vendredi 22 janvier 2016

A vendre, pas cher, maison à Amityville

Dans notre grande tournée des phénomènes dits "mystérieux", impossible de faire l'impasse sur la maison la "plus hantée du monde", la fameuse maison d'Amityville.

Un livre, paru en 1977 ("Amityville, la maison du diable, une histoire vraie") co-écrit par Jay Anson et Georges et Kathleen Lutz raconte le cauchemar qu'aurait vécu la famille Lutz pendant les quelques jours durant lesquels elle a habité la fameuse maison. Comme le livre fut un best seller, Hollywood en tira un film, et devant le succès rencontré, en tira une flopée de séquelles plus ou moins bancales (ou réussies, c'est selon...).

Pour faire simple, une banale famille américaine emménage au 112, Ocean Avenue, dans la commune d'Amityville, sur l'ile de Long Island, Etat de New York, le 18 décembre 1975. Ils s'enfuieront de là en catastrophe le 14 janvier 1976. Un record.
Il faut tout de même préciser que cette maison a été le théâtre d'un horrible meurtre dans lequel un adolescent a exécuté toute sa famille, en 1974, bien avant que les Lutz ne s'en portent acquéreurs.
De fait, très vite, les Lutz comprennent pourquoi le prix de cette magnifique demeure est si attractif : leur plus jeune fille devient copine avec un cochon volant aux yeux rouges flamboyants (Non, Homer, ce n'est pas Spider-Cochon) et fantomatique, les murs "saignent" un liquide poisseux, toutes les mouches de la région semblent s'être donné rendez-vous dans cette maison pour y passer l'hiver, les habitants sont touchés par des mains invisibles, sans doutes d'esprits farceurs, et lévitent au lieu de dormir, bien que chaque nuit, monsieur se réveille à 3h15, heure probable de l'exécution des habitants précédents par le fils de famille.

Bref, du mystérieux, et du lourd...

Petit rappel sur les meurtres

Bien que cela n'ait rien à voir avec l'histoire des Lutz, un petit rappel succinct des faits sur la tuerie de la famille De Feo, qui a eu lieu le 13 novembre 1974.
Il existe un documentaire sur cette triste affaire, parfaitement réalisé et avec des faits objectifs, notamment les constatations policières, mais je n'arrive pas à le retrouver (avis à ceux qui en ont connaissance, je suis preneur).

En 1965, la famille De Feo achète cette maison au look si particulier.
Le père, Ronald, est responsable d'une concession Buick, sa femme s'appelle Louise Brigante (du même nom que la concession : Bregante-Karl Buick Concession à Brooklyn) et ils ont 5 enfants : Ronald Jr, Dawn, Allison, Mark et John.
Il est semble t il assez violent, et peut se montrer très dur (voire sadique) envers les membres de sa propre famille.
Les deux ainés ont une réputation sulfureuse : Ronald est alcoolique et se drogue (barbituriques, LSD, héroïne) tandis que sa soeur Dawn serait sa maitresse (oui, la maitresse de son propre frère ou selon certaines autres sources de son propre père) et aurait un petit ami fort peu recommandable (William Davidge, jeune homme plus ou moins délinquant) avec lequel elle comptait fuguer en Floride.

D'après les constatations de la police, il semble que les 3 jeunes gens ont comploté pour assassiner le reste de la famille, sans doute par goût du lucre, ou par vengeance, le père se montrant souvent violent avec les deux ainés, mais aucune explication valable n'a été fournie à ce jour, du moins, à ma connaissance.

Les 3 jeunes gens agissent le 13 novembre 1974, vers 3h15 du matin, et abattent toute la famille. Ronald Jr abat sa propre soeur, on ne sait pas encore exactement pour quelles raisons.
A priori personne n'entend les coups de feu. Mais Ronald avait l'habitude de regarder des émissions violentes avec le volume du téléviseur élevé, et savait sans doute comme n'importe quel fantassin (ou amateur de films policiers) fabriquer un silencieux improvisé avec une bouteille en plastique ou utiliser un oreiller pour suffisamment atténuer le son de la détonation et éviter de donner l'alerte.

Ceci étant, les enfants sont abattus d'une seule balle, avec une carabine Marlin 35 (que l'on retrouvera plus tard dans le fleuve, à peu près à l'endroit où il indiquera aux policiers l'avoir jetée) mais les parents sont abattus de 2 balles, et ont probablement compris ce qui leur arrivait, alors que les enfants n'ont (semble t il) heureusement pas eu le temps de comprendre.

