jeudi 16 avril 2015

Ne soyez pas manipulables : Les biais de confirmation

Que l'on prenne l'Atlantide, ou le Saint Suaire de Turin, depuis des dizaines d'années, les participants aux débats se classent en "pros" ou en "antis".

Chacun campe sur ses positions et développe des trésors d'ingéniosité pour faire accepter sa version par le clan opposé.
Cherchez sur Internet : vous avez les défenseurs et les prosélytes du sirop d'agave et de ses effets bénéfiques sur la santé.

Imaginez alors ce que les querelles peuvent donner sur des sujets beaucoup plus sensibles tels que le Saint Suaire (nous en reparlerons dans un futur billet), avec toutes les implications que cela comporte...

Si vous voulez rire de ces prises de positions tranchées, allez voir sur le site "le Gorafi" l'histoire de la demi-crêpe et la tempête médiatique indignée que cette "blague" a soulevée.
Pour rire, car le Gorafi est un site parodique, très pince sans rire, et ils ont publié un texte intitulé "Obésité, la commission européenne souhaite diviser par 2 le diamètre des crêpes bretonnes". 

Google est votre ami.
Lisez l'article pour le fun, puis allez lire les commentaires. Beaucoup ont compris que le texte était parodique, mais certains sont malheureusement très sérieux. Et on ne parle que de crêpes, si j'ose dire et j'espère que mes amis Bretons (et Normands, je ne veux me mettre personne à dos) me le pardonneront... lol

De fait, les Humains ont tendance à prendre fait et cause pour certains sujets qui leur tiennent à cœur, et par là même ils perdent leur objectivité. Déjà que nous ne sommes pas très objectifs en règle générale...
Mais d'où nous vient cette tendance à ne pas être si objectifs que cela, tout en se réclamant en même temps, très rationnels ?

Les biais de confirmation


C'est tout simple. Lorsque vous croyez fermement en quelque chose, vous "truquez" involontairement le résultat des expériences afin de prouver que vous avez raison...
On voit la réalité à travers le prisme de sa croyance. Ce n'est pas forcément un prisme déformant. C'est un filtre qui "corrige" l'objectivité afin de "voir" rationnellement ce que nos croyances nous suggèrent.
Nous en reparlerons en détail avec l'affaire du suaire de Turin, dit le "Saint Suaire".

Mais le fait est que l'on ne voit que ce que l'on veut bien voir. Un commercial vous dira toujours : "Si vous croyez avoir fait un bon achat, alors, vous avez fait un bon achat. Si vous croyez avoir fait un mauvais achat, alors, vous avez fait un mauvais achat".
Votre perception de la réalité est biaisée. 
Intéressez vous aux casquettes ou aux femmes enceintes, et vous ne verrez plus que cela dans les rues de votre ville.

Les sondeurs aussi connaissent bien ce type de "déviance" lorsqu'ils réalisent des sondages.
Un exemple typique de questionnaire prenant pour cadre l'entrée en guerre des USA lors du second conflit mondial voyait ses résultats varier de façon très importante et donc décisive, selon l'ordre dans lequel étaient posées les questions. Google est toujours votre ami...
On peut donc "orienter" le résultat d'un sondage, tout en donnant l'impression que tout se déroule dans la plus parfaite objectivité. Que l'on va d'ailleurs "mesurer" par le résultat du sondage qui va livrer un résultat biaisé mais apparemment objectif puisque l'on peut donner tous les chiffres factuels de la réalisation du dit sondage : nombre de participants, représentativité de l'échantillon, etc...

Vous pouvez donc donner des résultats bruts, parfaitement valides, les personnes ayant été interrogées selon les "règles de l'art", mais le résultat n'est pas objectif, et bel et bien biaisé pour correspondre à l'attente du commanditaire du sondage.
Toute la difficulté d'éliminer les biais de confirmation repose dans ce phénomène.
Le but du cerveau humain est de réduire le phénomène de dissonance cognitive. Nous y reviendrons dans un prochain billet.

