Le 22 février 1680, La Voisin est brûlée vive en Place de Grève, exactement comme une sorcière. Mais l'affaire ne se termine pas là...

Un rebondissement

Marie Marguerite Voisin, fille de "La Voisin", n'ayant plus rien à perdre, et peut être par vengeance, rencontre La Reynie et dénonce pas moins que la favorite de de Louis XIV, Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan (surtout connue sous le nom de : "La Montespan").

La Montespan aurait eu recours aux services de sa mère pour concocter des philtres d'amour ou pour organiser des messes noires afin de se concilier à nouveau les faveurs du Roi (une nouvelle favorite lui ayant succédé dans le coeur... et dans le lit du Roi).... ou pourquoi pas... empoisonner le Roi ou les nouvelles favorites par vengeance.

L'affaire gagne encore en intensité dramatique. Dès que La Montespan est impliquée, Louis XIV impose aux juges de ne plus tenir leurs minutes dans des registres, mais sur des feuilles volantes. Ces feuilles seront consignées dans une cassette (encore une fois en bois et non pas vidéo) détenue exclusivement par le Roi en personne.

La fin du cauchemar

Enfin, le Roi impose à la Chambre de ne plus donner suite aux affaires, dès lors que le nom de son ancienne favorite apparait, ce qui provoque de vives tensions entre les magistrats et la Couronne.
En 1682, la Chambre Ardente fut dissoute par le Roi, et tous ceux qui avaient accusé la Montespan furent emprisonnés par lettre de cachet, c'est à dire sans jugement, par décision expresse du Roi.

Le Roi consigna tous les documents de ce triste et lamentable fait divers, puis, en 1709, fit brûler la totalité des pièces ainsi que la cassette (il ne reste que les traces écrites des rapports de police), afin que cette affaire reste dans un "éternel oubli".
Les sorcières avaient sévi à la cour même du roi de france, Louis le Quatorzième, le Roi Soleil.....

On prend du recul

La Voisin et ses semblables et/ou complices ont très certainement organisé des messes noires et autres "rituels magiques" ou simulacres "occultes" pour soutirer de l'argent aux gogos, si possible de la haute société argentée de l'époque.
Ils ont aussi très certainement compté dans leurs rangs de véritables empoisonneurs, connaissant bel et bien la toxicité de certains végétaux ou venins d'animaux et qui étaient capables de produire divers poisons plus ou moins détectables par la médecine officielle de l'époque.

N'empêche qu'il convient de relativiser un peu tout cela : l'égorgement de nouveaux nés, pour dramatique qu'il soit, n'a jamais pu être prouvé, ni même avéré. Il faut se rappeler qu'on applique la torture pour extorquer des aveux, et donc, entre le délire qui confesse n'importe quoi pour se soustraire à la douleur et la volonté de charger le voisin plutôt que soi pour sauver sa peau, on "balance" n'importe quoi à des gens qui n'attendent que des aveux "croustillants".

Regardez la méthode actuelle du FBI pour traquer les hackers informatiques : trainer sur les forums de piratage, et exhorter ceux qui se vantent de tel ou tel "exploit" informatique à communiquer ses coordonnées. L'égo humain étant ce qu'il est, les pirates se vantent et donc se dénoncent eux mêmes... mais aussi usurpent les "exploits" des autres pour se faire mousser.
Le FBI a ainsi arrêté "Mafia Boy" (les vrais coupables sont toujours inconnus à ce jour...) qui se vantait de pirater le Pentagone, alors que son niveau informatique était largement au dessous du niveau d'un bon étudiant en cycle médian d'Université. Les temps changent, mais l'Humain ne change pas et ce qui est valable à notre époque est valable pour celle du Roi Louis et réciproquement...

Ainsi, La Voisin confesse le meurtre de 2500 nouveaux nés, qu'elle aurait enterrés dans son jardin (un grand jardin alors...) ou brûlés dans son four. Les enquêteurs ne font aucune fouille, aucune exhumation, et rien ne vient corroborer cette déclaration pourtant hallucinante d'horreur...

Avorter, oui, escroquer, oui ... le reste ...

C'est certainement une avorteuse, elle se fait passer pour une sorcière et elle en a la réputation, mais rien ne vient étayer la véracité de ses méfaits : elle a pignon sur rue et discute astrologie avec des professeurs de la Sorbonne.