Ronald Jr donne l'alerte le lendemain et joue son rôle de donneur d'alerte innocent, mais il est rapidement démasqué par la police car il enchaine les versions différentes les unes après les autres, toutes plus ou moins fataisistes. L'enquête repose sur des faits et conclut à plusieurs homocides commis par 3 personnes sans pouvoir connaitre le rôle exact de chacun, et le coupable principal selon les faits (le seul à être vivant des deux auteurs présumés des coups de feu) est arrêté.

Reconnu coupable, il est condamné à 25 ans de prison par meurtre, avec 6 meurtres à son actif (dans les pays anglo-saxons, on pratique le cumul de peines). Tous ses appels ont été refusés.
Comme mobile, il invoque un cas de possession avec une voix qui lui dit dans sa tête "Attrape les et tues les...."
Si vous voulez en savoir plus, Google est votre ami....

Les origines de l'affaire

Donc, le 18 décembre 1975, la famille Lutz emménage dans sa nouvelle maison, une fort belle affaire, car au vu des évènements tragiques qui s'y sont déroulés, elle est vendue bien en dessous de son prix réel, et les Lutz connaissent la triste histoire.
Il s'agit, à priori d'une famille sans histoire, recomposée avec le mari George Lee Lutz (géomètre et fondateur de sa propre société : la "William H. Perry Inc" à Syosset), sa femme Kathy (sans emploi) et de ses enfants, issus d'un premier mariage : Daniel (9 ans), Christopher (7 ans), Missy (5 ans) et un labrador nommé Harry.

Suivons donc ce que dit le livre qui relate les "faits"

Dès le départ, le père se plaint du froid qui règne dans les lieux, malgré toutes ses tentatives pour augmenter la chaleur. La possède une salle de couture où il se passe des "choses étranges", un "esprit" réside dans le hangar à bateaux, et le chien aboie toute la journée sans raison apparente. Ils découvrent aussi une pièce "secrète", peinte en rouge sous l'escalier de la cave.
Cerise sur le gâteau, dans la cave, il y a une dalle de ciment (nous y reviendrons) qui scellerait un puits.
La plus jeune fille, Missy, a un ami imaginaire qui est un cochon volant aux yeux rouges, lumineux, et le chef de famille se réveille chaque jour à 3h15 précises.

On continue ? On continue....

Kathy a l'habitude de dormir en catalepsie à un bon mètre au dessus du lit et a l'aspect d'une vieille sorcière ridée. Elle "sent" la présence et le parfum d'une femme, voire des attouchements faits par des mains invisibles (la coquine).

Devant tous ces faits, les Lutz demandent une intervention au prêtre qui a béni leur maison le jour de leur arrivée et contactent un couple de parapsychologues pour enquêter sur les faits....


Reprenons à partir du 18 décembre 1975

Le 18, la famille emménage.
La maison a un aspect un peu particulier qui donne l'apparence d'un visage (elle a été modifiée depuis, pour lui enlever cet aspect "démoniaque") et un toit en croupe, caractéristique de l'architecture locale (HP Lovecraft adorait lui aussi les toits en croupe... un signe du destin ???).
Un prêtre vient bénir la maison. Rassurez-vous, en Amérique, c'est chose courante. Ce qui l'est moins, c'est que le prêtre aurait entendu une "voix dans sa tête" qui lui aurait ordonné de s'en aller... Cela l'aurait remué au point qu'au retour, il aurait eu un accident de voiture....

Dès le lendemain, à 3h15 précises, Georges Lutz se réveille. Il commence à présenter les premiers symptômes, en négligeant son hygiène corporelle, et se laisse aller. Il est en permanence transi de froid et devient nerveux et irritable. Il fait une fixation sur le hangar à bateaux dont la porte qu'il ferme régulièrement à clé se trouve toujours ouverte...
Il y va plusieurs fois par jour pour vérifier qu'il n'y a personne... et il n'y a jamais personne.
Kathy sent des mains invisibles lui faire des attouchements.

Tout continue ainsi jusqu'au 22 décembre 1975, où on monte d'un cran.
Les cuvettes des deux WC (RdC et étage) se bouchent et laissent refluer un liquide noir et nauséabond. Des mouches apparaissent et s'agglutinent sur les vitres de la fameuse salle de couture, malgré le froid de l'hiver. 
De plus, la porte d'entrée énorme et massive (plus de 100 kilos) est arrachée et dégondée... de l'intérieur...

