vendredi 25 octobre 2013

L'hypnose fantasme ou réalité ?

Vaste débat que suscite l'hypnose...

Certains parlent de "charlatanerie", d'autres ne jurent que par ça pour résoudre tous les maux...

Il est une chose qu'il faut constater, c'est que l'hypnose est une réalité. Pour faire court... Ca marche...
On le voit dans les spectacles de music-hall, sur scène...mais aussi dans les blocs opératoires.
Freud dans les débuts de la psychanalyse utilisait l'hypnose avant de se rendre compte de ses limites dans le cadre d'une thérapie...

Alors comment cela fonctionne t il ?
C'est là que le bât blesse. Personne ne sait comment ce mécanisme fonctionne.

On sait induire la transe hypnotique, on connaît des règles déontologiques de l'hypnose, on sait dans quelles circonstances le sujet hypnotisé résiste et n'accomplit pas l'ordre donné sous hypnose (la fameuse suggestion post hypnotique), mais personne ne sait comment "ça marche".

De facto, ce n'est pas une science. Une science a besoin de bases explicables pour se développer. Dans le cas de l'hypnose, on ne connaît que peu de choses. Alors faisons un petit tour d'horizon sur l'hypnose.

Initialement, au siècle des lumières, les salons se délectaient des expériences de "mesmerisation", qui étaient plus des mises en évidence de phénomènes dûs à l'électricité statique qu'autre chose. Ce nom vient d'un allemand, le "docteur" Mesmer qui "inventa" le "magnétisme animal".
Cette théorie fumeuse était une tentative d'explication de phénomènes physiques par des élucubrations diverses et variées. Mais au cours des expériences de mesmerisation, empiriquement, on découvrit certaines choses attribuées à un "fluide" (d'où le terme) pour définir la relation qui pouvait s'établir entre un pratiquant (l'hypnotiseur) et un sujet (l'hypnotise).

Remarquez que si vous vous faites un jour de l'électricité, pour vous expliquer de façon imaginée ce qu'est le courant électrique, vos enseignants utiliseront "l'analogie hydraulique" en comparant l'électricité à une rivière. Comme le Mesmerisme prend son origine dans des phénomènes électriques, il est logique que l'on retrouve cette notion de "fluide".

Bref, ces expériences se développent et on voit apparaître la notion d'hypnotisme. Lisez Cagliostro d'Alexandre Dumas et vous verrez que le regard de l'"hypnotiseur" est décrit, ainsi que dans Kipling lors du combat du naja noir contre la gentille mangouste qui protège le fils de la maison. Le naja tente d'hypnotiser le petit animal sans succès, bien sur...
Et si vous voulez compléter votre bibliothèque, lisez Kim, toujours de Kipling, qui explique que les hypnotiseurs cassent une cruche et font croire au sujet qu'elle se reconstitue toute seule pour s'assurer qu'ils sont sous l'emprise de l'hypnose... ce qui permettra à Kim de résister à l'hypnose du méchant du livre...

J'arrête là pour les références, et je reviens à mon sujet...

L'hypnose prend de l'essor, tout le monde hypnotise tout le monde et notamment les bourgeois qui se livrent sur leur personnel à tout un tas d'expériences (pas de ça ici, hein... c'est pas de la gaudriole, c'est du sérieux, petits galopins) d'hypnose et de suggestions post-hypnotiques.
Bien entendu, on peut mettre en doute toutes ces expériences, le petit personnel ayant tout intérêt à simuler la suggestion post hypnotique pour contenter ses patrons...

Et c'est ainsi qu'un certain Jean-Martin Charcot entre en scène... Son nom doit vous dire quelque chose...  C'est le fondateur de la neurologie...

Il se spécialise dans l'étude et le traitement de l'hystérie (à cette époque, on amalgame dans cette catégorie à peu près tout et n'importe quoi : les homosexuels appelés "invertis", les malades mentaux, les phobiques, les traumatisés divers, les vrais hystériques, etc....).
Et pour les soigner, il s'oriente vers l'hypnose et donnera naissance à la fameuse école d'hypnose de la Piété Salpétrière.
Un de ses élèves sera.... Sigmung Freud... Le monde est petit...

Donc l'école de la Piété Salpétrière est créée et commence à étudier l'hypnose. Ele pose des postulats et liste des règles précises. Très rapidement une autre école voit le jour, sur le sujet de l'hypnotisme : l'école de Nancy.

Ces deux écoles s'affronteront pendant des années : l'école de Paris (la Piété Salpétrière) et l'école de Nancy. Puis suite aux conclusions de Sigmund Freud, et le peu de résultats thérapeutiques, elles se désintéresseront de l'hypnose.

Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement parce que Freud constate que le sujet hypnotisé ne répond pas systématiquement la vérité : il cherche à faire plaisir à l'hypnotiseur et change donc sa réponse, pour "satisfaire" la requête de l'hypnotiseur et surtout pour "cacher" quelque chose...
Freud arrêtera donc l'hypnose, mais utilisera un divan pour "relaxer" le patient et se placera derrière lui pour ne pas l'influencer... il posera les fondements de la psychanalyse. Nous y reviendrons sans doute un jour, dans un billet.

De ce fait, l'hypnose tombe en désuétude dans le monde scientifique et connaît un essor fantastique dans le domaine.... du show business....

D'ailleurs, et je parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, la fameuse Bande Dessinée "Mandrake le Magicien" met en vedette un hypnotiseur.
Mandrake fait régulièrement une "passe hypnotique" (il remue le bras ou la main) et le méchant est victime d'une mésaventure qui l'incapacite : il se retrouve attaché, vole dans les airs, est attaqué par des hordes de chats, bref en mauvaise posture et doit laisser filer Mandrake et sa jolie brune...

