mardi 6 mars 2018

Jeanne of Arc

Nous allons aujourd'hui parler de la fameuse Jeanne d'Arc. Oui, celle qui entendait des voix et qu'un Cauchon à condamné à griller.
C'est la personne la plus connue qui se soit fait des cendres pour la France....
Trêve d'humour à 2 balles, nous allons attaquer dans ce billet une question passionnante car sa vie et sa mort soulèvent une multitude de questions et ont des répercussions de nos jours encore...

L'histoire commence pendant la Guerre de Cent ans, alors que le souverain français Charles VI, surnommé le "roi fou" tente de régner tant bien que mal et fait ce qu'il peut pour se maintenir sur le trône.
L'époque est effroyable pour le peuple, car les puissants se déchirent pour la succession sur le trône de France.... Et ils n'y vont pas de main morte...

Mais les anglais revendiquent aux aussi le trône de France et ils y ont légitimement droit, à cause d'un "trou" dans la lignée généalogique de la descendance mâle des Capétiens.
C'est pour éviter cette hérésie (puisque le roi d'Angleterre est"techniquement" un étranger, même s'il descend des souverains français) que la France avait dépoussiéré la "Loi Salique", héritée des Capétiens et toilettée pour faire en sorte qu'aucune femme ne puisse monter sur le trône.
Ceci, bien entendu, sans arrière-pensée bassement politique. Bref, la Loi Salique fixe les conditions de l'accession au trône de France par la lignée des mâles premiers nés.
Concrètement, les Anglais revendiquent le royaumes des Flandres, La Guyenne (leur berceau familial sur le continent), et ont un allié "naturel" en la personne des Bourguignons, qui se retrouvent eux aussi avec des frontières communes avec le Saint Empire Romain Germanique.


Petit inventaire des prétendants

A l'origine, il y a une lutte pour la domination entre la dynastie des Plantagenets (Angleterre) et celle des Valois (France).
Les Plangenets (en référence à un rameau de genêt posé sur un casque à la place du plumet) sont originaires du Sud-ouest de la France, ont été Rois de Jérusalem et sont sur le trône d'Angleterre.
Pour rappel, les Normands sont montés sur le trône d’Angleterre après la bataille d'Hastings (Richard cœur de Lion, son frère Jean sans terre et Ivanhoé...ça vous parle ?) et la devise d'Angleterre est "Honni soit qui mal y pense", en bon français s'il vous plait...

Sur un coté du ring, les Armagnacs, héritiers des capétiens, et partisans du Duc Louis d'Orléans.
De l'autre coté du ring, les Bourguignons, économiquement très puissants, qui soutiennent le candidat du duché de Bourgogne, Jean sans Peur.

Outsider, le roi Henri V d’Angleterre, qui a des troupes en France et veut reconquérir les anciennes possessions anglaises sur le sol français.


La guerre de cent ans

En 1337, Edouard III Plantagenet revendique, de par sa généalogie, le trône de France, et attaque Philippe VI de Valois.
C'est le début de la "guerre de cent ans" entre les anglais et les français (Wikipédia est votre ami).

D'abord victorieux, il est repoussé et à cause du conflit qui ravage les deux pays, chaque belligérant doit régler (et mater) des révoltes internes dues à la pauvreté et à la famine.
Successeur de Edouard III, Henri V Plantagenet ayant le premier réussi à régler ses problèmes intérieurs, il profite de la rivalité entre la maison de Bourgogne et des Armagnacs pour revenir sur le ring.

Il ne faut pas oublier qu'en 1415, a eu lieu la bataille d'Azincourt qui a trucidé la quasi totalité des chevaliers français.
Petite parenthèse qui va réveiller vos souvenirs de classe : les anglais sont en infériorité numérique, mais les chevaliers français sont décimés, à distance, par des archers gallois qui tuent les destriers et les chevaliers empêtrés dans leurs armures sont achevés, au sol, par les coutiliers.
La première initiative de Jeanne sera de massacrer les archers gallois par surprise, au cours d'une charge de cavalerie, privant ainsi les anglais d'une supériorité technologique (pour l'époque).
Les Anglais ont donc mis pied-à-terre sur le continent.
Et Henri V entend bien pousser l'avantage pour reprendre ses anciennes possessions.
Comme ils sont dans le nord de la France, ils font alliance avec les Bourguignons.

C'est une "guerre sale" qui ne recule devant aucun coup bas, aucune atrocité, pour faire triompher sa faction. Et le pays est exsangue.
En 1407, le Duc d'Orléans est assassiné sur les ordres de Jean sans Peur.
Mais au cours du trajet pour une entrevue qu'il devait avoir avec le Dauphin, Jean sans Peur, qui croyait ceindre la couronne royale, est assassiné à son tour en 1419.
Il meurt dans un attentat organisé au pont de Montereau, probablement sur ordre du Dauphin.