Le lendemain, tous les habitants de la maison se mettent à dormir sur le ventre (souvenez vous de la position des cadavres De Foe). Missy, la cadette, passe le plus clair de son temps dans la salle de couture et parle avec un "ami" imaginaire. Elle chante des chansons inconnues.
Des odeurs nauséabondes remontent et un crucifix posé "classiquement" se retrouve inversé, tête vers le bas.

Le jour suivant, le prêtre qui a béni la maison tombe malade. Il veut appeler la maison pour s'assurer que tout va bien, mais impossible de parler : il y a trop de "friture" sur la ligne. Idem lorsque les habitants de la maison chercheront à joindre le prêtre : toutes les communications entre eux sont impossibles.

Nous arrivons ainsi au 25 décembre 1975, le jour de Noël, jour symbolique s'il en est....
Ce jour là, Kathy se réveille en sursaut à cause d'un cauchemar où elle "voit" les meurtres et hurle "on lui a tiré dans la tête". Le chien est totalement léthargique et n'aboie même plus, et Georges voit le fameux cochon volant aux yeux lumineux rouge derrière Missy qui dort pendant que le rocking chair balance, comme s'il était occupé par un visiteur invisible.

Le 26, Missy explique à sa mère que le cochon volant invisible et aux yeux rouges s'appelle Jodie. Les radiateurs sont brûlants, mais dans la maison règne un froid glacial et pour faire bonne mesure, le frère de Georges qui devait se marier ce jour là se fait voler une enveloppe contenant 1 500 $ en liquide (les esprits ne perdent pas le nord ni le sens des affaires). C'est Georges qui sera obligé de payer tous les frais à concurrence de cette somme, en étalant la dépense dans le temps, au moyen de 3 chèques.

Le 27, une tante de Kathy nommée Thérésa et qui avait quitté le couvent (avant de prononcer ses voeux définitifs) pour se marier perçoit un climat malsain dans la maison et repart. C'est ce même jour que les Lutz découvrent la pièce secrète peinte en rouge sous l'escalier de la cave.

Le 28, c'est du lourd : un lion en céramique se déplace tout seul pour revenir à sa place initiale après avoir été déplacé et Georges, qui s'est cogné dedans à son retour à la maison n'aura pas un bleu, mais des traces de morsures à l'endroit de l'impact.

Les jours suivants, Georges fait des recherches du style "ma maison est elle construite sur un cimetière indien ?", sans résultat. Les boulons qui maintiennent une de ses roues se dévissent tous tout seuls et il doit faire revisser les 4 boulons chez son garagiste. Le prêtre développera des stigmates aux mains.
Les mouches font une nouvelle incursion dans la salle de couture et les parents Lutz verront un "visage encapuchonné" apparaitre distinctement dans les flammes de l'âtre, car ils ont fait une bonne flambée pour se réchauffer (mais jamais personne des voisins ne verra la moindre fumée de cheminée).

Le 1er janvier arrive. Tous les Lutz, sauf Missy se retrouvent sans couvertures et toutes les fenêtres de la maison se sont ouvertes toutes seules. C'est le froid intense qui les a réveillés. Seule Missy dort paisiblement, tandis que le rocking chair oscille et que Jodie regarde du dehors, à l'étage.

Ensuite, ce sont des empreintes de sabots fourchus qui apparaitront dans la neige autour de la maison (rassurez vous, contrairement à ce qui est indiqué dans le livre, il n'y a aucun témoin). Kathy sera de nouveau victime de mains baladeuses "spirites" (hommes et femmes... toujours pas besoin d'un psy ?). Georges conduira son chien chez le vétérinaire qui ne verra rien d'alarmant.

Georges demande au prêtre qui a béni sa maison la première fois de revenir, mais celui-ci décline. Il célébrera une messe à leur intention dans son église, et à l'issue, une odeur pestilentielle envahira le presbytère. Cette odeur se fera aussi sentir dans la pièce secrète sous l'escalier.
Georges jette le fameux lion baladeur à la poubelle. Dans la nuit, il entendra un orchestre faire un vacarme de tous les diables (désolé, c'était plus fort que moi) au rez de chaussée, tandis que sa propre femme, en catalepsie lévite à un mètre au dessus du lit.
Le lendemain, il appelle le prête (oui, cette fois, la communication s'établit sans problème) qui accepte de venir, mais prévient sa hiérarchie qu'il se passe "quelque chose" dans cette maison (oui, je sais, il était temps....). Le soir même l'orchestre remet le couvert, et quand Georges descend, il ne voit rien, mais tous les meubles ont été poussés, comme pour faire la teuf au rez de chaussée.

