Pour rester dans le droit fil de mon propos, je voudrais commencer cette série d'articles par un film qui illustre parfaitement mon propos.
Il s'agit du film N&B "La maison du diable" de Robert Wise (1963). Attention SPOILER : je dévoile la fin du film...
Un professeur de faculté réunit un groupe de personnes "choisies" dans une maison que l'on prétend hantée. Une des personnes du groupe prétend que la maison s’intéresse à elle, et qu'elle ne la laissera pas partir, prédiction qui se révélera exacte.
Le film en lui même est un chef d’œuvre de composition et de cadrage. Au delà, les personnages sont les plus intéressants, car ils nous montrent que ce sont nos interprétations qui donnent leur sens aux choses que nous percevons.
Le groupe est composée de personnes ayant chacune des personnalités très différentes, mais relativement affirmées. La seule qui ait une personnalité perturbée est Eleanor..
Dès son entrée dans le manoir, il y a une scène avec un miroir et le reflet d'Eleanor .... qui donne le ton.
Un miroir reflète la réalité, il n'y change rien, mais ce qu'Eleanor voit dans le miroir est une projection de ses troubles personnels.
Eleanor n'a plus rien. Ni amour, ni famille, ni travail. Elle induit donc une charge émotionnelle immense sur l'expérience menée par le professeur, car pour elle, c'est le seul moyen d'exister. Lorsque le professeur parle d'arrêter l'expérience, elle refuse, mais à ce moment là, c'est la maison qui lui parle.
Certes, des sons sont émis par les courants d'air de la maison,et tout un tas de choses se passent, mais seules les interprétations données par les témoins de ces choses comptent réellement. Un courant d'air froid est un courant d'air froid... mais on peut penser que la manifestation d'ectoplasmes génère du froid....
Un dernier personnage est à évoquer : un vieil escalier rouillé et branlant. Eleanor le charge d'une vie propre puisqu'elle lui attribue une conscience qui fait que l'escalier aurait pour objectif de la tuer afin qu'elle ne quitte jamais la maison. Elle essaie d'échanger ses réflexions avec une autre jeune femme, beaucoup plus rationnelle (à cause sans doute de sa maturité psychologique) notamment dans une scène qui met en évidence l’ambiguïté de leurs rapports teintés d'ambivalence homosexuelle et de sado-masochisme.
Au final, nous aurons des explications rationnelles pour tout, y compris l'apparition du visage de la femme du professeur (qui remettra ses convictions en question) dans une trappe, et Eleanor qui refusera cette réalité au profit de la sienne, plus conforme à ses attentes et à son besoin d'être aimée, fut-ce par des revenants ou une maison chargée d’histoire, ce qui la conduira inéluctablement à sa propre mort.
Le dernier plan est assez suggestif, qui fait un travelling arrière partant de la voiture et révélant peu à peu la maison en arrière plan et l'on peut voir cette maison composer un visage.
Illusion d'optique ? réalité ? projection de nos peurs et de nos fantasmes ?
Je penche bien entendu pour la troisième solution. L'esprit de l'homme est ainsi fait qu'il recherche des schémas connus dans tout ce qui l'entoure. Il projette donc sur son environnement ses peurs et-ou ses fantasmes et bien entendu, y voit une preuve de leur véracité...
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Si vous voulez aller plus loin et voir le film....
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