Les revirements politiques

Ce n'est pas nouveau, comme nous allons le voir.
L'époque est plus que troublée et Isabeau de Bavière, femme du Roi de France, devient régente du Royaume lorsque son mari, Charles VI sombre dans la démence.

Pour mieux fixer les idées sur la panique qui règne, c'est au cours de cette période que se produit le Grand Schisme d'Occident (Wikipédia est là pour vous aider).
La Reine n'est pas préparée à assumer les responsabilités de la régence, et elle subit la mauvaise influence de ses différents conseillers (notamment son propre frère) et pille le Trésor royal.
Dans un premier temps, elle se range du coté des Bourguignons. Mais à la mort du Duc de Bourgogne, elle prend le parti des Armagnac.
Certaines mauvaises langues la pensent maitresse de Louis d'Orléans. Quoi qu'il en soit, la pauvre Isabeau a la réputation d'être au minimum un femme légère, au pire d'avoir des mœurs dissolues.

Mais elle a compris que pour être légitimée, et voir son fils sur le trône, elle devait réunir les deux factions et donc devenir médiateur entre les deux partis. Résultat, les Armagnacs l'exilent, et elle reçoit alors le soutien des Bourguignons.
Vous suivez toujours ?

En 1420, Henri V d'Angleterre, qui a fait alliance avec la régente (il a épousé la fille d'Isabeau, Catherine de Valois) et les Bourguignons obtient la signature du traité de Troyes.
Ce traité le reconnait comme héritier du trône, le Roi Charles VI étant toujours le souverain en titre, malgré sa folie.
Mais ce même traité comporte une clause léonine : l'héritier de Charles VI, le futur Charles VII, est mis à l'écart du trône, désigné comme «soi-disant dauphin de Viennois», avec, pour seule justification, «en raison de ses crimes énormes».
Bref, Henri V a un boulevard qui le mène vers le pouvoir (oui, j'essaie les alexandrins...)



Mais l'histoire ne s'arrête pas là

Ce serait trop beau.
La fusion tant espérée en un seul royaume, ne se produira pas.
Henri V décède, laissant comme héritier Henri VI (donc le petit fils d'Isabeau de Bavière), un enfant de 1 an.
De fait, sa légitimité en tant qu'héritier de la famille Lancaster (donc Plantagenet) et de la fille de la Régente de France, le fait légitimer par le nord de la France, zone occupée par les anglais, mais aussi, nous y reviendrons, par la Faculté de Paris.
Peu de temps après, Charles VI meurt à son tour. Et son héritier est, bien entendu, légitimement reconnu dans le sud du pays.
Il s'agit du "Dauphin Charles", qui deviendra donc Charles VII, roi "autoproclamé" le 21 octobre 1422, à la mort de son père.
On le surnomme d'ailleurs, par dérision, le "Roi de Bourges", car le sacre des Rois de France se fait traditionnellement à Reims (Oui, c'est là qu'on fait le Champagne).
Charles est par ailleurs considéré comme le prince le plus cultivé de son époque, car il est formé par les meilleurs maitres de son temps...

Mais ses ennemis feront courir le bruit que le jeune Dauphin est manipulé par des conseillers "aventuriers sans scrupules", "avides de pouvoir", et cupides.
Ils lui feront même une réputation d'indolence, voire d'apathie et de manque de caractère, alors que l'Histoire montrera au contraire, une conduite avisée (Wikipédia est votre ami), malgré quelques périodes de dépression et de découragement (ce que l'on peut parfaitement comprendre).



Zorro est arrivé-é-é

Je vous laisse digérer votre cachet d'aspirine, et je reprends.
Donc, stratégiquement parlant (et surtout militairement parlant), le Roi Charles VII est en mauvaise posture.
Le Duc de Bedford, tuteur du bébé Henri VI, devient Régent du royaume et devrait techniquement (vu les forces en présence) remporter une victoire facile sur l'autre parti.
Il prend les armes et commence sa conquête par une série de victoires.

Il reste toutefois quelques poches de résistance au nord de la Loire, notamment la ville d'Orléans.

Le 25 février 1429, dans son château de Chinon, le Roi Charles VII, entouré de toute sa cour et dans le plus faste apparat, accorde une audience ... à une bergère de 16 ans, qui se présente sous le nom de "Jeanne d'Arc", venue de Lorraine et qui se dit inspirée par Dieu....
Elle a "entendu des voix" (ou "eu des visions" selon certaines versions) qui lui ont donné pour mission de "bouter les Anglois (non, ce n'est pas une faute) hors de France" et de placer le Roi de France sur son trône : "Gentil dauphin (succès repris par Gérard Lenorman), je te dis de la part de Messire Dieu que tu es vrai héritier du trône de France".
Et, tout naturellement, après un simple examen par des ecclésiastiques qui confirment qu'elle est "sincère" et "bonne Catholique", le Roi lui fait confiance et lui confiera, sans sourciller, des troupes pour accomplir cette mission.