Nous voila déjà au 6 janvier. Les autorités religieuses refuseraient d'exorciser la maison (on ne peut exorciser que des individus). Qu'à cela ne tienne, le prêtre conseille aux Lutz de faire appel à un para-psychologue....
Un médium conseille à Georges de vérifier si dans la maison il n'y aurait pas un puits. Hasard, il y en a un dans la fameuse pièce rouge secrète.
La nuit même, Kathy s'offre une seconde séance de catalepsie et de lévitation, mais son visage devient celui d'une horrible vieille femme.

Le lendemain, les fameux para-psychologues appelés "Eric" et "Francine" (Ed et Lorraine Warren), tant attendus arrivent et font un numéro clownesque assez réussi, puisqu'ils préssentent que "il y a eu un grand malheur dans cette maison". On ne saurait mieux dire et on peut supposer qu'ils ne savent pas lire le journal ni regarder la télé pour faire des prédictions aussi subtiles.

Nous arrivons au 8 janvier, et cette fois, c'est le couple fraichement marié, et sa nouvelle épouse qui passent la nuit dans la maison (le beau frère qui s'est fait piquer ses sous et qui revient, pas rancunier le garçon). A 3h15, les invités sont réveillés par d'horribles cauchemars d'enfants appelant à l'aide. Pour parer au plus pressé, les Lutz décident d'agir et passent dans chaque pièce de la maison, tenant un crucifix et récitant le Notre Père. Et au cours de l'opération, des voix leur crient d'arrêter de plus en plus fort.

Visiblement, ils ont écouté les voix, et arrêté leur croisade, puisque dès le lendemain, le prêtre les appelle pour avoir des nouvelles (oui, la communication fonctionne parfaitement bien) et apprenant ce qu'ils ont tenté, leur intime d'arrêter au motif que cela va sans doute exaspérer les forces maléfiques à l'oeuvre dans la maison...
Bingo : les murs se mettent à suinter une substance verte, en plein milieu de l'appel.

Le 10 janvier, la mère de Kathy arrive dans la maison pour aider sa fille, qui est malade. Georges en profite pour filer à la bibliothèque pour trouver des formules d'exorcisme et appelle le prêtre pour lui dire qu'il va les utiliser. Et le prêtre le dissuade de faire cette tentative au motif qu'il n'est pas prêt à affronter ce qu'il va devoir affronter. 
Ce même jour, Daniel, un des garçons se coince les doigts dans la fenêtre à guillotine. Ses parents le conduisent à l'hôpital mais le médecin ne diagnostique rien et tout rentre dans l'ordre, sans séquelle, heureusement.

Les choses se précipitent. Le 11, un gros orage éclate. Toutes les portes et les fenêtres de la maison sont mystérieusement restées ouvertes et l'orage fait des dégâts dans la maison même. Par mesure de sécurité, sans doute, Georges cloue des planches en travers de la porte de la salle de couture, et de la salle de jeux pour les condamner.

Le 12, Missy déclare à ses parents que Jody (le cochon volant aux yeux rouges lumineux), veut leur parler. Les parents suivent la fillette et voient Jodie à travers la fenêtre, qui leur demande gentiment la permission d'entrer. Georges lui jette une chaise à la tête à travers la fenêtre, et il disparait, sans doute vexé par un tel manque de politesse.

Le 13, Missy confie à sa mère que Jodie lui a confié quelle "allait vivre éternellement" pour jouer à tout jamais avec le pauvre garçonnet malade qui était mort dans cette chambre. Pris de peur (il était temps), les Lutz décident de quitter la maison (ben oui, l'idée ne leur était pas encore venue à l'esprit...Oh zut, je fais encore du mauvais esprit, mais j'essaie d'être spirituel)....
Comme le menuisier / vitrier est là pour faire les réparations et ne constate rien d'anormal pendant les réparations, ils reportent leur départ au lendemain.

Alors là, je dis Stop ! de qui se moque t on ? Un réparateur qui intervient le lendemain du jour où on l'appelle et qui répare tout sans manquer d'une pièce ou d'un outil est un concept totalement irréaliste.
Cette chose là est impossible... C'est ce point là, le seul en fait, qui fait douter de la véracité de toute cette histoire ;-))).....