Le jour où elle veut faire supprimer son mari (pour se consacrer à ses amants ... qui la ruineront) elle fait faire des passes "magiques" par un membre de son organisation (le faux Abbé Lesage qui sera également exécuté) sur un coeur de mouton....

Lors des messes noires, elle et ses complices exécutent des tours de passe-passe pour faire apparaitre des "entités", changer l'eau en vin (ou autre chose qu'il vaut mieux ne pas savoir) et faire ainsi accroire aux gogos qu'ils disposaient d'un "pouvoir" occulte. Ne riez pas : c'est la même méthode qu'à appliqué Jo Di Mambro pour les rituels de l'Ordre du Temple Solaire.
Lors des rituels, des phénomènes "étranges" se manifestaient, qui n'étaient que d'habiles trucages exécutées de main de maitre, par un technicien en coulisse. Des cadres supérieurs et des dirigeants d'entreprises au fait des nouvelles technologies se sont laisser abuser... On ne peut pas reprocher aux gogos de cette époque de s'être laissés abuser eux aussi...

A titre d'exemple, un empoisonneur célébre de cette époque, était le "sorcier Belot" (toujours la connotation sorcier / sorcière). Pour les besoins de l'enquête, un garde du corps du Roi lui acheta une fiole de poison violent et la fit boire par son chien (comme le fit Adolphe Hitler pour le cyanure). Or le chien (à la différence de celui d'Adolphe) ne présenta aucun symptôme. Emprisonné, le prétendu sorcier avoua être un réel....escroc.

Les faveurs du Roi

Que la pauvre Montespan, espérant retrouver les faveurs du Roi, ait tenté de lui faire absorber des aphrodisiaques ou des philtres d'amour, ait participé à des "messes noires" et autres joyeusetés est plus que plausible.
Mais visiblement le Roi n'avait pas très peur d'être empoisonné : La Montespan ne quitta la Cour qu'en 1691 (dissolution de la Chambre Ardente en 1682), et le Roi la visitait chaque jour, pour voir les enfants qu'elle lui avait donnés.

A noter aussi que si un réseau d'empoisonneurs d'une telle ampleur avait réellement sévi, il aurait fallu agrandir les cimetières parisiens.

Par contre, que quelques véritables empoisonneurs aient commis des crimes sur commande, mais dans la plus totale discrétion est une option tout à fait recevable, mais elle est également recevable à toutes les époques, y compris à l'époque actuelle... A méditer...


Et encore je me suis retenu

Marie Besnard suspectée d'empoisonnements à l'arsenic en série (elle n'est à priori pas coupable puisqu'elle a été acquittée à cause de la faiblesse des preuves de l'accusation) a elle aussi été qualifiée de "sorcière". Et les chroniques judiciaires et les "sorcières" font bon ménage...

Pour traiter complètement et réellement en profondeur de ce sujet, il faudrait écrire un livre. Si nous voulons faire un sujet complet sur les sorciers, il faudrait aussi prendre en compte les sorciers africains, les sorciers vaudous, les sorciers australiens, et ceux d'Amérique du Sud.

Il faudrait aussi prendre en compte le chamanisme, une branche que nous avons juste évoquée au début de cet article ; bref, le sujet est trop vaste et je m'en suis tenu dans cet article aux sorciers européens, et surtout aux sorcières qui sont encore plus représentatives de la croyance populaire.

De même, il faudrait développer l'affaires de poisons, intéressante à plus d'un titre, mais le sujet nécessiterait aussi un livre à lui tout seul...

Nous avons ainsi beaucoup d'autres sujets à traiter, qui feront l'objet de futurs articles.

Cet article est dense et nous sommes loins d'avoir été exhaustifs. Le but est de vous donner le grandes pistes et de vous permettre de vous forger votre propre opinion sur la base de faits et non de racontars...

D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que vous avez la barre de recherche Wikipedia sur le coté droit du blog : à vous de continuer les recherches et de vous plonger plus avant dans cet univers fascinant de la recherche sur le fonctionnement des êtres humains.

Forgez vous votre propre opinions, et dites vous que les "chasses aux sorcières" existent toujours : elles sont moins visibles, mais bien réelles (regardez le McCarthisme aux USA) et vous verrez que notre siècle n'a rien à envier sur ce sujet aux siècles de l'obscurantisme...

A méditer....

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