Bon, moi perso, j'aurais plutôt prescrit une camisole et une bonne douche froide, mais le fait est que dès ce moment, les victoires s'enchainent pour le parti des Armagnacs... et que leur parti reconquiert petit à petit les territoires qui leur avaient échappé.
Dans l'Histoire, on appelle cette jeune bergère "Jeanne d'Arc" ou "Jehanne la Pucelle".

Qui est cette jeune fille ? Comment une simple bergère demande - et obtient - une audience au Roi ? Pourquoi lui fait-il confiance ? Comment expliquer le renversement de situation ?
Et surtout... d'où viennent les voix (si voix il y a) ?


Jeanne d'Arc

Bien entendu, les faits mentionnés ci-dessus appartiennent à l'Histoire. Mais cette "apparition" providentielle de Jeanne a fait couler beaucoup d'encre.
Et, bien entendu, tous les complotistes de tous poils y ont vu un terreau favorable pour des théories fantaisistes toutes plus folles les unes que les autres.
J'ai même lu sur un site que c'était un coup... des extra-terrestres... Ben ouais, ça faisait un bail qu'on en parlait plus, d'eux...
Donc, démontons le complot du silence...(non, c'est une blague, hein ? HEIN ?)

Donc, le Roi est assiégé à Chinon. La jeune fille déclare s'appeler "Jeanne d'Arc", et le Roi lui confie ses troupes.
En fait, le Roi a comme chef de ses troupes, Jean de Dunois et dispose aussi de troupes écossaises (on parlera plus en détail de l'Ecosse une prochaine fois, car ce sujet est passionnant). Jeanne d'Arc les rejoint.
Et les historiens s'accordent sur le fait que la levée du siège de Chinon est une éclatante victoire française.

Ensuite Jeanne d'Arc sera de toutes les batailles, toutes victorieuses, Et finalement, le 17 juillet 1429, sa mission sera accomplie : le Roi arrive à Reims pour y être sacré.

Dès la levée du siège, bataille après bataille, le Roi et son escorte, au terme d'une "marche victorieuse", plus ou moins en terrain ennemi, vont à Reims (en plein cœur du territoire Bourguignon) et le Roi est "officiellement" sacré Roi, suivant le rituel traditionnel.
Problème, à Paris, Henri VI, qui a maintenant 9 ans est lui aussi sacré Roi de France.

Donc, les deux factions en présence décident de suspendre les hostilités, le temps d'y voir plus clair.
Mais le 10 mai 1430, les Bourguignons rouvrent les hostilités avec le siège de Compiègne par Jean de Luxembourg.
Jeanne d'Arc se porte à leur secours à la tête d'une colonne de 400 soldats, mais elle tombe dans une embuscade et est fait prisonnière.
Les Bourguignons la vendent (ni plus ni moins) aux anglais, et comme chacun sait, elle est jugée à Rouen par un tribunal ecclésiastique, présidé par l'Evèque de Beauvais, Pierre Cauchon.

Comme les Templiers avant elle, elle est condamnée à mort sur le bûcher, comme hérétique et relapse, et sera brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431. Elle avait 19 ans.

Ce n'est qu'en 1449, après avoir libéré Rouen, que Charles VII, sans doute pour honorer sa dette envers elle, fera ouvrir un procès en réhabilitation pour Jeanne d'Arc. Elle sera réhabilitée le 17 juillet 1456.



L'impact de Jeanne d'Arc

En 1920, sa fête deviendra une fête nationale, fêtée le dimanche suivant le 8 mai, jour anniversaire de la délivrance d'Orléans.
Elle est nommée Sainte Patronne de la France.
Elle est aussi et surtout le symbole de la résistance de la France contre les occupants et certains feraient bien de s'en rappeler avant de s'en prévaloir.
Mais marcher au pas de l'oie a des effets néfastes sur la mémoire ... et sur l'intelligence...

Mais concrètement quel a été le rôle réel de Jeanne d'Arc ?
En fait, elle n'a jamais commandé d'armée, mais a su galvaniser les troupes à un point tel qu'ils allaient au combat sûrs de leur victoire, car ils étaient du "bon coté" : ils étaient "inspirés" par Dieu, et Jeanne en était témoin.
Bref, ils massacraient mieux que ceux d'en face car, grâce à la présence de Jeanne qui tenait leur moral au plus haut,leur combat était juste et la victoire "devait" obligatoirement leur revenir.
Ils se battaient pour une juste et noble cause et Dieu les soutenait...