Mais bon, reprenons... A 3h15 du matin, Georges et lui seul entend l'orchestre jouer au Rez de Chaussée.
Et le lendemain, c'est le jour prévu du départ. Georges appelle le prêtre pour lui dire qu'ils ont décidé de quitter (enfin ?) la maison. Mais ce n'est pas un départ précipité : ils font tranquillement leurs bagages. 
Pas de bol, la camionnette de la famille ne démarre pas, pour une raison bien entendu mystérieuse et inexplicable.
L'orage se met de la partie et les voila contraints de rentrer. Comme ils ne savent pas marcher sur leurs pieds, et quitter le piège qui se referme, ils sont bien obligés de rester là, nous sommes bien d'accord.
Or, l'orage provoque une panne d'électricité, mais la température monte car le chauffage continue de fonctionner (ce n'est peut être pas une chaudière électrique, tout simplement, mais ne chipotons pas), et la température avoisine les 30° alors que la maison est plongée dans l'obscurité. 
Ils s'éclairent donc à la bougie, mais la température tombe d'un coup. Ils montent dans leurs chambre. 
La table de nuit de Georges s'ouvre et se ferme toute seule, il entend encore la fête au Rez de Chaussée, s'endort et est réveillé par des coups mystérieux sur le corps. Il s'évanouit sous la violence des coups, puis aussitôt se réveille. 
Ses enfants hurlent : il se précipite. Les enfants lui disent qu'il y a un monstre dans la maison et effectivement, Georges voit le fameux visage encapuchonné (celui qu'ils ont déjà vu dans les flammes de la cheminée) se tenir face à lui, sur le palier de la porte.
 
Cette fois, il décide de partir sur le champ. Toute la famille se rue dehors, monte dans la camionnette (qui cette fois, démarre sur le champ) et fuit cette maison horrible le 14 janvier...


Que penser de tout cela ?

Au début, j'ai essayé de rester objectif et de ne relater que des faits. Mais les incohérences sont si énormes et si invraisemblables que je n'ai pas pu m'empêcher d'ironiser.
Reprenons les faits un par un.

Le matin à 3h15

Bien entendu, 3h15, fait référence à l'heure des meurtres de la famille De Foe. Mais le légiste a donné une fourchette (entre 3h00 et 3h15). 
Pourquoi justement se réveiller à 3h15, alors que les meurtres ont été échelonnés ? Quel est le meurtre de référence qui s'est produit à 3h15 très précises ? Pourquoi ne pas prendre en compte une autre heure ? Mystère et boule de gomme...

L'exorcisme ne marche pas

Et tout s'arrête là, sur cette constatation ? En fait, un exorcisme ne peut pas ne pas marcher. Si un exorcisme échouait, cela remettrait en cause les fondements mêmes de la religion (plus généralement les exorcisme existent pour la religion Chrétienne et la religion Musulmane, pour la religion Juive, je ne sais pas). Vous remarquerez que tous les livres / films qui en parlent ne font appel qu'à la religion Chrétienne (Catholique ou Protestante) ....
 
Pour ce qui est des Catholiques, tous les prêtres ont la capacité d'exorciser, mais seul un prêtre (il y en a un par diocèse, dont l'identité est tenue secrète) a reçu pour mission de l'Eveque en personne de pratiquer les exorcismes qui se font sur un rituel précis codifié par le Concile Vatican II et chaque exorciste a reçu une formation en psychologie pour identifier les aliénations les plus courantes (Google est votre ami). Nous reparlerons dans un futur article de l'exorcisme d'Anneliese Michel.
 
Là, le prêtre entend des voix qui veulent le chasser pendant la bénédiction et il reste là, à ne rien faire ??? Il ne rapplique pas avec la grosse artillerie ? Mieux il persévère dans le pêché en continuant à ne rien faire (ou pire, en conseillant de faire appel à des para-psychologues) alors qu'il serait témoin de choses "diaboliques" ? Encore un mystère...
 
Quoi qu'il en soit, les autorités religieuses ont toujours affirmé qu'elles n'avaient jamais été saisies d'un quelconque problème sur cette maison, et le prêtre (de son vrai nom Ralph J. Pecoraro) a toujours nié la totalité de ce qui a été dit sur ses actes et les évènements "bizarres", et même laisse planer un doute sur la bénédiction initiale de la maison, qui est, comme je l'ai déjà dit, une pratique courante, outre-atlantique. Il aurait bien béni la maison, entendu une voix lui dire "sortez" et pour lui, toute l'histoire s'arrête là.