Les conditions de l'expérimentation sont aussi importantes que l'expérience elle-même, ce qui est l'objet d'un champ universitaire précis : la zététique (oui, le nom est bizarre).
Le postulat repose sur le fait que les conditions dans lesquelles se déroulent l'expérience est aussi important que les résultats de l'expérience elle même afin de vérifier qu'aucun biais n'a été introduit dans l'expérimentation pour favoriser tel ou tel résultat, en adéquation avec les croyances personnelles du chercheur.

Prenons un autre exemple désormais connu avec J.B Rhine et le résultat de ses expériences sur la parapsychologie.
Joseph Banks Rhine est un scientifique convaincu de l'existence de la parapsychologie c'est à dire, le paranormal (c'est lui qui a inventé le terme de Perceptions Extra Sensorielles (PES)).

De par sa formation scientifique, il utilise des méthodes d'analyses statistiques pour démontrer "l'existence" de ces fameux phénomènes para-normaux.
Le seul ennui, c'est que ses résultats à lui qui est partisan convaincu de l'existence du paranormal semble indiquer qu'il existe "quelque chose", alors que la même expérience menée par des sceptiques montre qu'en réalité, il n'y a absolument rien.
Pour arriver à "justifier" ses résultats positifs, démontrant la réalité des phénomènes "paranormaux" il a concocté la théorie de "l'effet observateur" : une expérience menée sous l’œil attentif d'un sceptique fait bien entendu échouer l'expérience. Ben tiens...

Le principe scientifique est basé sur le déterminisme : dans des conditions identiques, les mêmes causes, produisent toujours les mêmes effets.... C'est un pré-requis indispensable : l'expérience doit être reproductible pour être valide.

Comme je l'avais déjà cité pour Uri Geller (voir l'article sur la psychokinese ici....), des magiciens de haut niveau comme Gérard Majax (qui est un des membres de l'association de zététique du Professeur Henri Broch) peuvent reproduire les mêmes tours, mais en annonçant qu'il y a un trucage.

Donc on n'observe QUE ce qu'on veut bien observer.

L'utilisation des biais


Le fait est que les biais de confirmation peuvent être utilisés pour justifier à peu près n'importe quoi.
On analyse des faits (par essence objectifs) à travers le biais de nos croyances qui sont des opinions personnelles.

Déjà dans la "Divine Comédie" de Dante Alighieri, Saint Thomas d'Aquin, au Paradis, dit à Dante : "il arrive souvent que l’opinion hâtive ploie d’un côté faux, et ensuite l’affection lie l’entendement", ce qui veut tout dire et cette maxime date de 1321.
Les biais sont donc connus depuis longtemps, et je suis persuadé que si l'on fait des recherches plus loin dans le temps, nous trouverons des évocations de ces biais.

Mais de fait, toutes nos analyses sont déformées par nos croyances. Ainsi JB Rhine qui était un scientifique correspondit longtemps avec Carl Jung, médecin Suisse, le père de l'"inconscient collectif" et lui aussi captivé par le "paranormal".
Nous reparlerons dans un prochain billet de la fameuse synchronicité.

Quoi qu'il en soit, Jung s’intéresse au phénomène des OVNIs et dans un livre de 1958 (Un mythe moderne) et il y mentionne l'importance vitale qu'il y a à analyser autant le témoin que les faits rapportés.

Pour Jung, les OVNIs sont un phénomène à étudier du point de vue psychologique (les OVNIs pullulent pendant la guerre froide, notamment) et donne un véritable sens à notre crédo cité dans l'en-tête : les neurosciences peuvent nous aider à y voir plus clair dans l'étude de l'inexpliqué.
La symbolique des phénomènes inexpliqués a une origine psychologique commune qui repose dans le fameux "inconscient collectif".
Lisez régulièrement ce blog, et nous verrons d'autres aspects des neurosciences et d'autres explications sur des phénomènes dits "inexpliqués".

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