Mais sur le plan politique, Jeanne est la "femme qui tombe à pic"...
Son intervention tombe à point nommé. Elle renverse la situation politique et militaire et légitime un Roi de France français en le faisant sacrer à Reims, suivant la tradition...
Champagne !!!



La Jeanne historique

Vu l'exactitude toute relative de la tenue des registres paroissiaux d'Etat-Civil (et à Domrémy, il n'y avait pas de registre paroissial en prime), Jeanne nait aux environ de 1412, dans le village de Domrémy (dans les Vosges).
Vers 17 ans, elle affirme avoir reçu pour mission de délivrer la France de l'occupant anglais, mission confiée par Saint Michel, Marguerite d'Antioche et Catherine d'Alexandrie.
On connait son prénom et son nom par les minutes de son procès. Elle dit s'appeler Jeanne (Jeanette dans le patois des Vosges) d'Arc (ce qui aujourd'hui équivaudrait à Dupont) et Rommée (nom de sa mère qui avait fait le pèlerinage de Rome).
La juxtaposition du nom du père et de la mère était une coutume locale. Nous avons donc le nom patronymique et le nom matronymique, ce qui pourrait satisfaire une énième réforme de l'orthographe dont on parle beaucoup (et beaucoup trop) ces temps derniers...
De plus, d'après les médiévistes, on ne connait pas son nom exact, car, sur les minutes, il s'agit d'une transcription phonétique et on ne sait pas non plus s'il s'orthographie Darc (comme Mireille) ou d'Arc (nom à particule qui suggère la noblesse).
Elle ne connait pas son âge exact, mais l'évalue à 19 ans...

Elle est la première d'une famille de 5 enfants, et son père n'est pas qu'un "simple laboureur" comme on le croit. Il est un notable du village et possède des biens et des bêtes.
Jeanne est une fille courageuse, franche, honnête et très pieuse.
Elle commence à entendre des voix à 13 ans, ce qui l'effraie, mais au fur et à mesure, elle les écoute, s'isole des autres enfants de son âge et rompt même ses fiançailles, ce qui lui vaudra un procès.
Et Jeanne fait preuve d'une étrange détermination. Elle quitte sa famille sous un faux prétexte et tente de s'enrôler dans l'armée, en tant qu'Elue d'une ancienne prophétie.
On la prend pour une illuminée (tiens donc ??) et on la renvoie dans ses foyers.
Elle ne renonce pas pour autant et son audace ainsi que sa perspicacité (wikipédia est votre ami : journée des Harengs) font qu'elle finit par être prise au sérieux.
Un capitaine du Roi, Robert de Baudricourt lui donne une escorte et la fait mander près du Roi (vous avez vu la phrase... classe, non ?).

Bien entendu, Jeanne porte des habits masculins (ce qui est habituellement mal vu, surtout à cette époque et encore à la fin du XIX ème siècle, il fallait avoir une autorisation préfectorale pour en porter) et la coupe de cheveux de Mireille Mathieu (à moins que ce ne soit Mireille qui ait copié l'autre).
Bref, vous l'aurez compris, un personnage hors du commun.

Le Dauphin la reçoit, non pas en grande fête dans la salle du château, mais dans ses appartements privés. La grande fête mentionnée au début n'aura lieu qu'un mois plus tard.
Par contre, le fameux examen du collège d'ecclésiastiques, outre l'examen de conscience, se transforme plus banalement en une vérification de sa virginité par des matrones, sous l'autorité de la belle-mère du Roi...
Pourquoi cet examen ?

Quoi qu'il en soit, elle passe ces tests avec succès et on lui donne une armure et une bannière blanche à fleur de lys. Elle écrira dessus "Jesus Maria".
Elle sait donc lire et écrire... Pas exactement le profil de la bergère de l'époque.

En tout cas, son épopée est, de quelque point de vue qu'on la considère, stupéfiante.
Les historiens se demandent encore aujourd'hui si elle n'a eu qu'un rôle de porte-étendard, allant courageusement au cœur de l'action, comme "Elue divine" (Joli jeu de mots, merci), raviver le courage de ses troupes et repousser l'ennemi ; ou bien une habileté de fine tacticienne qui conseillait efficacement les chefs de guerre...
Quoi qu'il en soit, l'histoire finit mal pour elle.

Jeanne veut reprendre Paris, ville symbolique et siège de "l'autre Roi". Charles VII hésite, mais Jeanne attaque et sera blessée et son assaut repoussé.
Charles VII lâche l'affaire, mais pas Jeanne.

Elle créé donc sa propre armée et elle chevauche en tête. Plusieurs fois blessée, elle "y retourne". Mais malgré son courage et sa ténacité, les succès militaires ne seront pas au rendez-vous.
On la force à se calmer, mais encore une fois, elle prend la tête d'une compagnie de volontaires et part secourir Compiègne assiégée par les Bourguignons : elle y sera capturée le 23 mai 1430.