Le temps perdu

Si Georges cherche à savoir si sa maison est construite sur un cimetière indien, c'est qu'il a bien compris qu'il y avait dans cette maison des phénomènes "étranges", et il ne commence ses recherches qu'à partir du 28 décembre, 3 jours après avoir vu le cochon volant aux yeux rouges... Et il ne consulte pas de psy ???
Idem pour la fuite : il ne fuient pas la maison en hâte. Comment expliquer cette attitude ?
Franchement, vous seriez témoins de ces phénomènes, combien de temps attendriez vous avant de prendre la poudre d'escampette ?

Les communications téléphoniques

Elles fonctionnent de façon aléatoire, certes, mais assez bizarrement, à la fin, elles fonctionnent alors que si elles conservaient la cohérence du début, elles ne devraient pas fonctionner. 
Pourquoi ce décalage dans la façon de fonctionner ? Au début, la friture sur les lignes a pour but d'empêcher le prêtre d'aider les Lutz et aussi de les empêcher de fuir. 
A la fin, les communications permettent au prêtre de dialoguer avec Georges et de lui conseiller de fuir, alors même que Jodie vient d'annoncer à Missy qu'ils doivent rester ? 
Et avec ça, pas un seul coup de fil ou de lettre pour se plaindre à la Compagnie du téléphone ? Aux USA, la qualité de service n'est pas une donnée annexe.

La météo

Il semble qu'il existe un "micro micro-climat" hyper centré sur la maison des Lutz, vu que les jours où ils relatent des orages, le temps est dégagé sur toute la ville alentour. 
Je sais, il faut être vicieux pour aller vérifier un truc pareil, mais le monde étant rempli de vicieux sceptiques, ils ont vérifié. 
Pourquoi mentir lorsque l'on est sensé donner une relation exacte des faits ? Et si le doute peut poser sur les points de météo, il peut donc logiquement se poser sur tout le reste.

La limitation dans le temps

Avant les De Foe, cette maison a été construite et des gens y ont vécu. Après les Lutz, cette maison a été achetée et habitée. Mystérieusement, tous les phénomènes ont cessé.
Pas de chance, hein ? Le seul mystère qui reste, c'est la courbe d'inflation du prix de cette maison, qui se négocie actuellement à plus de 1 million de dollars (Google est votre
pote).
Pourquoi les Lutz et eux seuls ? Parce qu'ils étaient criblés de dettes et qu'ils ont trouvé ainsi l'occasion de filer à la cloche de bois, vendre leur bouquin et se renflouer pour calmer leurs créanciers (250 000 dollars pour le livre et 160 000 dollars pour les droits sur le film, jolie somme en 1974) ? Hou, les vilaines pensées machiavéliques....
 
Pour information, la maison a été construite en 1913 et c'était une ferme. Elle a été vendue à la famille Moynahan et déplacée de quelques centaines de mètres pour construire cette maison si caractéristique du style colonial hollandais (encore une fois, relisez HP Lovecraft et son amour des toits en croupe : Wikipedia est votre super pote) en 1924, et la construction initiale est toujours visible de nos jours. 
Ils y sont restés 10 ans sans que le moindre cochon des environs ne se mette à voler. D'autres propriétaires s'y sont succédé, jusqu'en 1965, date de l'achat par les De Foe qui y ont vécu 9 ans, sans cochon volant.
 
Après le départ des Lutz, la maison a été vendue à leur banque pour rembourser leurs dettes, en août 1976, et rachetée en 1977. Les acquéreurs changent le numéro de 112 en 108, pour éviter les malades, les satanistes ou les curieux. Ils y vivront 10 ans, sans souci particulier. 
Puis, comme toutes les maisons, elle eût d'autres propriétaires et elle est encore habitée à ce jour, mais comptez vos sous dans la tirelire pour vous l'offrir. 
Un dernier détail : les fenêtres quart de rond qui donnaient l'apparence d'yeux sur la façade ont été remplacées par des fenêtres neutres et standard, ce qui donne un tout autre aspect à la maison.

Les para-psychologues

Il s'agit de Edouard et Lorraine Warren. Lorsqu'ils se déplacent dans la maison des Lutz, il y a des dizaines de caméra et ils peuvent faire leur petit numéro. 
Par contre, ce sont d'authentiques collectionneurs et ils ont créé un "musée de l'occulte" très connu et remarquable par les pièces exposées, notamment la fameuse poupée Annabelle dont on a tiré le film "conjuring Annabelle".  
Ils organisent régulièrement des repas assez chers et très courus (la réservation est indispensable) pour permettre à des amateurs de paranormal et d'occulte de les rencontrer et de discuter avec eux.
 