Pour les puristes, relisez Mandrake, lorsqu'il s'échappe en voiture et revisionnez la scène de "La guerre des étoiles", à Tatooine, quand le vieux Jedi Obi Wan Kenobi lève sa main et dit "Ce ne sont pas de Droides que vous recherchez"... C'est surprenant, non ??? Le monde est petit...

Cette petit digression étant finie, je reviens à l'hypnose...

On définit l'hypnose comme étant un état de relaxation extrême, mais pas un sommeil. Certains individus (les "hystériques") étant plus faciles à hypnotiser que d'autres.
Ensuite, les deux écoles (Paris et Nancy) divergent sur de nombreux points, mais ne remettent pas en cause la réalité de l'hypnose.
Leurs divergences portent surtout sur la suggestion post-hypnotique.

Je ne suis pas assez compétent pour entrer dans cette polémique (sur le plan technique), mais il est un fait, c'est que quelle que soit la suggestion post hypnotique qui soit implantée, l'individu ne peut la réaliser QUE s'il la réaliserait à l'état conscient. C'est à dire qu'il est impossible par exemple de suggérer à un individu de tuer son semblable, s'il ne pourrait pas le faire à l'état conscient. De même il ne peut pas se suicider...

Par exemple, on hypnotise une femme (une servante) et sous hypnose, on lui donne une fiole marquée poison et avec une tête de mort et on lui demande la boire. Tout le monde sait que la fiole contient de l'eau sucrée (ou salée). Elle la boit sans hésiter. Ensuite on lui donne un pistolet, et toute l'assistance sait qu'il est réellement chargé de balles réelles (en réalité, c'est le percuteur qui a été enlevé). Elle obéît aux ordres qui lui sont donnés et pose le canon sur sa tempe, mais refuse obstinément d'appuyer sur la détente.
Donc le sujet n'est pas privé de son sens critique et ne "dort" pas. Elle a perçu dans le premier cas que l'opération de boire était sans danger. Par contre, seul un spécialiste aurait pu penser (et voir) que le percuteur manquait sur un pistolet... Donc l'opération était dangereuse pour elle, et donc elle s'est mise en sécurité et a désobéi...

En fait l'hypnose désinhibe complètement le sujet. Seules sa morale et son sens des valeurs reste.

Autre exemple, on implante un faux souvenir chez la fameuse jeune femme. On lui demande de se souvenir d'un vol qui aurait été commis par un valet de pied. On la réveille et on lui demande s'il y a eu un vol. Elle répond oui et désigne le coupable "désigné d'office" qu'on lui a suggéré.
Ensuite on la ré-hypnotise et on lui demande d'oublier l'incident.
On la réveille et on lui repose la question. Elle dit n'être au courant de rien, et même sous la menace n'a plus aucun souvenir.
Un des invités a alors une idée : il demande que la jeune femme soit encore hypnotisée et lui implante comme suggestion post hypnotique de chanter "La Marseillaise" sitôt qu'elle passera devant l'auteur (fictif) du larcin (tout aussi fictif). On la réveille. Elle passe, à la demande de son employeur, devant tout le monde.... et soudain, devant le fameux valet de pied, elle entame à pleins poumons la Marseillaise, sans pouvoir expliquer, à l'état de veille, pourquoi avoir fait une chose pareille.

Heureusement, et c'était une des objections des adversaires de la méthode hypnotique thérapeutique, les suggestions post hypnotiques disparaissent avec le temps.

Pour mémoire, l'expérience ci dessus à un fin, assez malheureuse, il est vrai. Le valet de pied, désigné coupable a été hypnotisé à son tour, et on lui a demandé de voler la bouse d'un des invités. Il a accompli ce méfait sans la moindre réticence est avec une dextérité qui suggérait qu'il disposait d'une certaine expérience dans ce domaine, d'où son renvoi immédiat : on ne fait sous hypnose que ce que l'on pourrait faire à l'état de veille...

Le passage à l'état hypnotique se fait par "induction".
L'induction peut être brève et directive "Dormez, je le veux" du music-hall ou se pratiquer de façon douce et tranquille, dans une atmosphère feutrée... en murmurant à l'oreille des...sujets.
Ensuite, le sujet est en état de réceptivité exacerbée. C'est dans cette phase que l'on fait les expériences et les suggestions post hypnotiques, et ensuite, dernière phase, on réveille le sujet.

Pour répondre aux détracteurs de l'hypnose, selon lesquels "ça ne peut pas marcher", des expériences sont conduites en Belgique et en Allemagne, dans le milieu médical par des médecins en milieu hospitalier. Les résultats sont très bons, notamment pour les accouchements et pour les anesthésies d'hôpital de jour (petites interventions). Pour enfoncer encore le clou, le Reine Fabiola a subi une intervention légère, sans anesthésie, mais sous hypnose pour ne pas ressentir de douleur.

Enfin, en Allemagne on scanne les cerveaux des personnes en transe.
On suggère à la personne qui est dans le scanner qu'elle a chaud. On constate un hyper activité dans les centres de traitement de l'information du cerveau et dans la zone qui régule la température du corps. Puis le corps se met à transpirer, et à donner tous les signes habituels lorsque l'individu a très très chaud....alors que la température de la salle est régulée aux 18° C réglementaires...
Donc la suggestion agit directement sur les perceptions du cerveau...

Donc, voilà pour l'hypnose. Une pièce à verser au domaine du mystérieux, de l'inexpliqué, mais du rationnel...
Réagissez...


Si vous voulez en savoir plus :










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