Les Bourguignons la vendent (malgré ses tentatives, elle ne réussit pas à s'échapper) aux Anglais pour 10 000 "livres tournois" (Wikipedia est votre pote).



Un procès plus que truqué

Les Anglais l'envoient à Rouen (leur Quartier Général) sous la garde de Pierre Cauchon, Evèque de Beauvais. Et on la juge pour hérésie.
Les juges sont parfaitement impartiaux (naturellement) et savent qu'ils doivent condamner Jeanne à mort sous peine de violentes représailles, ainsi que le démontrera son procès en réhabilitation.
Leur problème, c'est qu'ils ne savent pas sur quel chef d'accusation se baser....

L'interrogatoire de Jeanne est très violent, mais on lui épargnera les tortures ("la question").
C'est une bonne Chrétienne, convaincue de sa "mission", et assez prude puisqu'elle avait fait renvoyer de l'armée les prostituées qui suivaient les soldats.
Alors, on va la déclarer hérétique sur le fait qu'elle porte des habits masculins, qu'elle ne reconnait pas l'autorité ecclésiastique terrestre, et que les "voix" qui lui parlent sont inspirées par le démon plutôt que par Dieu...
C'est d'ailleurs le chef d'accusation principal : Revelationum et apparitionum divinorum mendosa confictrix (imaginant mensongèrement des révélations et apparitions divines)...
Mieux le vieux Cauchon (joli hein ?), afin de trouver un autre chef d'accusation "fort", la fit examiner par un collège de matrones pour vérifier sa virginité... qui était intacte.
Certes, elle aurait pu avoir d'autres pratiques me direz-vous, mais vous avez vraiment l'esprit mal tourné...

Pour Jeanne, il n'y a plus qu'un recours : le Pape. Mais ses juges empêchent l'appel.
Comme les Templiers avant elle (oui, rassurez-vous, il y a aura un billet sur eux... j'y travaille), elle sera déclarée « relapse » (retombée dans ses erreurs passées), et condamnée au bûcher.
Les Anglais ont été très clairs : il ne doit absolument rien rester du corps de Jeanne, pour éviter tout culte posthume (ça vous rappelle quelque chose ??).
Pour être bien certains qu'elle est morte de chez morte, les Anglais lui font subir publiquement 3 crémations successives (voir Wikipedia), et les cendres qui restent sont jetées dans la Seine...
Mais comme nous allons le voir... toutes ces précautions permettront quand même à certains de penser que... Jeanne d'Arc a survécu...


La théorie complotiste

C'est comme pour un tour de magie : plus on tente de vous persuader qu'il n'y a rien... plus on peut penser que l'on tente de vous dissimuler quelque chose...
Tout ce luxe de précautions permet de démontrer que Jeanne d'Arc n'est plus... mais pourquoi vouloir tant prouver, si ce n'est pour dissimuler un vaste complot...
Car, après tout, avouons-le, la vie de Jeanne est digne des meilleurs scénarii.
Une roturière "entend" des voix divines, met sur le trône de France le Dauphin qui était quasiment vaincu, repousse les Anglais, s'habille en garçon, ce qui, pour l'époque est signe démoniaque, et vit en quelques années ce que d'autres ne vivraient pas dans toute leur vie... Bref, elle a un destin exceptionnel.
Même sa fin tragique est digne des meilleurs scenarii d'Hollywood...
Les armoiries de Jeanne sont examinées et réexaminées et qu'importe que les historiens expliquent que suite à sa bravoure et à ses faits d'armes, Jeanne et sa famille aient été anoblis, d'où ces armoiries spécifiques...
Et si ?....
Car oui, Jeanne et sa famille ont été anoblis sans titre, sans possessions agricoles, et sont restés roturiers, et d'ailleurs on leur a retiré le titre quelques années plus tard...
De fait, ces armoiries si particulières existent bel et bien...
Puisque l'on sait maintenant qu'Elvis n'est pas mort, ni Mickael Jackson et que les Ricains ne sont jamais allés sur la lune, et que l'on vous cache tout, allons voir un peu ce qui se trame en coulisses...


Pas une, mais deux

Bon, je vous fais la version courte : il y a un complot "officiel" sur lequel on observe l'omertà.
Vous n'en trouverez trace nulle part, sauf, bien entendu sur ce site, car moi seul connais la vérité et l'on veut me faire taire.
Ma seule chance, c'est de tout déballer, car si tout le monde est au courant, je ne risque plus rien...
Oui on tentera de me faire passer pour fou, mais c'est le lot de ceux qui se dressent Pour la Vérité et Contre le mensonge...
On me décrédibilisera, pour faire en sorte que la Vérité ne soit connue que d'une poignée, d'une élite...
Mais voici enfin la Vérité ...