Il y aura aussi Stephen Kaplan, qui affirmera que toute cette histoire est un canular et en tirera un livre, et Hans Holzer, convaincu que la maison se trouve sur un cimetière indien malgré les preuves historiques que ce n'est pas le cas (mais il est sous contrat pour prétendre cela, nous en parlerons plus bas).

Les faits acceptables


Les mouches

Oui, les mouches sont un fait acceptable. Dans cette affaire on néglige trop souvent que la maison est construite tout à coté d'une vaste étendue d'eau et possédait un garage à bateaux. 
Les mouches se mettent en "sommeil" dès que le froid est trop important, ce qui permet de faire des tours de magie où l'on "réveille des mouches" simplement avec la chaleur de la paume de la main. 
Si des mouches avaient trouvé refuge dans la maison inoccupée depuis les meurtres de la famille De Feo, elles auraient très bien pu se réveiller avec l'augmentation de la température, sur laquelle Georges Lutz insiste beaucoup.

Les suintements

Là encore, on peut accepter le phénomène. La maison est dans une atmosphère humide, les Lutz chauffent et les murs froids, condensent, ce qui, selon la porosité du papier peint peut provoquer des suintements. La couleur verte peut venir de moisissures, de la colle ou de la détrempe du papier peint lui même....
Les Lutz insistent énormément sur les problèmes de températures et tout le monde sait que les chaudières sont capricieuses (très difficiles à régler), surtout dans les années 70 où elles étaient un facteur de progrès, mais également complexes à entretenir et à gérer. 
Les Lutz emménagent en décembre et la maison est restée inoccupée durant un très long moment. Il faut plusieurs jours pour "remettre en température" une maison froide. Et tous ceux qui ont la chance d'avoir habité une maison en montagne connaissent les murs qui suintent, les mouches qui se réveillent et les problèmes d'alternance de chaud et de froid dans la maison, sans compter que le froid est "ressenti" et que chacun a des perceptions différentes.

Le puits

Un vrai bonheur, le puits dans la maison. A lui tout seul, il peut expliquer plusieurs phénomènes, et notamment certaines zones de froid intense dans la maison. 
Pas besoin de revenant, un simple puits suffit. Les eaux stagnantes peuvent donner des odeurs nauséabondes, et les différences de température peuvent faire craquer le bois (les maisons américaines sont en bois) constituant la charpente. 
Encore une fois, l'eau est proche et le puits, même asséché devait être approvisionné en eau et bien malin qui pourrait dire si de l'eau ne continue pas à suinter selon certaines circonstances, principalement météorologiques. La boue, la vase, peuvent expliquer les odeurs, de même que l'eau stagnante. Et croyez moi, ce type d'odeur peut être pestilentiel.

Tenons compte aussi que si un courant d'air se fait, le puits entre en résonance (les vitesses des masses d'air en haut et en bas ne sont pas les mêmes) et le puits peut émettre différentes sortes de bruit plus ou moins rythmiques, et n'oublions pas que les basses fréquences peuvent avoir des répercussions importantes sur l'organisme humain, au point de donner des maux de tête, des douleurs abdominales, provoquer des malaises, voire entrainer la mort dans les cas extrêmes....
 
Cela expliquerait le changement d'attitude de toute la famille, et expliquerait les orchestres nocturnes. Reste à savoir pourquoi les autres familles ayant occupé les lieux n'ont pas été affectées plus que ça ? Sans doute parce qu'elles ont ramené les choses à leur juste place et pris les mesures qui s'imposaient (isolation, aération, etc...).

Les données psychologiques

Chacun réagit différemment face au stress. Certains enfants inventent des amis imaginaires. C'est une chose qui est assez courante et ne pose aucun problème. Habituellement, il ne s'agit pas de cochons volants, mais pourquoi pas. De même des adultes en situation de stress extrême peuvent avoir des hallucinations visuelles, auditives ou olfactives. 
Ils connaissaient aussi le passé tragique de la maison, et leur imagination a pu leur jouer des tours. Le mari était en quasi faillite, et donc avait les nerfs à fleur de peau. 

Ils voulaient prendre un nouveau départ, mais on ne quitte pas ses soucis simplement en changeant de maison. Certaines manifestations parfaitement explicables peuvent avoir un impact énorme sur des individus soumis à une forte pression psychologique, qui leur donne une signification conforme au chaos qui se trouve dans sa tête. De là à voir un cochon volant, pourquoi pas... mais un homme encapuchonné, il faut consulter d'urgence. Sauf si l'on est un enfant et que l'on "voit" le Père Noël, ce qui est un exemple classique de suggestion.