Ca y est ? Vous êtes dans l'ambiance ? Je n'ai rien oublié ?
J'ai vérifié et j'ai bien tout mis : le complot, la menace sur ma vie, l'élite complotiste inconnue (vous n'en faites jamais partie, rassurez-vous. Moi je sais tout, mais j'en fais pas partie ???), et, astuce suprême, je vous prépare déjà au fait que on va démonter mes belles théories.
Ce n'est pas parce que mes théories sont un ramassis d'âneries, et qu'on peut les démonter, mais bien parce qu'il y a un complot là dessous... Toute l'astuce est là...
Et le pire, c'est que je ne peux pas produire de preuve pour étayer mes dires, car ils sont puissants et ont bien fait en sorte que je ne puisse rien prouver...

Bon, maintenant que vous êtes dans l'ambiance paranoïaque voulue, on y va...
Il y a deux théories complotistes : les "bâtardisants" et les "survivistes" (survivalistes étant déjà pris par ailleurs).
Les "bâtardisants" pensent que Jeanne était née de sang royal, mais cachée aux yeux de tous à Domrémy pour d'obscures raisons de lignage et elle vient au secours de sa "vraie" famille en aidant le Dauphin.
Il faut dire que la réputation de Isabeau a joué en faveur de cette thèse, car, en son temps, on la prétendait assez "légère"....

Les "Survivistes", quand à eux, pensent que le bûcher était une fumisterie (celle là, il fallait oser), une mise en scène et que Jeanne a accepté une "transaction" et on la retrouve plus tard, sous deux identités.



Les bâtardisants

Hé oh, soyez polis...
Cette histoire "parallèle" a été initiée par Jean Jacoby, suivi par Edouard Schneider et Jean Bosler.
Leur version est que Jeanne d'Arc n'avait pas pour parents Jacques d'Arc et Isabelle Romée, mais bel et bien Isabeau de Bavière elle même, faisant d'elle la demi-sœur du Roi.
Ainsi, on explique son statut qui l'autorise à parler au Roi, le fait qu'elle sache lire, sa connaissance des usages de la Cour, voire même son expérience militaire...



Les survivistes

Jean Grimod reprend cette théorie et la continue : si Jeanne est bien une princesse de sang royal, il est "évident" que les anglais n'auraient jamais osé la brûler...
Donc, loin de la faire brûler 3 fois pour être sûrs qu'il n'en reste rien (Wikipedia), ils l'auraient faite évader, et qu'elle aurait continué sa vie, pépére et mariée sous le nom de "Jeanne des Armoises" et Wikipedia est votre pote.



Objections votre Honneur !

Jeanne D'Arc ne se présente pas sous ce nom, mais dit s'appeler Jeanne en France, et Jeanhette à Domrémy. Sans doute pour dissimuler sa royale ascendance...
Elle laisse planer un doute sur sa date de naissance
Il est vrai que Jeanne d'Arc ne s'est jamais présenté elle-même sous ce nom. Est ce pour autant la conséquence d'un complot (on ne nous dit pas tout ;-) ) ?

Ben... NON... A cette époque, il n'existe pas de nom patronymique tel qu'on le connait de nos jours. Pareil pour les registres d'Etat Civil : l'Etat Civil n'existe pas encore, et ce sont des Registres Paroissiaux qui sont tenus sans procédure particulière par le curé du village, chacun faisant comme bon lui semble, sans unification des données.
C'est donc la coutume locale qui s'applique pour le nom.... ce qui est quelque peu source d'erreurs...
Le curé connait ses paroissiens et son problème c'est d'en tenir le compte, pas d'imaginer que des siècles plus tard, on viendra contrôler ses registres paroissiaux pour y appliquer les règles napoléoniennes de l'Etat-Civil...
A son procès, Jeanne déclare qu'elle est née au village de Domrémy, et que son père "s'appelle Jacques d'Arc et (sa) mère Isabelle.". Elle est donc Jeanne d'Arc.
Et il en va de même pour la date de naissance : Jeanne ne la connait pas exactement, comme toutes les personnes de cette époque.
Pour un prêtre, seule compte la date du Baptême. Mais le baptisé a t il un an, six mois, trois jours ?
Il est né "aux vendanges" ... et encore, les parents ont mieux à faire durant ces périodes que d'aller à l'église : la terre n'attend pas.
Les registres médiévaux sont tenus de façons désordonnée et les faits ne sont pas toujours tous consignés.
L'argument ne tient pas. Il serait valide de nos jours avec des registres informatisés, mais à l'époque, la gestion se fait au "doigt mouillé"...
Vous constaterez avec plaisir que cette question des enfants illégitimes revenant pour réclamer leur part d'héritage. La presse pipole actuelle s'en fait une joie.
Le Papet (Yves Montand), Cloclo (Claude François) et d'autres y ont eu droit....
Alors, imaginez si vous transposez ces ragots à une époque où il n'y a pas de test ADN, et où les registres sont aléatoires.

Allons même plus loin, et acceptons l'idée que Jeanne soit une bâtarde royale. N'allons pas plus loin que Jean de Dunois (Wikipedia est votre pote).
C'est un fils naturel "officiel" connu sous le nom de "le Bâtard d'Orléans". Il devient chef militaire de la maison d'Orléans et est un compagnon d'armes de Jeanne.
Pourquoi n'aurait-elle pas eu les mêmes égards ??
Visiblement, à cette époque, la légitimité de la filiation n'a pas l'air de poser trop de problèmes.
Pourquoi en serait-il autrement pour Jeanne ??
Une fois l'acte constaté avec la grossesse de la mère, pourquoi dissimuler la naissance, légitime ou pas, de l'enfant ?



De même, supposée enfant royale et donc éduquée comme telle, elle est une cavalière émérite et un valeureux capitaine, doublé d'un fin stratège.
Dans un premier temps, c'est une bergère, mais voila que le vilain petit canard a éclot et qu'il devient un valeureux guerrier...
Question : où a t elle appris l'art de la guerre ? En lisant Sun Tzu ? Elle s'est entrainée comment ?
Et pour le cheval ? Là, c'est simple.... Comme tous les petits paysans, elle a probablement fait du cheval. Elle doit donc savoir le B.A.BA. de la chose.
Mais ce n'est sans doute pas la cavalière émérite que l'on veut faire croire : a son procès, un médecin, mandaté par Cauchon, a constaté certaines blessures provoquées par le manque de pratique équestre...


Le Blason de la Pucelle

Hé oui, Jeanne d'Arc a un blason, car elle a été anoblie par le roi Charles VII.
Mais là encore, il y a problème ...
Elle est anoblie, ce qui veut dire qu'avant, elle ne l'était pas, Merci Mr de la Palice.

Mais aucun document officiel direct n'en fait mention. Seuls des documents postérieurs indirects en font foi, avec donc des possibilités d'erreurs, volontaires ou non.
En 1614, le Roi aurait retiré ce titre (Dame du Lys)à la famille d'Arc qui n'était pas noble, économisant ainsi les pensions à verser aux héritiers (indirects) de celle qui s'était sacrifiée pour la France...
Belle mentalité, mais le fait est : aucune noblesse dans la famille.
Mieux, l'anoblissement ne lui attribuait pas de terres, et donc, le titre était purement symbolique, n'ayant pas de fief à transmettre, au bon prétexte qu'elle avait fait Vœu de chasteté, mais aussi de pauvreté...
Tous ceux qui ont pensé à Louis de Funès (Don Salluste), en haut de son armoire dans "La folie des grandeurs" avant de partir expier à la Punta del Sol ont gagné....

Pour ceux (plus sérieux) qui veulent voir ce blason, Google est votre ami....



L'évasion est aussi une piste qui fut souvent mentionnée...
Le château où était détenue Jeanne aurait été truffé de souterrains secrets (bien sûr).
A la veille de monter sur le bûcher, Cauchon, l'aurait fait s'enfuir par les souterrains (secrets, on vous dit !) et remplacer par une autre fille.
Volontaire sans doute ? Car elle n'a pas jugé bon de prévenir les autorités de la substitution....

Bon. Je dirais simplement comment serait-ce possible ? On n'a jamais retrouvé de souterrain (ben oui, ils sont secrets)... et la condamnée n'a jamais dit qu'elle n'était pas la bonne personne (normal, elle est volontaire)...

On sait que lors de sa capture par les Bourguignons à Compiègne le 23 mai 1430, elle tente de s'enfuir deux fois.
Mais ses deux tentatives échouent, et elle se blesse sérieusement lors d'une tentative, en sautant d'une fenêtre.
Assez bizarrement, à chaque fois, on ne la laisse pas fuir... On la conserve captive.... et on la condamne au bûcher.

Le cardinal de Winchester met tout en place pour qu'il ne subsiste pas le moindre reste de Jeanne qui puisse servir de relique.
Il a prévu trois crémations successives. Je vous invite à aller sur Wikipedia pour les détails morbides de cette triple crémation.
Mais il est un fait que les anglais veulent bien montrer que c'est bien Jeanne qui est exécutée et qu'il ne peut y avoir aucun doute sur la personne, en détruisant de même tout ce qui pourrait servir à un "culte" de sa personne.
Pour les anglais, l'évasion de Jeanne est le pire des cauchemars et ils ont pris toutes les précautions pour que cela ne se produise pas et que l'on sache qu'ils avaient mis un terme à ses agissements. Avertissement sans frais aux suivants qui auraient envie de suivre ses traces....
Pour confirmer la chose, il fallait des témoins irréfutables, qui ont consigné l'exécution inexorable de la sentence (Pierre Cusquel, Guillaume de la Chambre, les notaires Guillaume Manchon, Guillaume Colles, Nicolas Taquel, etc..).