Il est à noter que d'aucuns ont prétendu que Georges était un expert en sciences occultes. Pourquoi pas si l'on considère sa réaction de consulter des ouvrages de démonologie directement à la bibliothèque. 
Ainsi, il aurait eu un terrain favorable pour "nourrir" ses fantasmes. Et il ne faut pas oublier que les 70's sont un terrain favorable à l'expérimentation de diverses drogues à effet plus ou moins long dans l'organisme, par exemple le LSD. Celles ci pouvant encore amplifier le phénomène.

Alors c'est du lard ou du cochon volant ?

Comme toujours, voyons à qui profite le crime. Car il y a toujours des mécanismes (et une réalité) économique derrière tout cela.

Le livre et le film présentent l'aventure comme étant vraie. Nous avons vu que certains phénomènes "bizarres" peuvent se produire et sont parfaitement explicables. Mais le fait que toute l'histoire soit centrée uniquement sur les Lutz en tant que propriétaires et que les autorités religieuses ne réagissent pas plus que ça, joint à la fortune ramassée par les auteurs font penser à un canular bien juteux.
Le chef de famille, Georges Lutz est au bord de la faillite. Cette histoire est inespérée pour faire rentrer du cash.

Elle s'appuie sur une affirmation de Ronald De Foe Jr, celui qui a assassiné sa famille et qui prétend, pour s'excuser des meurtres, avoir agi sous l'emprise d'un esprit démoniaque. Son défenseur, William Weber enfourche cette excuse comme cheval de bataille pour exonérer son client de sa responsabilité. Et il lui vient à l'idée de corroborer sa stratégie de défense en écrivant un livre décrivant que la maison est sous une emprise démoniaque. 

Ca vaut ce que ça vaut, mais nous sommes aux Etats Unis.

Il rencontre les Lutz et leur expose son idée (bien délirante après avoir éclusé quelques bonnes bouteilles) dans laquelle ils ont tous à y gagner : les Lutz de l'argent pour résoudre leurs problèmes financiers, Weber, un succès professionnel, Ronald De Foe Jr, une excuse débouchant sur une condamnation allégée et pour tous (car il y a d'autres associés)... de l'argent. 
Reste à trouver un auteur qui se chargera de tout mettre en musique.

Weber préssent un dénommé Paul Hoffmann pour rédiger le roman. Il rédige d'ailleurs un contrat dans ce sens. Mais les Lutz ont bien compris l'idée (et l'argent qu'ils peuvent en retirer) et traitent directement avec Jay Hanson (qui rédigera bel et bien le livre) qui leur propose une part bien plus intéressante que les 12% que leur laisse Weber, puisqu'il leur propose 50%.

Preuve que l'argent est au centre de toute cette affaire, Hoffmann vendra deux articles sur la maison "hantée" d'Amityville, ce qui lui vaudra, ainsi qu'aux autres "associés" un procès de la part des Lutz pour violation de la vie privée et autres broutilles... avec, à la clé, une demande de 4,5 millions de dollars d'indemnités pour le préjudice subi.

Les "associés" contre-attaquent pour violation de contrat et demandent 2 millions de dollars d'indemnités.

Le juge tranchera qu'il s'agit bel et bien d'une oeuvre de fiction initiée à l'origine par l'avocat Weber et renverra les deux parties dans les cordes en rejetant l'ensemble du dossier.

Le livre de Jay Hanson fut un best-seller et le film qui en fut tiré, aussi.
Morale de l'histoire : il faut toujours chercher quels sont les enjeux et le plus souvent, les enjeux financiers pour bien comprendre ce qui se passe en réalité.

Donc pas de mystère

Hé bien non, pas de mystère. Juste une grosse affaire de gros sous. Que les phénomènes décrits se soient bel et bien passés, c'est une chose des plus probables, mais qui a des origines bien explicables et parfaitement banales. Qu'ils aient été montées en épingle et sciemment détournées de ce qu'elles étaient en réalité dans des buts purement mercantiles ne fait aucun doute.

Encore une fois, il y a tellement d'éléments dans cette affaire qu'il faudrait écrire un roman pour en aborder tous les aspects, notamment les basses négociations commerciales qui se sont tramées entre Weber / De Feo Jr et la famille Lutz. 
Ce sont les procès (peu médiatisés, on se demande pourquoi) qui font la lumière sur cette affaire et qui lèvent le voile que l'on a pudiquement jeté dessus, car l'histoire est présentée comme authentique et comme nous l'avons vu, certains phénomènes sont parfaitement plausibles, bien que pas du tout mystérieux.