Jeanne des Armoises

Usurpation d'identité en vue de commettre des escroqueries, ça va chercher dans les combien ?
Mais ce qui est marrant, c'est que c'est la plus connue, mais non la seule qui se prétendait être la véritable Jeanne...
Il y en eut plusieurs, de bien moindre notoriété, et Jeanne des Armoises est la seule dont le nom soit parvenu "facilement" à nous, tant sa renommée était grande.

Elle avait obtenu la caution des "frères" de Jeanne.
Mais étaient-ce bien ses frères ? Dans l'affirmative, ne "surfaient" ils pas, eux aussi, sur la vague de générosité à propos de Jeanne pour soutirer quelques espèces sonnantes et trébuchantes à la population crédule ?
Jean Dunois ne s'en privait pas et il est possible, dans un premier temps, qu'il ait vu une opportunité financière facile avec la nouvelle Jeanne, mais leur accointance fut de courte durée.

Revenons à Jeanne des Armoises. Déjà, son mari était un chevalier félon contraint à l'exil par son suzerain (qui lui avait retiré son titre de Seigneur de Tichemont)... et totalement ruiné (ses biens sont sous séquestre).

Lorsque son mari meurt, elle se rend à Orléans pour solliciter une aide financière. La Ville lui octroiera 210 livres, somme importante, pour l'époque.
Mais lorsque le roi arrive en ville, elle prend la poudre d'escampette, pour éviter de le rencontrer ...
Pourquoi donc ? Si elle veut se faire reconnaitre, il n'y a pas meilleure occasion ...

Il en va de même pour la vraie mère de Jeanne : elle l'évite, alors qu'une bonne jeune fille pieuse n'aurait comme seul objectif que d'aller la rassurer sur sa survie, non ?
Son arnaque est bien montée et elle a un aplomb extra-ordinaire (et sans doute une certaine ressemblance avec la véritable Jeanne) qui lui permet de duper les gens.
Très douée, elle répond aux questions par des approximations qui ne veulent rien dire tout en le disant.

Elle est si douée, et les gens sont tellement friands de "miracles" que son système fonctionne. A tel point qu'Orléans cesse de célébrer le service funèbre dédié à la mémoire de Jeanne d’Arc pendant trois ans !!!
Mieux : Jeanne des Armoises obtient de Gilles de Rais, vieux compagnons d'armes de Jeanne d'Arc, un commandement pour l'aider, militairement, dans le Poitou.
Mais il faut savoir qu'à cette époque, Gilles de Rais est devenu fou : il commet des actes pédophiles sur de jeunes enfants avant de les sacrifier lors de messes noires...
Ceci explique qu'il puisse ne pas la reconnaitre, mais surtout montre bien ce que Jeanne des Armoises est capable de cautionner pour arriver à ses fins.


Pour Jeanne des Armoises, elle fut démasquée après enquête de l'Université et du Parlement de Paris et admit publiquement l'imposture. Elle fut condamnée à la réclusion à perpétuité à son domicile.



OUF !!!

Et je vous fais grâce des drapeaux templiers et de tout le reste....
Je suis bien content d'être arrivé au bout de cet article....

Dès que l'on commence à creuser sur Jeanne d'Arc, on se rend compte qu'en marge de l'histoire officielle, qui est relativement simple, il y a des centaines de théories, toutes fantaisistes qui sont cristallisées sur sa personne.
Comment une seule personne arrive à faire autant échafauder de théories ?
Sans doute par son destin hors du commun, qui échappe à notre entendement logique.
Si vous regardez l'Histoire, vous trouverez des centaines d'histoires dont la plupart pourraient faire verdir les scénaristes hollywoodiens les plus retors.
Des destins particuliers et exceptionnels. Des individus hors normes, qui ont réalisé un rêve...
Alors, souvent, on bascule dans le merveilleux ou dans l'incrédulité.

Mais la réalité est tellement extra-ordinaire qu'on se croit tenu d'en rajouter encore alors que l'Histoire se suffit à elle-même.
Regardez Louis Zamperini, Eddy Chapman, Ian Fleming, Latude, Schulmeister, Jobs, Niven, et j'en passe et des meilleures.

La "vraie vie" produit des histoires tellement extra-ordinaires, que, lorsqu'on les voit en film, on se demande si le scénariste ne cherche pas à se moquer de nous...

Bon, vous pouvez écrire pour commenter, vous indigner ou quoi que ce soit d'autre, pourvu que vous participiez...